La Lorraine et l’Alsace subiront-elles un « mariage forcé » ? Dans ces deux régions, comme ailleurs, de nombreuses voix s’élèvent contre la réforme territoriale, mais leurs présidents respectifs, PS et UMP, veulent désamorcer les peurs pour avancer, de façon constructive, vers un rapprochement. Face aux récriminations qui se multiplient dans leurs régions depuis l’annonce de la réforme gouvernementale, l’Alsacien Philippe Richert (UMP) et le Lorrain Jean-Pierre Masseret (PS) se sont déclarés prêts vendredi à « dépasser les postures politiciennes » pour travailler au rapprochement de leurs collectivités, en soulignant la « cohérence » du projet. « Pour nous, l’Alsace-Lorraine c’est plutôt cohérent, alors on avance », a résumé M. Masseret, lors d’une conférence de presse commune avec M. Richert, organisée dans le village de Wingen-sur-Moder (Bas-Rhin), tout proche de la « frontière » entre leurs deux régions. « Je ne suis pas un enthousiaste de cette réforme (…) et je peux en critiquer maints aspects, mais l’objectivité nous amène à dire +regardons sur le fond+ », a dit M. Richert, qui a insisté sur sa volonté de « dialoguer, pour l’intérêt général ». « Réorganiser nos collectivités pour que notamment les régions soient plus fortes, c’est une priorité. (…)
« Je ne suis pas un enthousiaste de cette réforme (…) et je peux en critiquer maints aspects, mais l’objectivité nous amène à dire +regardons sur le fond+ »,
a dit M. Richert, qui a insisté sur sa volonté de « dialoguer, pour l’intérêt général ». « Réorganiser nos collectivités pour que notamment les régions soient plus fortes, c’est une priorité. (…) C’est les décennies à venir que nous préparons », a encore observé le président alsacien. Ancien ministre chargé des collectivités territoriales, M. Richert s’était fortement engagé l’an dernier en faveur d’un projet de fusion entre la région et les deux départements alsaciens, finalement rejeté par un référendum. Cependant pour le dirigeant alsacien, les régions redécoupées doivent impérativement être dotées de compétences élargies, aujourd’hui dévolues à l’Etat et aux départements. Dans le cas contraire, la réforme aurait « peu de sens, parce que deux régions fragiles ensemble, ça reste des régions fragiles ».
Les deux élus ont insisté sur le poids économique d’une Alsace-Lorraine unifiée, cherchant à apaiser les craintes de perte d’identité. « Le vin d’Alsace sera toujours là! » a souligné le président lorrain. « Et les mirabelles de Lorraine aussi! » a ajouté son homologue alsacien.
Une Lorraine « satellisée »?
Les deux présidents de région sont les seuls en France à être appelés à se rapprocher alors qu’ils ne sont pas issus de la même famille politique, ce qui n’a, selon M. Masseret, « pas d’importance ». Ils risquent cependant d’avoir fort à faire pour convaincre les ténors politiques de leurs régions respectives, montés au créneau cette semaine pour critiquer la réforme.
Seize députés et sénateurs UMP et UDI alsaciens ont ainsi fustigé un « incroyable bricolage improvisé à la dernière minute », et regretté que leur région soit « arbitrairement rattachée à la Lorraine sa voisine plus grande et plus peuplée ».
Le sénateur lorrain François Grosdidier (UMP) craint que Metz ne soit « effacée » dans le nouvel ensemble et souligne que « l’Alsace-Lorraine n’a jamais été une communauté de destin choisie par ses habitants ». Dans la même veine, la députée UMP Marie-Jo Zimmermann, qui aurait préféré un mariage à trois avec la Champagne-Ardennes, brandit la menace d’une Lorraine « satellisée par l’Alsace ».
A gauche, le président (PS) du conseil général de Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein, a exprimé ses doutes quant à la pertinence du découpage proposé, en évoquant la possibilité d’adjoindre la Franche-Comté ou la Champagne-Ardennes à la future région du grand Est.
La question du chef-lieu de la future grande région fait également grincer des dents. « Je ne peux accepter que Strasbourg, avec son statut européen, appartienne à une région dont elle ne serait pas la capitale », a prévenu le maire (PS) de la métropole alsacienne, Roland Ries. Pour l’heure, Jean-Pierre Masseret préfère éluder ce débat, considérant que « ce n’est pas la question à régler immédiatement ». Mais pour l’ancienne ministre UMP Nadine Morano, eurodéputée et conseillère régionale d’opposition en Lorraine, il n’est « pas sûr que M. Masseret acceptera que le centre de décision passe à Strasbourg ».
L’Alsace-Lorraine, « c’est un mariage forcé, et on ne sait pas ce qu’il y a dans la corbeille de la mariée », a-t-elle ironisé, convaincue qu’avec cette réforme le chef de l’Etat « a réussi à se mettre tout le monde à dos, aussi bien à gauche qu’à droite ».
C’est les décennies à venir que nous préparons », a encore observé le président alsacien. Ancien ministre chargé des collectivités territoriales, M. Richert s’était fortement engagé l’an dernier en faveur d’un projet de fusion entre la région et les deux départements alsaciens, finalement rejeté par un référendum. Cependant pour le dirigeant alsacien, les régions redécoupées doivent impérativement être dotées de compétences élargies, aujourd’hui dévolues à l’Etat et aux départements. Dans le cas contraire, la réforme aurait « peu de sens, parce que deux régions fragiles ensemble, ça reste des régions fragiles ». Les deux élus ont insisté sur le poids économique d’une Alsace-Lorraine unifiée, cherchant à apaiser les craintes de perte d’identité. « Le vin d’Alsace sera toujours là! » a souligné le président lorrain. « Et les mirabelles de Lorraine aussi! » a ajouté son homologue alsacien.
Une Lorraine « satellisée »?
Les deux présidents de région sont les seuls en France à être appelés à se rapprocher alors qu’ils ne sont pas issus de la même famille politique, ce qui n’a, selon M. Masseret, « pas d’importance ». Ils risquent cependant d’avoir fort à faire pour convaincre les ténors politiques de leurs régions respectives, montés au créneau cette semaine pour critiquer la réforme. Seize députés et sénateurs UMP et UDI alsaciens ont ainsi fustigé un « incroyable bricolage improvisé à la dernière minute », et regretté que leur région soit « arbitrairement rattachée à la Lorraine sa voisine plus grande et plus peuplée ». Le sénateur lorrain François Grosdidier (UMP) craint que Metz ne soit « effacée » dans le nouvel ensemble et souligne que « l’Alsace-Lorraine n’a jamais été une communauté de destin choisie par ses habitants ». Dans la même veine, la députée UMP Marie-Jo Zimmermann, qui aurait préféré un mariage à trois avec la Champagne-Ardennes, brandit la menace d’une Lorraine « satellisée par l’Alsace ».
A gauche, le président (PS) du conseil général de Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein, a exprimé ses doutes quant à la pertinence du découpage proposé, en évoquant la possibilité d’adjoindre la Franche-Comté ou la Champagne-Ardennes à la future région du grand Est. La question du chef-lieu de la future grande région fait également grincer des dents. « Je ne peux accepter que Strasbourg, avec son statut européen, appartienne à une région dont elle ne serait pas la capitale », a prévenu le maire (PS) de la métropole alsacienne, Roland Ries. Pour l’heure, Jean-Pierre Masseret préfère éluder ce débat, considérant que « ce n’est pas la question à régler immédiatement ». Mais pour l’ancienne ministre UMP Nadine Morano, eurodéputée et conseillère régionale d’opposition en Lorraine, il n’est « pas sûr que M. Masseret acceptera que le centre de décision passe à Strasbourg ». L’Alsace-Lorraine, « c’est un mariage forcé, et on ne sait pas ce qu’il y a dans la corbeille de la mariée », a-t-elle ironisé, convaincue qu’avec cette réforme le chef de l’Etat « a réussi à se mettre tout le monde à dos, aussi bien à gauche qu’à droite ». (AFP)