Entre les confessions des visiteurs et ce qu’ils entendent depuis leur chaise, les « tee-shirts rouges », bénévoles à Visa, ont des choses à raconter.
A l’hôtel Pams, les bénévoles sont unanimes, le lieu provoque l’admiration des visiteurs. « Les gens sont fiers de pouvoir entrer dans cet hôtel particulier, ils se prennent pour des VIP ». Lucie lustre son col du dos de la main. Bénévole à Visa depuis quatre ans, elle explique que ce n’est que depuis Visa 2011 que le lieu est ouvert aux visiteurs. « Ils sont tellement contents de retrouver un lieu familier. Les Perpignanais surtout. Avant, c’était une bibliothèque et puis ça a fermé pour se transformer en locaux privés ». Visa en a fait pendant plusieurs années le QG des photojournalistes et des acteurs du festival. Aujourd’hui, ils sont installés au Palais des congrès, plus vaste, plus moderne. « Du coup, on a aussi des photoreporters déçus, ils viennent bouder en disant qu’ils préféraient cet endroit », sourit Lucie.
Il semblerait que les lieux d’exposition soient aussi importants que l’exposition. Contrairement à l’hôtel Pams, l’état du couvent Sainte Claire, l’ancienne prison, dérange les visiteurs. « Les cellules les gênent un peu. Ils trouvent qu’une petite rénovation n’aurait pas été de trop », rapporte Marie, entre deux tours de garde. « Ils ne sont pas convaincus par cette ambiance, ils disent que c’est trop dégradé et préféreraient voir des beaux lustres ! »
Autres confessions récurrentes, recueillies par les « tee-shirts rouges », le manque de chaises, les reflets des spots sur les photos ou encore l’absence de poubelles. « Parfois les visiteurs parlent fort, ils téléphonent ou ils touchent les cadres. Je suis obligé de les rappeler à l’ordre. »
Un intérêt sans faille
Il y a les râleurs, et les autres qui écrivent des compliments dans les carnets d’or. Au couvent des Minimes : « Merci pour ces photos, l’information du monde passe si difficilement. » L’information passe, certes, pas toujours comme on l’aurait cru. « Il y a des jeunes qui viennent pour voir sans être vraiment intéressés par la photo. Des images de cadavres peuvent les amuser. Ils rigolent. Aujourd’hui, on diffuse tellement d’images chocs que certains les regardent comme s’ils découvraient n’importe quoi d’autre », analyse Christophe, au Pam’s.
Si certains estiment qu’il y a « beaucoup moins de violences et de souffrances que les années précédentes », d’autres « prennent toujours un coup ». Chloé, en surveillance au couvent des Minimes, confirme : « Ça se voit sur leurs visages. Certains visiteurs disent que c’est trop dur. Même pour moi, en travaillant ici, c’est parfois pesant ».
À quelques pas, trois amies s’amusent devant les photos d’Ilvy Njiokiktjien sur un groupe d’extrême droite en Afrique du Sud : « Mais regarde, ils ont tous un petit bide, on n’a pas l’impression qu’ils s’adonnent au sport tous les jours ! ». Elles tiquent quand même un peu devant la légende où il est question de « pourchasser l’ennemi noir ».
A la caserne Gallieni, le travail d’Hady Sy « fait plaisir » aux visiteurs, « ils sont contents de voir aussi des sourires », dit un bénévole. Sur le livre d’or, des éloges : « Un beau témoignage, on a tellement besoin du don du sang », signé « un futur médecin ». Et des questions: « Bon portraits mais… photojournalisme ? »
Les sceptiques jouent parfois les professeurs : « Vous n’allez pas assez loin dans la recherche des causes (en capitales!) réelles de la pollution de l’environnement ». Oui mais »un bon visiteur est un visiteur critique », parole de bénévole !
Giulia De Meulemeester