06 Sep

Visa, une saison estivale plus longue

Le festival génère 3,5 millions d'euros de retombée économique dans la ville. (Crédit photo : Thomas Belet)

Le festival de photo-journalisme de référence a vu le jour en 1989 grâce à un appel d’offre. Seul cahier des charges, alors, des collectivités territoriales, allonger la saison touristique.

La ville de Perpignan et  la Chambre de commerce et d’industrie des Pyrénées-Orientales « ont souhaité créer un événement pour inciter les touristes qui désertaient Perpignan et ses environs à partir du 15 août, à rester. Un appel à candidature a donc été lancé », explique Arnaud Felici, le coordinateur du festival. Visa pour l’image aurait tout aussi bien pu être un salon de la voiture d’occasion. « Si Jean-François Leroy a remporté l’appel d’offre, c’est pour la qualité et la dimension internationale de l’événement proposé », se félicite Arnaud Felici. Continuer la lecture

Photojournalisme sous influence

En avril dernier, le photographe Pedro Ugarte a fait partie de la centaine de journalistes invités à couvrir le centenaire de la naissance de Kim Il-Sung, en Corée du Nord. (Crédit photo : Dimitri Kucharczyk)

Difficile pour un photographe de refuser un voyage de presse en Corée du Nord, cet OVNI politique coupé du reste du monde. Ce genre d’invitation le place pourtant dans une situation embarrassante : comment réussir à informer sans être influencé, alors que le voyage est organisé par le régime pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de son père fondateur, Kim Il-Sung ? Les voyages de presse, les reportages « embedded », le suivi d’hommes politique rompus aux techniques de communication… Le journalisme passe une bonne partie de son temps à résister aux tentatives de contrôle de l’information. Illustration au couvent des Minimes, où les photoreporters de l’AFP Pedro Ugarte et Ed Jones exposent leurs images prises en avril au pays de Kim Jong-un. Continuer la lecture

Pete Doherty repéré à la soirée gitane

Les visiteurs ont eu la surprise de rencontrer Pete Doherty au Couvent des Minimes ce mercredi. (Crédit photo : Mathieu Conte)

Il a failli passer inaperçu. Lors de la soirée gitane au Couvent des Minimes, mercredi soir, il nous a semblé reconnaître quelqu’un. Demi à la main, clope au bec, visage fatigué, cheveux mouillés de sueur, grande classe vestimentaire, tatouage sur le cou… Oui, c’est bien Pete Doherty qui apprécie d’un mouvement de tête la rumba du groupe Tekameli.

L’ancien leader des Libertines et des Babyshambles (et ex-monsieur Kate Moss) était en charmante compagnie, hier. Ces dernières semaines, l’artiste se repose à Saint-Génis-des-Fontaines chez des amies.

Habitué des tabloïds, il nous a demandé de le laisser savourer sa soirée tranquille. Ce qui est bien compréhensible. Il a quand même pris le temps de nous signer un autographe.

Mathieu Conte

Pete Doherty est en ce moment à l’affiche du film « Confessions d’un enfant du siècle », de Sylvie Verheyde, avec Charlotte Gainsbourg.

Patrick Codomier, de l’agence Vu, fait son marché à Visa

Patrick Codomier : "À 23 ans, certains font déjà un travail magnifique." (Crédit photo : Victor Guilloteau)

Patrick Codomier est occupé. Il parle au téléphone tout en nous faisant signe. Visa, c’est son rendez-vous, son marché. Il est directeur du service média de l’Agence Vu. « Je suis un intermédiaire entre les photographes et la presse », explique t-il avec sa gestuelle emportée.

Son travail, c’est également de participer au choix des photographes qui intègrent le pool. Ils sont une centaine à travailler pour cette agence créée en 1986 par Christian Caujolle. « Ce qu’on veut, c’est un regard, une écriture ». Parmi les centaines de candidatures qu’ils reçoivent, seules quelques-unes seront retenues : « Six dans les trois dernières années ». Les critères de sélection « ne sont pas économiques ». Ce qu’il faut avant tout, « c’est avoir du talent. » Continuer la lecture

Corentin Fohlen, jeune reporter de guerre

Corentin fohlen, jeune reporter de guerre.

Il ne fait pas son âge. A 30 ans, Corentin Fohlen court après la guerre depuis quelques années déjà. Révolte des chemises rouges en Thaïlande, révolutions arabes, Soudan du Sud, il est parvenu en quelques années à se faire une place de choix dans ce métier en couvrant les plus grands conflits.

Même s’il en vit pour l’instant « bien, voire très bien », il est lucide sur la précarité de la profession : « Je ne sais pas ce que je ferai dans vingt ans ».

Au-delà du témoignage journalistique, que recherche-t-il, lui qui « arrive à l’arrache, en improvisant » dans des zones où la misère et la violence règnent en maître ? « Une vie pas comme tout le monde. » Une manière pour lui de ressentir « les plus fortes émotions humaines possibles, parce que bizarrement, c’est lorsqu’ils n’ont rien que les gens sont les plus généreux ».

Mylène Jourdan

Retour sur la terre des origines

Alice Springs, Territoire du Nord. Lawrence Hayes devant sa baraque en tôle de son camp. (Crédit photo : Amy Toensing / National Geographic Magazine)

Dès les premiers pas dans la petite salle de l’ancienne université, on entend des sifflements d’admiration devant les photos publiées en mai dernier dans le National Geographic. « Tu as vu cette mer ! Tu as vu la taille de ces crabes !» Sur papier, la vie semble belle pour les  Aborigènes du bush australien. Les tortues géantes sont chassées par centaine dès que les fleurs d’acacias bourgeonnent. C’est le paradis sur terre version Australie : une vie simple sur une terre choyée depuis plus de 40 000 ans.

Les 42 photos sont signées de l’Américaine Amy Toensing touchée par la « magie verte » des Aborigènes d’Australie.

L’Australie c’est aussi Alice Springs, la « ville des autochtones ». Ici, la terre couleur ocre a disparu. Seul subsiste un enchevêtrement de tôle, de parpaings sur du béton. Continuer la lecture

Johann Rousselot : « Photoshop, tout dépend de l’utilisation qu’on en fait »

Johann Rousselot : "Le graphisme est là pour augmenter le sens de l’image, pour apporter plus d’informations." (Crédit photo : Romain Dimo)

Du Photoshop dans ses images, des montages à la limite de la création artistique, Johann Rousselot bouscule les codes du photojournalisme. Dans le chœur du Couvent des Minimes, le photographe belge rend hommage aux acteurs du Printemps arabe à travers des portraits graphiquement chargés des signes de leurs colères.

Vous avez couvert les événements du Printemps arabe en réalisant une série singulière de portraits de militants. Pourquoi avez-vous fait ce choix ?

En janvier 2011, lorsque j’ai lu dans la presse ce qu’il se passait en Tunisie, j’ai eu la chair de poule. J’ai été extrêmement touché et je me suis dis que cette révolution avait l’air magnifique, que je ne pouvais pas la rater. Avant de partir, j’ai pris du recul et j’ai réfléchis à la manière dont j’allais aborder cet événement.

Ce qui m’intéressait dans la révolution tunisienne, c’était le rôle d’internet et des réseaux sociaux, ces nouveaux médias de la liberté. Surtout dans les pays arabes où tout est verrouillé. La photo est un médium un peu compliqué pour traiter ce phénomène. Je savais que j’allais avoir du mal à trouver des « gars » devant leurs ordinateurs. J’ai donc pensé à un travail un peu plus conceptuel, presque artistique. Continuer la lecture

05 Sep

Tous photographes …

Ils arpentent les allées des expositions, un appareil photo sur le ventre. Parfois, ils prennent en photo la photo. Pourtant, pas de petit collier rouge autour du cou, donc pas d’accréditation. Galerie de photographes amateurs qui visitent Visa pour l’image armés de leur Canon, Nikon et autres.

Bernard et Danielle Belisme, retraité de la fonction publique
D’Yseure dans l’Allier

A peine entré dans la chapelle du Tiers-Ordre, que déjà Bernard dégaine son appareil. « Je suis photographe amateur depuis la nuit des temps ! J’anime un club photo. Je fais des reportages, je me fixe un sujet, puis je travaille autour. C’est la première fois que nous venons, pour des raisons de calendrier. Je prends des photos du festival pour les monter au club, et donner envie aux membres de venir. Mais je ne prends pas en photo les photos, ce serait ridicule ! »

Bernard participe à des concours, a exposé à Nevers pour le Mois de l’Image, et expose parfois dans les maisons de retraite.

Danielle, sa femme, porte elle aussi fièrement un reflex. « Je suis plus dans la matière, des images plus graphiques. »

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Photoreporter, la passion plus forte que la galère

Les photoreporters du collectif "SUB" ont choisi de mutualiser leurs moyens. "Chacun y trouve son compte", explique Olmo (au centre). (Crédit: Collectif SUB)

Quelque part à Perpignan, cinq jeunes photoreporters boivent un verre dans une maison louée pour la semaine professionnelle de Visa. Pendant la journée, ils ont observé le travail de leurs aînés dans les expositions. Ce soir, ils continuent avec les projections. L’enjeu: rencontrer des professionnels, créer des contacts, percer dans la profession de photographe.

Moland Fengkov, diplômé de l’EMI-CFD (École des métiers de l’information) depuis un an, est venu « bouffer de l’image, rencontrer tous les gens du métier. » Pour l’instant, il fait chou blanc. « L’année dernière, j’ai pu montrer mon book à l’ANI (Association nationale des Iconographes). Ça m’a coûté 60 euros. » Pour lui, aucune retombée économique et finalement, aucun débouché. Continuer la lecture

Pour le malheur et pour le pire

Maya (8 ans) et Kishore (11 ans) posent pour leur photo de mariage dans leur nouvel intérieur. (Crédit photo : Stephanie Sinclair / VII pour National Geographic Magazine)

Afghanistan : Mohammed (45 ans) et ses deux femmes, Majabin (13 ans) et Zalayha (29 ans). Majabin a été donnée à un paysan de la région pour régler une dette de jeu après une partie de cartes. « Je ne cautionne pas ça », s’emporte Marie, 70 ans, venue de Marseille et mère d’une fille. « Je ne conçois pas que l’on puisse vendre son enfant… ».

Stephanie Sinclair expose au Couvent des Minimes « Ces petites filles que l’on marie ». Un photoreportage à la fois « bouleversant et révoltant », selon le jeune Florian (23 ans), venu de Marseille. Ce travail de huit ans vaut à la photojournaliste américaine d’être nominée pour le Visa d’or. Continuer la lecture