06 Sep

Pour les photographes, Aurélie Filippetti se trompe de priorités

La ministre de la Culture et de la communication Aurélie Filippetti. (Crédit photo archives : Ville d'Arles)

Dans une récente interview accordée au magazine Polka, la ministre de la Culture et de la communication Aurélie Filippetti parle longuement de la situation des photojournalistes. Carte de presse, droit à l’image, soucis de financement : ces sujets qui font débat à Visa y sont tous abordés. Rencontre autour d’un verre, avec les premiers concernés, au Grand café de La Poste.

L’interview d’Aurélie Filippetti, les photographes en ont vaguement entendu parler. Mais échanger spontanément autour des déclarations de leur ministre de tutelle ne leur viendrait pas à l’idée, alors que celle-ci estime que le droit à l’image pose problème. La loi Guigou* empêcherait les photographes « de pouvoir exercer leur talent, de transmettre aux générations futures leur regard sur le monde d’aujourd’hui ».

Même s’il estime ne pas être le plus compétent en matière de photojournalisme, Rémy Ourdan, grand reporter au Monde, travaille et discute beaucoup avec ses amis photographes : « Ils me racontent qu’en matière de droit à l’image, ils rencontrent plus de difficultés en France que dans des pays en guerre ». Continuer la lecture

Photojournalisme et engagement personnel : une frontière souvent floue

Chili Vie quotidienne / Nuit de la Saint Sylvestre à Valparaiso. La Pica de Yuri tenue par un militant de gauche propose sous le portrait du president Allende des sandwiches bon marche aux noms révolutionnaires. (Crédit photo : Georges BARTOLI / Fedephoto)

Militantisme. Un mot que beaucoup de photojournalistes refusent d’entendre dès qu’il s’agit de parler de leur métier. « Deux choses différentes » pour certains, « incompatible » ou « antinomique » pour d’autres. La frontière entre journalisme et engagement personnel parait pourtant bien floue .

« Le journaliste est là pour raconter une situation, une histoire. Il ne doit pas verser dans la seule dénonciation. Si l’on prend le travail de Darcy Padilla sur le sida, par exemple, il est admirable en ce sens. Elle ne dit pas que c’est inadmissible, elle montre que c’est inadmissible. La portée est beaucoup plus forte ». Assise à la terrasse du couvent des Minimes au cœur du festival Visa pour l’image, Marie-Pierre Subtil, rédactrice en chef de la revue photographique « 6 mois »,  est catégorique : la question du militantisme ou de l’engagement personnel doit être dissociée du métier de journaliste. Une distance doit être posée entre le sujet traité et le journaliste. Continuer la lecture

« Je ne suis ni un héros ni un reporter de terrain … »

Dans le quartier Saint-Jacques, à Perpignan. (Crédit photo : Mathieu Conte)

08h50. Je passe par le quartier St-Jacques. Une ruelle avec des magasins de bric et de broc. Un homme passe devant moi, avec une broche de poulets cuits. Je passe devant un appartement minuscule en rez-de-chaussée, la porte est ouverte. Je découvre une pièce pratiquement vide : les seuls meubles sont un canapé, une télé et un frigo.

Je sens quelque chose d’intéressant à exploiter ! Je viendrais bien y faire un tour, surtout que c’est à deux pas de l’hôtel Pams où travaille la rédaction.

Pendant la conférence de rédaction, ce matin, j’ai la super idée de faire un reportage sur le quartier Saint-Jacques, quartier gitan de Perpignan. En effet, après avoir vu les différentes expositions du festival, je me dis qu’il serait intéressant de faire un éclairage sur le quotidien très rudimentaire des gitans du quartier, à la manière des reporters dont nous voyons les images à Visa. Continuer la lecture

Photojournalisme sous influence

En avril dernier, le photographe Pedro Ugarte a fait partie de la centaine de journalistes invités à couvrir le centenaire de la naissance de Kim Il-Sung, en Corée du Nord. (Crédit photo : Dimitri Kucharczyk)

Difficile pour un photographe de refuser un voyage de presse en Corée du Nord, cet OVNI politique coupé du reste du monde. Ce genre d’invitation le place pourtant dans une situation embarrassante : comment réussir à informer sans être influencé, alors que le voyage est organisé par le régime pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de son père fondateur, Kim Il-Sung ? Les voyages de presse, les reportages « embedded », le suivi d’hommes politique rompus aux techniques de communication… Le journalisme passe une bonne partie de son temps à résister aux tentatives de contrôle de l’information. Illustration au couvent des Minimes, où les photoreporters de l’AFP Pedro Ugarte et Ed Jones exposent leurs images prises en avril au pays de Kim Jong-un. Continuer la lecture

Corentin Fohlen, jeune reporter de guerre

Corentin fohlen, jeune reporter de guerre.

Il ne fait pas son âge. A 30 ans, Corentin Fohlen court après la guerre depuis quelques années déjà. Révolte des chemises rouges en Thaïlande, révolutions arabes, Soudan du Sud, il est parvenu en quelques années à se faire une place de choix dans ce métier en couvrant les plus grands conflits.

Même s’il en vit pour l’instant « bien, voire très bien », il est lucide sur la précarité de la profession : « Je ne sais pas ce que je ferai dans vingt ans ».

Au-delà du témoignage journalistique, que recherche-t-il, lui qui « arrive à l’arrache, en improvisant » dans des zones où la misère et la violence règnent en maître ? « Une vie pas comme tout le monde. » Une manière pour lui de ressentir « les plus fortes émotions humaines possibles, parce que bizarrement, c’est lorsqu’ils n’ont rien que les gens sont les plus généreux ».

Mylène Jourdan

05 Sep

Photoreporter, la passion plus forte que la galère

Les photoreporters du collectif "SUB" ont choisi de mutualiser leurs moyens. "Chacun y trouve son compte", explique Olmo (au centre). (Crédit: Collectif SUB)

Quelque part à Perpignan, cinq jeunes photoreporters boivent un verre dans une maison louée pour la semaine professionnelle de Visa. Pendant la journée, ils ont observé le travail de leurs aînés dans les expositions. Ce soir, ils continuent avec les projections. L’enjeu: rencontrer des professionnels, créer des contacts, percer dans la profession de photographe.

Moland Fengkov, diplômé de l’EMI-CFD (École des métiers de l’information) depuis un an, est venu « bouffer de l’image, rencontrer tous les gens du métier. » Pour l’instant, il fait chou blanc. « L’année dernière, j’ai pu montrer mon book à l’ANI (Association nationale des Iconographes). Ça m’a coûté 60 euros. » Pour lui, aucune retombée économique et finalement, aucun débouché. Continuer la lecture