Contre l’euroscepticisme et pour sortir l’Europe « de l’impasse », les têtes de liste d’Europe Ecologie-Les Verts ont lancé jeudi à Strasbourg un « Tour de France » en 23 étapes autour d’une tente gonflable itinérante, au lendemain des adieux de leur chef de file historique Daniel Cohn-Bendit. « Si l’Union européenne est aujourd’hui dans une impasse, c’est parce que les majorités qui la gouvernent l’y ont conduite », a dénoncé l’un des porte-paroles d’EELV, l’eurodéputé Yannick Jadot, en visant le Parti populaire européen (PPE) où siège l’UMP, « parti des lobbies », et le Parti socialiste européen (PSE) où siège le PS, « parti des occasions manquées ».
L’objectif d’EELV, qui compte aujourd’hui 16 députés au Parlement européen, est d’obtenir un groupe « au moins aussi important » après les élections du 25 mai,
précisé Yannick Jadot. « Nous visons 10+X% », a-t-il ajouté. Un pari qu’il faudra toutefois réaliser sans le chef de file charismatique, qui a fait mercredi ses adieux au Parlement européen par un vibrant plaidoyer en faveur d’une Europe fédérale.
L’ex-héros de Mai 1968, « Dany le rouge » devenu « Dany le vert », vient de passer vingt ans au Parlement européen en se présentant tantôt sur les listes des Verts
français, tantôt sur celles des Grünen allemands. A 69 ans, il a décidé de jeter l’éponge, en invoquant le combat qu’il a dû mener contre un cancer de la thyroïde, les « limites physiques » du métier, et aussi « l’envie de faire autre chose ». Pour autant, il ne se privera pas de quelques apparitions lors de la campagne, notamment à Montpellier et à Lille. Et « le 31 mai, ciao ciao, je pars pour Rio, pour des reportages sur la Coupe du monde de football », se plaît-il à répéter aux journalistes.
Pour l’Europe sans être ‘euro-béats’
L’objectif sera « de parler d’Europe et d’écologie, avec un discours pro-européen, mais pas euro-béat », a précisé jeudi Sandrine Bélier, tête de liste dans le Grand Est. Contrairement à de nombreux eurosceptiques qui « brillent par leur absentéisme » au Parlement européen ou aux trop nombreux eurodéputés qui considèrent leur place à Strasbourg comme un « lot de consolation » par rapport à un portefeuille ministériel ou à un siège de député national, « les écologistes travaillent au Parlement européen », a déclaré à ses côtés Antoine Waechter, président du Mouvement écologiste indépendant (MEI). Pour la première fois, des candidats du MEI sont présents sur les listes d’EELV dans toutes les circonscriptions, s’est réjoui M. Waechter, se félicitant de cette « campagne unitaire ».
Au cours de ces 23 étapes dans tout l’Hexagone les candidats d’EELV entendent faire connaître leur projet européen et discuter avec les citoyens et les acteurs locaux. Chaque étape permettra d’aborder une problématique différente chère aux écologistes, souligne l’eurodéputée Michèle Rivasi, fondatrice du laboratoire indépendant sur la radioactivité Criirad, et qui espère renouveler en mai un premier mandat à Strasbourg. Ce tour de France passera par Hayange (Moselle) où se trouvent les hauts fourneaux fermés par ArcelorMittal, Lyon pour aborder les « grands projets inutiles » comme la liaison ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin, en Camargue pour évoquer la biodiversité ou au Tricastin (Drôme) et à Flamanville (Manche) pour évoquer le nucléaire. Des étapes sont également prévues Grenoble, Marseille, Bordeaux ou Saint-Ouen, pour finir à Paris le 25 avril, un mois jour pour jour avant le scrutin. Des concerts, repas et conférences de presse émailleront également ce parcours. (AFP)