23 Avr

Les enjeux du colloque scientifique pour la Loue et les rivières comtoises

Ouverture du colloque scientifique sur l'état des rivières comtoises

Ouverture du colloque scientifique sur l’état des rivières comtoises

Pourquoi passer deux jours à écouter, noter, partager, expliquer, présenter des études scientifiques sur l’état de la Loue et des rivières comtoises ? Depuis les mortalités de poissons de 2010 dans la Loue puis dans d’autres rivières de Franche-Comté les années suivantes, les causes de ce mauvais état des rivières commencent à être connues; alors pourquoi continuer de chercher et attendre des résultats d’études avant d’agir ? Il y a des raisons et elles valent la peine d’être entendues.

« Nous demandons aux scientifiques de nous donner les éléments nécessaires pour agir. A partir de ces deux jours de colloque, j’aimerais que vous nous suggériez des pistes, des moyens d’actions à court et moyen terme. »

La toute nouvelle présidente du conseil départemental du Doubs n’est pas aller par quatre chemins. Christine Bouquin a d’emblée rassuré les défenseurs des rivières en emboitant le pas de Claude Jeannerot son prédécesseur. L’idée de ce colloque a germé lors de la 2eme conférence départementale de la Loue et des rivières comtoises. Etat et département avaient souhaité s’appuyer sur des travaux scientifiques précis et argumentés pour prendre leurs décisions.

« Le département du Doubs sera aujourd’hui et demain un acteur majeur de la reconquête de la qualité des eaux en surface et dans les sous-sols »

poursuit l’élue originaire du Haut-Doubs horloger. Le préfet du Doubs Stéphane Fratacci a lui aussi insisté sur la nécessité de s’appuyer sur les recherches des scientifiques pour agir « nous avons besoin de ce que vous allez nous proposer« . Le préfet a bien conscience de l’importance de prendre appui sur des faits irréfutables

« pour faire passer des mesures difficile à accepter ou à comprendre ».

En clair, il n’y aurait pas de droit à l’erreur.Le préfet du Doubs précise que des « mesures sans regrets » sont déjà engagées. Des actions qui, de toute façon, sont utiles comme l’amélioration des conditions de stockage des effluents d’élevage ou la construction de stations d’épuration. Mais pour les actions, celles que les défenseurs des rivières attendent, il faudra encore patienter… L’équipe du laboratoire Chrono Environnement estime pouvoir rendre ses conclusions sur le fonctionnement du bassin versant (mesures de l’impact des nutriments en excédent sur la qualité des eaux) seulement dans deux ans.

« Si on va trop vite, en prenant des décisions aujourd’hui au lieu d’attendre encore 6 mois, on risque de mettre l’accent sur un des responsables plutôt qu’un autre »

justifie Éric Vindimian. Il est un des experts du ministère de l’environnement et du développement durable et il a été chargé d’une mission d’appui auprès du préfet du Doubs. Voilà son calendrier, plus serré que celui des universitaires : lors de la prochaine conférence de la Loue qui devrait avoir lieu avant l’été, Eric Vindimian va livrer son avis sur le diagnostic c’est à dire qu’il établira l’ordre et la proportion des causes majeures des pollutions. Fin 2105, une « stratégie raisonnable » sera proposée au préfet du Doubs. 

Une stratégie où tout le monde aura sa part de responsabilité. Le député du Doubs Eric Alauzet, après avoir écouté l’intervention de l’universitaire Pierre-Marie Badot sur la présence importante des micropolluants dans les cours d’eau, a insisté pour que

« le discours politique mobilise tout le monde et pas seulement les agriculteurs. Cela déresponsabilise les autres ».

Voilà, le calendrier est fixé et les objectifs sont clairs. Quand les conclusions des scientifiques seront définitivement livrées, il n’y aura plus d’excuses possibles pour différer les mesures attendues par les défenseurs des rivières.

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr

LE COLLOQUE SCIENTIFIQUE EST RETRANSMIS SUR LE SITE INTERNET DU LABORATOIRE CHRONO ENVIRONNEMENT DE L’UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ. 
D’autres articles seront publiés demain et la semaine prochaine pour vous présenter les travaux des scientifiques.