L’Alsace a confirmé dimanche soir son ancrage à droite, confirmant ses positions dans les principales villes à l’exception de l’îlot rose autour de la capitale régionale Strasbourg, qui est toutefois fortement assiégé.
L’UMP Fabienne Keller est arrivée en tête avec 32,93% des suffrages exprimés, devant le sortant PS Roland Ries (31,24%), avec un FN en mesure de se maintenir
au second tour (10,94% des voix). Pour autant, Mme Keller, aux manettes de la ville entre 2001 et 2008, n’aura peut-être pas sa revanche en raison de cette triangulaire avec le candidat FN Jean-Luc Schaffhauser. Roland Ries estimait une victoire « jouable » en comptant sur un important réservoir de voix à gauche et son alliance avec les Verts. « On voit mal Fabienne Keller séduire les électeurs du Front national, elle qui avait voté en faveur du mariage pour tous », analyse le politologue strasbourgeois Richard Kleinschmager.
Se disant victime d’une forte abstention (50,32%), « grand vainqueur de ce premier tour des élections municipales », Roland Ries y voit un « message politique destiné au gouvernement, au président de la République dans un contexte difficile ». Au sud de Strasbourg, le socialiste Jacques Bigot a été réélu dès le premier tour pour un quatrième mandat avec 59,05% des voix. Mais un autre bastion PS de la périphérie strasbourgeoise est menacé: la liste du maire sortant de Schiltigheim, le PS Raphaël Nisand, n’a rassemblé cette fois que 25,82% des suffrages au premier tour (contre 32,43% en 2008), talonnée à droite par celles de Jean-Marie Kutner (UDI, 24,98%) et de Christian Ball (UMP, 20,19%).
Sans surprise, l’UMP conserve Haguenau, où le député-maire Claude Sturni a été réélu avec 54% des voix. Dans le Haut-Rhin, l’UMP a conservé la ville de Colmar, où le maire sortant Gilbert Meyer, 72 ans, a été réélu dès le premier tour lui aussi pour un quatrième mandat avec 51,32% des voix, malgré quatre autres listes concurrentes. Très ému, Gilbert Meyer s’est félicité devant les caméras de France 3 Alsace d’avoir été réélu au terme « de la meilleure élection de tous les temps à Colmar ». A Mulhouse, le maire sortant UMP Jean Rottner se trouvait en ballottage favorable avec 42,17% des voix. Il fera face dans une triangulaire à un PS en léger recul par rapport à 2008 et un FN en forte poussée (près de 22%).
Jean Rottner, un médecin urgentiste qui fut le premier adjoint de l’ancien maire Jean-Marie Bockel avant de lui succéder en 2010 en cours de mandat, semble avoir fait le plein des voix qui avaient soutenu en 2008 M. Bockel, désormais à l’UDI. Dans cette ville historiquement de gauche, mais passée à droite en 2007 à la faveur du basculement dans le camp sarkozyste de Jean-Marie Bockel, la surprise vient de l’extrême droite, la candidate FN Martine Binder atteignant 21,85% des voix (alors que 14,27% des électeurs avaient voté FN en 2008). Au second tour de 2008, le socialiste Pierre Freyburger n’avait été devancé que d’un cheveu par le tandem Bockel-Rottner. Mais il risque cette fois d’avoir du mal à rallier davantage d’électeurs, à moins d’aller puiser dans le fort réservoir d’absentionnistes (53,23%), du fait des faibles scores de l’extrême gauche (moins de 5%) et de l’absence cette année d’une liste écologiste au premier tour. (AFP)
Taux de participation au premier tour en 2014