07 Sep

Les « afters » de Visa au Grand Café de la Poste

Devant le café de La Poste, place de Verdun, à Perpignan. (Crédit photo : Christophe Hubard)

22h. La terrasse du Grand Café de la Poste, rendez-vous des afters de Visa pour l’Image, est clairsemée. Aucun appareil photo en bandoulière à l’horizon. « Ce n’est pas encore leur heure, dit le patron du Grand Café de la Poste, Robert Vila. Ils sont allés à la soirée de projection.» Les employés passent un dernier coup de balai sur la terrasse. « C’est votre première soirée ici ? Profitez bien du carrelage. Bientôt, on ne verra plus un seul carreau. » Une heure et demie plus tard, la place Verdun est noire de monde. Ça bouchonne au comptoir. Les verres se vident et se remplissent rapidement. « Ceci est notre pâture et le café de la Poste est notre enclos », sourit une journaliste, en montrant sa bière fraîchement tirée.

Dans la foule, des visages familiers passent à la portée des jeunes loups du photojournalisme. Ce soir-là, le maître de cérémonie de Visa Jean-François Leroy, Ziad Maalouf de RFI, François Le Gall, prix du webdocumentaire 2012, le photoreporter Stanley Green… Continuer la lecture

En marge de Visa, les collectifs cultivent leur différence


Picture Tank, une société coopérative de diffusion de photographie organisait hier un colloque "le facteur collectif" à la Casa Musicale avec 14 collectifs de photographes, rédacteurs, éditeurs, cinéastes... (crédit photo : Aurélia Dumté)

Ils ne sont pas sur le plan officiel du festival mais ils pourraient être le numéro 12 sur la carte des expo de Visa, en face de l’Arsenal des Carmes. Même pas un petit drapeau rose du « Off ».  A la Casa musicale, il y a pourtant des expositions photos. Le Off du Off ? Surtout, ne pas dire ça ! « Nous participons au festival ! On paye notre accréditation, alors on contribue financièrement au festival. Nous profitons de l’émulation, du dynamisme, et nous y participons », assure Bastien Defives, du collectif de photographes Transit.

Leur semaine professionnelle, ils l’appellent « Noves Convivències » (le « Nouveau Vivre ensemble »). Deux expositions sont présentées dans cette ancienne caserne. Celle des dix ans de Transit avec la sortie d’un livre, « La France de 2012- la conspiration des instants », et celle du magazine Zmâla, une revue annuelle dédiée au travail des collectifs de photographes. Continuer la lecture

Mani : « Le reportage de guerre n’est pas une fin en soi »

Bien que conservant son pseudonyme, Mani témoigne devant les médias (Crédit photo : Camille Peter)

Mani a reçu le Visa d’or humanitaire de la Croix-Rouge pour avoir été l’un des rares photographes à partager le quotidien des opposants à Bachar al-Assad.

Etiez-vous en Syrie au moment où le conflit s’est déclenché ?

Non, j’étais au Pakistan pour un reportage sur les communautés transgenres et les communautés soufies. Je n’ai pas couvert ce qu’on a appelé le printemps arabe. Mais j’ai un lien fort avec la Syrie. Ça s’est imposé à moi. Il fallait que je fasse quelque chose là-bas. J’y ai vécu plusieurs années entre les années 1990 et 2000. La situation étant ce qu’elle était, en novembre 2011, aucun photographe n’était parvenu à rentrer dans les zones d’opposition et à documenter la répression. Etant donné les liens que j’avais avec la Syrie, le fait que je parle arabe, je me suis dit qu’il y avait une possibilité. Je me suis dit qu’il fallait essayer.

Comment expliquer que vous y soyez parvenu ?

J’ai des contacts déjà, des amis sur place qui pouvaient assurer aux responsables de la rébellion que j’étais quelqu’un de confiance. Ils étaient très méfiants vis à vis des journalistes étrangers. Ils avaient peur des infiltrations. Je pense que pour quelqu’un qui ne connaissait pas le pays, qui ne parlait pas la langue, c’était difficile d’établir cette confiance. Aujourd’hui, c’est différent. Continuer la lecture

La photo du jour : « C’est pour tromper l’ennemi »

"Football en Palestine", de l'exposition "Surface de réparation" d'Amélie Debray.

Chaque jour pendant une semaine, les festivaliers de Visa pour l’image à Perpignan se prêtent à un petit jeu : commenter et tenter de légender la photo du jour, sélectionnée parmi les nombreuses photographies de cette 24e édition du festival international du photojournalisme.

« Pour moi, c’est clair, net et précis, c’est du volley ! »

11 heures. Au bar-restaurant « Le Lisboa », place Rigaud à Perpignan. A l’intérieur, sous un drapeau portugais, le patron feuillette le journal et dicte les plats du jour à inscrire sur l’ardoise. « Ici, on soutient tous les clubs de football », lance Victor. Il jette un œil à la photo. Continuer la lecture

06 Sep

La photo du jour : « C’est la Pompadour ! »

May, journaliste, Beyrouth, Liban, Palais de l'UNESCO (Crédit photo : Hady Sy / 2e Bureau)

Chaque jour à Visa, des passants découvrent et commentent une des photographies exposées. Aujourd’hui, des Perpignanais qui attendaient le bus au pied du Castillet, se sont prêtés au jeu.

« C’est une femme de pouvoir », lance Audrey. Un avis que partage également Jean-Claude. « C’est la pose qui me fait penser à ça », précise la jeune femme. « Peut-être fait-elle partie d’un gouvernement. Ou alors d’une association… En tout cas, elle a un rôle important »« Elle n’a pas l’air de rigoler », souligne de son côté Jean-Claude, avant de demander : « Mais est-ce qu’elle serait autant maquillée si elle occupait un poste à responsabilité ? ».

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Pour les photographes, Aurélie Filippetti se trompe de priorités

La ministre de la Culture et de la communication Aurélie Filippetti. (Crédit photo archives : Ville d'Arles)

Dans une récente interview accordée au magazine Polka, la ministre de la Culture et de la communication Aurélie Filippetti parle longuement de la situation des photojournalistes. Carte de presse, droit à l’image, soucis de financement : ces sujets qui font débat à Visa y sont tous abordés. Rencontre autour d’un verre, avec les premiers concernés, au Grand café de La Poste.

L’interview d’Aurélie Filippetti, les photographes en ont vaguement entendu parler. Mais échanger spontanément autour des déclarations de leur ministre de tutelle ne leur viendrait pas à l’idée, alors que celle-ci estime que le droit à l’image pose problème. La loi Guigou* empêcherait les photographes « de pouvoir exercer leur talent, de transmettre aux générations futures leur regard sur le monde d’aujourd’hui ».

Même s’il estime ne pas être le plus compétent en matière de photojournalisme, Rémy Ourdan, grand reporter au Monde, travaille et discute beaucoup avec ses amis photographes : « Ils me racontent qu’en matière de droit à l’image, ils rencontrent plus de difficultés en France que dans des pays en guerre ». Continuer la lecture

Un autre regard sur Visa

Photo de groupe à la sortie des expositions (crédit photo : Sophie Bonnevialle)

Un groupe de huit personnes sort lentement du Couvent des Minimes. Ce sont des pensionnaires du centre de vie de Saint-Estève, pour personnes en situation de handicap. Certains sont jeunes, d’autres moins, et puis il y a ceux qui ne se souviennent pas de leur âge. Ils viennent chaque année et ils rédigent des articles pour le journal du centre. « C’est le moyen d’informer ceux qui n’ont pas pu venir », explique l’une des deux encadrantes. Ces hommes et ces femmes nous livrent leurs impressions sur le travail des photojournalistes de Visa. Souvent avec facilité, toujours avec simplicité. Mais parfois, les mots ne sortent pas. Le regard est brut, sincère. Continuer la lecture

Pour Visa, ils dorment dans leur combi VW

Mireia Sallado, 29 ans, et Eduard Gimenez, 30 ans, vivent dans leur van le temps du festival Visa pour l’Image. (Crédit photo : Mélanie Houé)

Mireia Sallado et Eduard Gimenez sont venus à Perpignan en combi VW. Le jeune couple barcelonais a même choisi d’y dormir le temps d’arpenter, pendant cinq jours, le festival Visa pour l’image. Pour eux, ce logement est « bien moins cher que l’hôtel et plus pratique pour vadrouiller. On cuisine ici aussi, c’est moins cher qu’au restaurant ».

Mercredi soir, c’est sur le parking devant le Palais des congrès qu’ils ont
élu domicile. « Cette nuit [jeudi, NDLR], on ira dans un autre endroit. L’inconvénient, c’est le parking payant. Toutes les deux heures, on doit revenir mettre 3 euros dans l’horodateur », explique Mireia. Continuer la lecture

Photojournalisme et engagement personnel : une frontière souvent floue

Chili Vie quotidienne / Nuit de la Saint Sylvestre à Valparaiso. La Pica de Yuri tenue par un militant de gauche propose sous le portrait du president Allende des sandwiches bon marche aux noms révolutionnaires. (Crédit photo : Georges BARTOLI / Fedephoto)

Militantisme. Un mot que beaucoup de photojournalistes refusent d’entendre dès qu’il s’agit de parler de leur métier. « Deux choses différentes » pour certains, « incompatible » ou « antinomique » pour d’autres. La frontière entre journalisme et engagement personnel parait pourtant bien floue .

« Le journaliste est là pour raconter une situation, une histoire. Il ne doit pas verser dans la seule dénonciation. Si l’on prend le travail de Darcy Padilla sur le sida, par exemple, il est admirable en ce sens. Elle ne dit pas que c’est inadmissible, elle montre que c’est inadmissible. La portée est beaucoup plus forte ». Assise à la terrasse du couvent des Minimes au cœur du festival Visa pour l’image, Marie-Pierre Subtil, rédactrice en chef de la revue photographique « 6 mois »,  est catégorique : la question du militantisme ou de l’engagement personnel doit être dissociée du métier de journaliste. Une distance doit être posée entre le sujet traité et le journaliste. Continuer la lecture

Radio : l’atelier des médias parle de Visa pour l’image

Ziad Maalouf et ses invités enregistrent la prochaine émission de "l'atelier des médias", diffusée samedi à 14 heures sur RFI. (Crédit photo : Romain Dimo)

Dans son émission de radio participative sur RFI « l’atelier des médias », le journaliste Ziad Maalouf propose samedi 8 septembre, à 11h à 12h30, une table ronde dans le cadre du festival Visa pour l’image 2012 de Perpignan « autour de la presse photo ou de la presse qui met la photo à l’honneur ».

Pour en discuter : Marie-Pierre Subtil, rédactrice en chef du magazine 6 mois, Olivier Laurent, journaliste au British Journal of Photography, Carole Cohen, de Zmâla, et Dimitri Beck, éditeur en chef de Polka.

Le lien vers le site de l’émission : l’atelier des médias