Comme dans les bons scénarios tout a commencé par un problème à résoudre… Devant une salle comble (mais petite), Claude Jeannerot, le président du conseil général a renouvelé son constat : Malgré tout ce qui est entrepris depuis deux ans, les améliorations de la qualité des eaux des rivières comtoises tardent à se voir. Et c’est un problème. Avec une question sous-jacente : les actions prises sont elles les bonnes ou est-ce juste une question de temps ? Patience ou remise en cause ?
Difficile de résumer quatre heures d’interventions et de débat. Une heure de plus que le temps initialement prévu. Depuis les Assises de la Loue, les intervenants ont appris à se connaître, à se respecter et à s’écouter. Même si quelques coups de griffe sont encore lancés, la parole est plutôt constructive. Voici le reportage que nous avons réalisé avec Denis Colle, Sébastian Linozzi et Pascal Gomez.
Vous trouverez également à la fin de cet article, le document intégral des réflexions et propositions du Groupe scientifique de la Conférence Départementale et l’arrêté modifiant le règlement sanitaire dans le Doubs signé par le préfet Stéphane Fratacci. Désormais, les normes pour les effluents agricoles vont s’appliquer à toute les exploitations quelque soit leur taille et en 2014, les contrôles seront renforcés dans les bassins versants.
Impossible d’aborder toutes les questions traitées lors de cette deuxième conférence. J’y reviendrais progressivement sur le blog en particulier à propos du projet de pôle karstique avec le soutien du conseil régional de Franche-Comté, la mise en place d’un contrat de territoire et les actions de la chambre d’agriculture du Doubs et du Territoire de Belfort. La présentation du suivi des mortalités de poissons du Dessoubre ( 92% des 35 km de la rivière touchés par la mortalité des ombres et des truites/460 poissons morts , 80 malades et 250 sains) fera aussi l’objet d’un autre article très prochainement.
Alors finalement que retenir de cette matinée intense ? Le temps fait son oeuvre ! Souvenez-vous. Au tout début de la crise de la Loue, les services de l’Etat rappelait que selon les critères « officielles », la Loue était une rivière en bon état écologique.. Aujourd’hui, c’est établi et incontesté : nos rivières sont malades et les raisons sont plurifactorielles. Plus question de faire du monde agricole le seul responsable des maux du milieu aquatique. Et pourtant, comme le faisait remarquer judicieusement le député du Doubs Eric Alauzet (EELV), les agriculteurs étaient les seuls à participer au débat, quitte à s’entendre dire une fois de plus que leurs pratiques ne sont pas toujours parfaites. Un engagement pour améliorer la qualité des eaux que les industriels, les artisans, les petites municipalités, les associations de consommateurs n’ont pas pris. Daniel Prieur, le président de la chambre d’agriculture a précisé qu’une charte individuelle était en projet, une forme d’engagement personnel en faveur des milieux aquatiques.
Et si tous les habitants des bassins versants karstiques étaient concernés par cette charte ? Un projet qui pourrait être porté par un « pôle kart« . Notre région deviendrait ainsi une « référence nationale et environnementale sur cette question du particularisme karstique »; une proposition émise à la fois par le collectif SOS Loue et rivières comtoises et le conseil régional de Franche-Comté. Le collectif vient d’ailleurs de lancer une pétition sur internet pour demander au ministre de l’Ecologie d‘adapter les normes à la fragilité spécifique des rivières karstiques.
Autre piste de réflexion abordée ce matin, l’inversement des priorités. Et si, pour prendre des décisions, les responsables partaient d’abord de ce que les milieux aquatique étaient capables d’absorber ? Autrement dit, l’économie s’adapterait aux critères environnementaux… Le monde agricole ne produirait que ce qu’il pourrait épandre sans risque pour l’environnement, le jardinier et le bricoleur penseraient d’abord à la conséquences de leurs achats de produits phyto- sanitaires avant de voir leur efficacité. Les scieries, les industriels, tout le monde penseraient à l’envers d’aujourd’hui. Un « endroit » encore utopique….
Isabelle Brunnarius
Isabelle.brunnarius@francetv.fr
1.Conf Dep 2014-JFH by France 3 Franche-Comté
Arrete 2014101-0024 Modifiant Le RSD-1 by France 3 Franche-Comté