Bon, d’accord, envisager une défaite électorale pour la gauche n’est pas une façon très originale de commencer l’année ! Le contexte national d’un électorat de gauche mécontent et/ou absent et d’un monde rural plus que grognon ne trace pas d’autre perspective.
Mais les deux départements bourguignons socialistes, la Nièvre et la Saône-et-Loire seront quoi qu’il arrive des lieux symboliques !
Il n’est plus là, mais il est toujours là ! L’ombre portée d’Arnaud Montebourg planera forcément sur l’élection départementale en Saône-et-Loire …C’est son action, ses réseaux patiemment tissés et sa guérilla sans pitié engagée sur tous les terrains qui avaient fait tomber l’UMP René Beaumont. Christophe Sirugue avait alors pris la présidence, mais c’est bien en Bresse que les dominos de la droite étaient tombés en série, avant qu’Arnaud Montebourg n’exerce lui-même le pouvoir qu’il avait contribué à faire basculer à gauche…
Mais cette présidence -et plus largement le parcours national d’A.Montebourg- ont laissé des traces profondes dans les rangs socialistes du département : la Saône-et-Loire est très marquée par une lutte entre pro et anti Montebourg, une lutte entrevue aux législatives, et très visible lors des dernières sénatoriales. Une lutte qui pourrait s’ajouter au contexte national en mars prochain.
L’ombre de « tonton »
Et puis il y a la Nièvre, où plane une ombre encore plus imposante, celle de François Mitterrand ! Le département avait déjà été dans l’œil du cyclone en 94, un an après la débâcle législative de 93. La droite qui détenait la plus grande partie des départements en avait fait un symbole en le classant alors dans les « gagnables », avant de se casser les dents sur la forteresse morvandelle !
Mais l’ombre mitterrandienne, justement, s’efface. Et surtout, les fortifications municipales ont commencé à s’effondrer, avec la chute de Nevers et de ses fortins de banlieue, socialistes et communistes…
La Nièvre s’est longtemps caractérisée par une gauche de « banlieues rouges » et par un « socialisme rural » teinté de radicalisme, structuré à l’époque mitterrandienne …Le département est encore électoralement très marqué à gauche, mais les fondements de ce pouvoir sont en train d’évoluer, et de s’affaiblir.
Les dernières élections municipales à Nevers ont constitué un cas de figure surprenant, avec une alliance entre droite et ex-PS, mais elles ont surtout mis en évidence la fin de la toute-puissance socialiste sur la ville. Et ce coup de tonnerre électoral a fortement inquiété au Conseil Général. Parce que Nevers est une des clés qui peut faire sauter le verrou départemental, et parce que le nouveau maire de Nevers Denis Thuriot a décidé de décliner ce positionnement gagnant au niveau départemental, pour ces élections.
Certains élus de la majorité ne cachaient pas ces dernières semaines leur inquiétude, mais ils peuvent dans ce contexte morose trouver au moins une raison de se rassurer : les difficultés de la droite dans le département où elle a le plus grand mal à se structurer…