07 Déc

Le choc du premier tour

En 2010, le Front National avait rassemblé un peu plus de 114 000 voix en Bourgogne franche-Comté , en 2015 il a presque triplé son score avec 303 000 électeurs. On parle beaucoup de l’effet des attentats, mais en réalité ce score , on pouvait déjà le lire aux départementales ou le Front National avait rassemblé plus de 288 000 voix :c’est juste le mode de scrutin qui l’avait alors empêché de concrétiser ce score en sièges !

Le parti de Marine Le Pen est maintenant ancré , les programmes n’ont quasiment aucune importance pour ses électeurs qui expriment d’abord massivement le désaveu de la classe politique et plus largement des corps intermédiaire que décrivent toutes les enquêtes de société ….L’Est , et donc notre nouvelle région, est traditionnellement une zone de fort ancrage du Front National, et ce dès la fin des années 80, rappelons que le 21 avril 2002, Jean Marie le Pen était en tête dans  5 département sur 8.

L’autre point , c’est une vraie inversion de dynamique entre droite et gauche.Au printemps, la Bourgogne Franche-Comté était imperdable pour la droite , c’est bien pour ça qu’il y a eu un affrontement sanglant  entre François Sauvadet et Alain Joyandet, entre l’UDI et les républicains pour mener la liste, et qu’à gauche on ne se battait pas pour y aller. Sur ce point, incontestablement, les attentats ont rebattu les cartes, François Sauvadet, longtemps en tête des intentions de vote  est resté bloqué avec une campagne qui surfait sur le mécontentement général et la mauvaise image de l’exécutif qui du coup a perdu son élan dans la dernière ligne droite .

 

Et après ?

Les trois candidats espèrent bien récupérer une partie des abstentionnistes, qui représentent la moitié du corps électoral. Mais la difficulté c’est que ne pas voter c’est aujourd’hui aussi un refus du système et de la classe politique .On peut penser tout de même que la poussée du Front National est de nature à mobiliser certains électeurs de gauche et à atténuer leur rejet du gouvernement ,une gauche qui pour l’instant est la seule à avoir reçu des soutiens officiels du front de gauche et d’europe écologie , éliminés du scrutin, mais la droite espère bien sûr récupérer  les 50 000 voix de Maxime Thiébaut comme le montrent un certain nombre de communiqués comme celui d’Alain Suguenot.

Mais au final ce deuxième tour sera probablement plus une affaire de dynamique que d’arithmétique, et hier soir, dans la coulisses, c’est nettement la droite qui accusait le coup , la gauche qui faisait ses comptes en y croyant, et le Front National qui se voyait vainqueur .

Jamais depuis la décentralisation et le nouveau mode de scrutin de 2004 une situation n’avait été aussi serrée….