14 Sep

A Strasbourg, Juppé reste arrimé à son « identité heureuse »

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Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite, s’est arrimé mardi à Strasbourg à son « identité heureuse », voulant clouer le bec à ses rivaux, qui moquent cette quête et lui font un procès en naïveté.

 

« Contre vents et marées », il portera « l »idéal » de « l’identité heureuse ». « Je persiste et je signe! » a-t-il lancé lors d’un meeting après un déjeuner avec des élus et une sage promenade en centre-ville. Pointant le fort « attachement à l’identité alsacienne » et « le fort patriotisme » de la région, il a consacré tout son discours à l’identité. « Oui, notre identité nationale doit être défendue et je la défendrai », a-t-il affirmé, alors que Nicolas Sarkozy a fait de l’identité un des axes de sa campagne. Le député européen Arnaud Danjean a pris la défense du maire de Bordeaux, taxé parfois d’angélisme par ses détracteurs, vantant un « candidat Juppé qui n’a pas de point faible », « certainement pas sur la sécurité ».
Un peu plus tôt, face à la presse, Alain Juppé avait une nouvelle fois enfoncé le clou sur ce concept d’identité heureuse: « Le responsabilité d’un leader politique, ça n’est pas d’en rajouter sur le malheur des temps ou de noircir encore plus la situation, c’est au contraire de montrer que la France a tous les atouts pour repartir de l’avant ».  « Avant de dire qu’on était heureux en France j’ai dit que la situation est grave et que beaucoup de Français souffraient, je ne l’ignore pas », a-t-il ajouté, agacé du procès en naïveté qui lui font en particulier par les sarkozystes. Traduction dans son équipe qui manie l’ironie: « Bien sûr, tout le monde sait que nous sommes des bisounours. »
Il a encore réaffirmé sa volonté d’un « accord solennel entre la République et les représentants du culte musulman » car « l’islam doit trouver lui aussi les moyens de s’accorder avec la République ».  Ce concept d’identité heureuse, initialement une réponse à un livre d’Alain Finkielkraut, Alain Juppé l’avait quelques mois laissé en stand by, mais il a été remis au goût du jour ces dernières semaines. François Hollande s’est récemment mêlé au débat en expliquant que l’identité n’était « ni heureuse », « ni malheureuse ».

 « Du québécois pur laine » 
Alain Juppé a dit combien il voulait « concilier la diversité » et « conforter le bien commun: l’histoire, la culture, la langue, les valeurs de la République, la laïcité » qu’il veut mettre en avant. Il a dénoncé une « frénésie » des « intellectuels »: « certains (qui) vont jusqu’à proposer qu’on accepte qu’un certain nombre de prénoms en France: Pierre, Paul, Jacques, ou Marie », a-t-il dit en allusion à Eric Zemmour, mais sans le citer. « On est en train de délirer complètement! », a-t-il estimé, excluant pour sa part toute « surenchère ».
Il a été très agacé lors de sa conférence de presse quand on a évoqué devant lui l’utilisation de l’expression « accommodements raisonnables », dénoncée lundi soir par son rival Nicolas Sarkozy. L’ex-chef de l’Etat avait taclé M. Juppé, qui avait employé une fois cette expression : « Au nom d’une conception folle de la tolérance, on en est venus à ne plus savoir qui nous sommes et ce que nous voulons être. Il ègne une évidente confusion morale (…) Ces accommodements prétendument raisonnables, nous n’en voulons plus »,

« Je n’ai jamais fait mienne l’expression +accommodements raisonnables+, qui est du québécois pur laine. Je l’ai évoquée à propos du Québec, en soulignant les dérapages », a tenu à clarifier l’ancien Premier ministre.  Interrogé sur le Front national, il a choisi d’évoquer un micro-trottoir réalisé lundi soir à la sortie du meeting de Nicolas Sarkozy Provins et dans lequel des soutiens de l’ancien président expliquaient qu’ils voteraient « Le Pen » en cas de second tour Juppé-Le Pen. « Une dérive », a déploré le favori
des sondages. (AFP)