05 Sep

Ilvy Njiokiktjien : la décoloration du pays arc-en-ciel

En Afrique du Sud, la séparation entre les jeunes de la "génération libre", qui n'ont pourtant pas connu l'apartheid, existe toujours. (Crédit photo : Ilvy Njiokiktjien)

Une paire de bottes piétine le drapeau arc-en-ciel de l’Afrique du Sud. Puis une autre. Et une autre encore. Dans un camp d’entraînement low-cost dirigé par l’auto-proclamé colonel Franz Jooste, une poignée d’adolescents blancs sud-africains montrent ainsi « tout leur dégoût » pour ce symbole. Le rejet d’une nation sud-africaine unie et la nostalgie de l’apartheid chez certains Afrikaners sont les thèmes d’un webdocumentaire et de l’exposition de la photographe néerlandaise Ilvy Njiokiktjien, au couvent des Minimes.

Des méthodes d’endoctrinement inspirées par les régimes fascistes

« En 2010, un des plus gros leaders de l’extrême droite, Eugène Terre’Blanche, a été assassiné, et c’est là que j’ai commencé mon travail sur les Afrikaners », explique-t-elle. « Durant les funérailles, il y avait un homme vêtu d’un ancien uniforme de l’apartheid ». Cet homme, c’est Franz Jooste, le président du groupe d’extrême-droite Kommandokorps. Continuer la lecture

Sebastian Liste : le temps de l’immersion

Dans cette usine, Sebastian Liste a pu saisi des instants très intimes. (Crédit photo : Sebastian Liste)

Sebastian Liste a passé deux ans dans une usine désaffectée du Brésil, peuplée d’exclus. Un travail singulier : le photographe observe cette étrange communauté avec le regard d’un sociologue. Cette exposition lui a valu le Prix Rémi Ochlik de la ville de Perpignan 2012.

Un homme et une femme font l’amour sur un canapé défoncé. Le photographe Sebastian Liste est dans l’intimité des habitants de cette chocolaterie désaffectée de Salvador de Bahia au Brésil. Une des photo de l’exposition Urban Quilombo,  Prix Rémi Ochlik de la ville de Perpignan 2012. Continuer la lecture

La photo du jour : « La ligne blanche sur le sol, elle doit indiquer la direction de l’hôpital »

"La Reine des Fritures". Belgicum – © Stephan Vanfleteren

A la laverie, rue du Maréchal Foch, les machines à laver tournent, Wilfrid patiente. Il se penche sur la photo de Stephan Vanfleteren. Sa représentation de la Reine des fritures le fait sourire. A première vue, « c’est un snack, dit Wilfrid. Ah non ! Il y a des bidons d’huile juste à côté. Pour l’hygiène, c’est pas terrible. »

David, qui vient récupérer son linge, confirme : « Ce n’est pas appétissant. Je ne voudrais pas y aller, je n’aurais pas confiance ». Pour lui, le photographe a pris cette photo depuis une grande place vide: « La ligne blanche sur le sol, elle doit indiquer la direction de l’hôpital. A mon avis, c’est plutôt un truc clandestin ». Continuer la lecture

A l’hôtel Pams, « les visiteurs se prennent pour des VIP »

Véronique est bénévole à Visa pour la première fois, elle accueille des visiteurs en extase à l’hôtel Pams. (Crédit photo : Giulia de Meulemeester)

Entre les confessions des visiteurs et ce qu’ils entendent depuis leur chaise, les « tee-shirts rouges », bénévoles à Visa, ont des choses à raconter.

A l’hôtel Pams, les bénévoles sont unanimes, le lieu provoque l’admiration des visiteurs. « Les gens sont fiers de pouvoir entrer dans cet hôtel particulier, ils se prennent pour des VIP ». Lucie lustre son col du dos de la main. Bénévole à Visa depuis quatre ans, elle explique que ce n’est que depuis Visa 2011 que le lieu est ouvert aux visiteurs. « Ils sont tellement contents de retrouver un lieu familier. Les Perpignanais surtout. Avant, c’était une bibliothèque et puis ça a fermé pour se transformer en locaux privés ». Visa en a fait pendant plusieurs années le QG des photojournalistes et des acteurs du festival. Aujourd’hui, ils sont installés au Palais des congrès, plus vaste, plus moderne. « Du coup, on a aussi des photoreporters déçus, ils viennent bouder en disant qu’ils préféraient cet endroit », sourit Lucie.

Il semblerait que les lieux d’exposition soient aussi importants que l’exposition. Contrairement à l’hôtel Pams, l’état du couvent Sainte Claire,  l’ancienne prison, dérange les visiteurs. Continuer la lecture

Corinne Duchemin, libraire au coeur de Visa

Après défection de la Fnac, Corinne Duchemin a repris la librairie de Visa pour l'image en tant qu'indépendante.

Avec Visa pour l’image, le bâtiment de la Poudrière, derrière l’église des dominicains, reprend vie. Pendant deux semaines, la librairie éphémère de Corinne Duchemin s’y installe et devient le lieu où trouver les meilleurs livres de photographies. C’est aussi le rendez-vous des photographes venus dédicacer leurs ouvrages.  « La photo, au départ, c’était pas mon truc », avoue la responsable de la librairie de Visa. Ça l’est devenu, « son truc ».

Corinne Duchemin a même permis à la librairie de survivre en la reprenant à la Fnac. « J’y étais salariée. Pendant sept ans je me suis occupée de la librairie de Visa pour l’Image avec eux. Mais depuis les choses ont changé. Le nouveau directeur ne voulait pas s’embêter avec un festival “local”. J’ai quand même 7000 livres ici! » Continuer la lecture

04 Sep

La photo du jour : « On se lève tous pour Kim Il Sung »

© Ed Jones / Agence France-Presse 16 avril 2012, Pyongyang. Les choeurs de l'armée nord-coréenne se produisent à l'occasion du 100e anniversaire de la naissance du dirigeant Kim Il-Sung.

Chaque jour du festival Visa pour l’image, les festivaliers découvrent et commentent une des photographies exposées à travers la ville. C’est dans la file d’attente menant à la première soirée de projection qu’ils se sont prêtés au jeu. Légende insolite…

–       « C’est un truc de communiste ça », commente spontanément un des spectateurs. « Le chœur de l’armée rouge ? »

–       « On a le communisme et le capitalisme caché derrière », tente d’analyser son ami en montrant le groupe de femmes en kimono. Pour lui c’est des geishas, donc des riches et donc des capitalistes. Continuer la lecture

Jean-François Leroy : « Je ne veux pas que des mômes prennent des risques pour la gloire »

Le président de Visa pour l'image Jean-François Leroy (Crédit photo : Alexandra Avakian)

Neuf journalistes tués en Syrie. Cette année, la croisade de Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’Image, c’est la violence faite aux journalistes, les jeunes photo reporters en particulier. Il se sent une part de responsabilité, dit-il.

Paradoxalement, cette 24ème édition ne propose qu’une exposition sur le conflit syrien et présente davantage de sujets magazine. Un choix qu’il assume, guidé en priorité par le regard et le talent du photographe.

Après toutes ces années, comment évitez-vous de tomber dans la routine quand vous choisissez les photos ?

Je reçois plus de 4 000 propositions par an. Plus celles que je vais chercher. On regarde tout. On choisit en fonction de nos coups de cœur et de l’actualité de l’année. On ne peut pas tous les ans avoir une exposition sur les SDF. On les a traités 25 fois, en Inde, aux Etats-Unis, en France… Cette année, j’ai reçu 257 sujets sur les Roms. On ne peut pas faire les Roms dans tous les pays du monde tous les ans. Si je me mets à avoir des cases, ça va être vite rempli. Quand je lis Libé, Le Monde ou Le Figaro, il n’y a pas tous les jours un sujet sur le même thème. Moi, j’ai 24 numéros derrière moi, ils sont là. Je tiens compte de ce que j’ai déjà montré. Continuer la lecture

Au pays du off

Les clients de la boucherie "Guillaume" peuvent en patientant admirer l'exposition de Célia Wechenk.

Dans la boucherie « Guillaume », place de la République en plein centre de Perpignan, Hervé découpe les côtes de bœuf en face de femmes africaines en boubou. Les saucisses catalanes et le jambon de pays côtoient les photos de Célia Wechenk sur les mines du Burkina Faso.  « J’ai deux types de clientèle, explique Hervé, les habitués et les amateurs. Les uns regardent l’exposition en patientant, et les autres entrent pour regarder les photos ».
C’est ça le festival off. Un grand bric à brac.

Le principe est simple. Contre 50 euros le commerçant accueille une expo. Et il ne l’a pas choisie, d’où quelques télescopages. Continuer la lecture

Le soir, Visa raconte l’actu sur grand écran

Au cours de cette première soirée de projection, les spectateurs ont pu découvrir plusieurs clichés relatant l'actualité de septembre et octobre 2011.

Une longue file d’attente court le long des murs du Campo Santo. Des Perpignanais, des touristes bardés d’appareils photos, attendent la première soirée de projection du 24e festival Visa pour l’image. Les vigiles tentent de faire entrer rapidement les visiteurs pour gagner du temps, le programme de la soirée est chargé : réviser l’actualité capturée il y a quelques mois par l’objectif des photojournalistes. Curieuse impression de revivre des évènements très anciens: la Tunisie, pleine de promesses, Khadafi et Nicolas Sarkozy posant ensemble, le visage de l’ancien dictateur libyen sous un drap mortuaire… Continuer la lecture

Romain et sa « Boitafoto »

Le Nîmois propose de vous tirer le portrait à l’ancienne devant le Palais des congrès de Perpignan. (Crédit photo : Mylène Jourdan)

« Assied-toi sur le tabouret. Quand j’enlève le cache sur l’objectif, tu ne bouges plus pendant trois secondes. » Romain Lefèvre-Roland s’est autoproclamé « photographe de rue ».

Le seul en France, il dit qu’il l’a vérifié. Avec cet appareil insolite, en tout cas.

Tous les matins de la semaine pro, le Nîmois a prévu de se poster devant le Palais des Congrès, siège de Visa, pour « capter » les curieux venus se poser devant l’objectif de sa « Boitafoto ».

Ce mardi, il n’y a pas foule. Seul Michel, un photographe de Saint-Etienne, s’est prêté au jeu du portrait pour cinq euros. « Le résultat est sympa », dit-il. Romain s’est mis « sérieusement à la photo il y a deux ans ». Visa pour l’image, c’est une première. Continuer la lecture