07 Sep

Fearless Genius : L’esprit de la Silicon Valley

"Un génie audacieux", de Doug Menuez, retrace l'évolution de la Silicon Valley de 1985 à 2000. (Crédit: Wallès Kotra)

Aucun cliché d’ordinateurs sur les photos de Doug Menuez. Des hommes et des femmes seulement, en noir et blanc. Au couvent Sainte-Claire, le photographe de 54 ans expose sa vision de la révolution numérique de 1985 à 2000. Steve Jobs en est l’un des héros.

La première photo de l’exposition « un génie audacieux » est un portrait du patron visionnaire de l’électronique, décédé il y a un an. On le voit, en réunion, parler avec ardeur et conviction à ses collaborateurs. « J’ai rencontré Steve Jobs alors que je revenais d’un reportage en Éthiopie. J’avais besoin de réaliser un sujet plus positif. Lui avait quitté Apple et était dans une quête de changement. Il avait déjà connu le succès et je savais qu’il pouvait recommencer. » Le fondateur d’Apple est présent sur près d’une dizaine de photos.

L’exposition retrace une aventure, avec ses bons et mauvais moments. « Les gens voient les hommes de la Silicon Valley comme des « geeks ». Ils font beaucoup d’argent, et on n’a pas vraiment envie d’en savoir plus sur eux. Mais il faut savoir que ce sont eux qui inventent notre futur. » Continuer la lecture

Julien Goldstein dans la chambre noire

Julien Goldstein, à l'hôtel Pams ce vendredi matin, a accepté un portrait réalisé à la chambre technique 4'' x 5''.

A l’heure du numérique, il existe encore des irréductibles de la chambre technique 4′ x 5′ (grand format, avec un négatif de 10 x 12 cm). Les deux photographes Antoine Le Roux et Yoann Le Bars l’utilisent pour réaliser une galerie de portraits.

Ce vendredi matin, à l’hôtel Pams, Julien Goldstein était le sixième photographe exposant à Visa pour l’image à accepter l’invitation. « Erika Larsen a travaillé avec le même appareil pour son exposition sur les éleveurs de rennes », indique Antoine Le Roux. Elle aura eu droit, elle aussi, à son portrait en noir et blanc, au même titre que Johann Rousselot, Ilvy Njiokiktjien…

L’avantage, assure le photographe, c’est que la chambre technique offre « des photos très piquées et de grande qualité ».

Le nouveau visage de l’agence Sipa

Mete Zihnoglu (Crédit photo : Céline Picard)

Un an après la mort de son fondateur, l’agence de presse longtemps spécialisée en photojournalisme Sipa Press se diversifie et archive l’héritage  de la « génération  Goksin Sipahioglu ».

Au Palais des Congrès, le directeur général adjoint de l’agence Sipa Press, Mete Zihnoglu, serre quelques mains avant de rejoindre son stand installé pendant la semaine professionnelle de Visa pour l’Image. L’ambiance est détendue, le tutoiement de rigueur. La « génération Sipa », décrite par Michel Setboun et Sophie Dauvillier dans 40 ans de photojournalisme, est au rendez-vous.  « Beaucoup de journalistes, aguerris comme débutants, sont passés par chez nous avant de rejoindre d’autres agences : nous sommes une grande famille et une référence depuis la création de l’agence en 1973», dit-il, sourire aux lèvres. Parmi eux,  Gérald Holubowicz : le photographe et auteur d’un e-book sur l’économie du photojournalisme, Sortir du Cadre,  a travaillé brièvement pour Sipa, avant de créer sa propre agence. Continuer la lecture

La guerre, les journalistes n’en sortent pas indemnes

Le documentaire de Martyn Burke, Under fire : journalists in combat, projeté jeudi à Visa pour l’image, traite des traumas dont souffrent certains journalistes de retour d’un pays en guerre. Ce syndrome est reconnu par les médecins sous le sigle de PTSD (post traumatic stress disorder).

Le psychiatre Anthony Feinstein, et producteur du documentaire, a lui-même suivi des reporters pendant et après un conflit. Ces derniers montrent des signes de colère, d’irritabilité, font des cauchemars, dépriment, se sentent coupables et n’ont plus goût à la vie quotidienne. Le photographe Paul Watson en témoigne dans le documentaire. Il fait des cauchemars : « Je ne peux pas m’empêcher de penser à cette image ». Il parle de la photo qui lui a valu le prix Pulitzer en 1994. Couvrant la guerre civile en Somalie, il avait photographié le corps d’un soldat américain traîné par des Somaliens dans les rues de Mogadiscio. Continuer la lecture

Les « afters » de Visa au Grand Café de la Poste

Devant le café de La Poste, place de Verdun, à Perpignan. (Crédit photo : Christophe Hubard)

22h. La terrasse du Grand Café de la Poste, rendez-vous des afters de Visa pour l’Image, est clairsemée. Aucun appareil photo en bandoulière à l’horizon. « Ce n’est pas encore leur heure, dit le patron du Grand Café de la Poste, Robert Vila. Ils sont allés à la soirée de projection.» Les employés passent un dernier coup de balai sur la terrasse. « C’est votre première soirée ici ? Profitez bien du carrelage. Bientôt, on ne verra plus un seul carreau. » Une heure et demie plus tard, la place Verdun est noire de monde. Ça bouchonne au comptoir. Les verres se vident et se remplissent rapidement. « Ceci est notre pâture et le café de la Poste est notre enclos », sourit une journaliste, en montrant sa bière fraîchement tirée.

Dans la foule, des visages familiers passent à la portée des jeunes loups du photojournalisme. Ce soir-là, le maître de cérémonie de Visa Jean-François Leroy, Ziad Maalouf de RFI, François Le Gall, prix du webdocumentaire 2012, le photoreporter Stanley Green… Continuer la lecture

En marge de Visa, les collectifs cultivent leur différence


Picture Tank, une société coopérative de diffusion de photographie organisait hier un colloque "le facteur collectif" à la Casa Musicale avec 14 collectifs de photographes, rédacteurs, éditeurs, cinéastes... (crédit photo : Aurélia Dumté)

Ils ne sont pas sur le plan officiel du festival mais ils pourraient être le numéro 12 sur la carte des expo de Visa, en face de l’Arsenal des Carmes. Même pas un petit drapeau rose du « Off ».  A la Casa musicale, il y a pourtant des expositions photos. Le Off du Off ? Surtout, ne pas dire ça ! « Nous participons au festival ! On paye notre accréditation, alors on contribue financièrement au festival. Nous profitons de l’émulation, du dynamisme, et nous y participons », assure Bastien Defives, du collectif de photographes Transit.

Leur semaine professionnelle, ils l’appellent « Noves Convivències » (le « Nouveau Vivre ensemble »). Deux expositions sont présentées dans cette ancienne caserne. Celle des dix ans de Transit avec la sortie d’un livre, « La France de 2012- la conspiration des instants », et celle du magazine Zmâla, une revue annuelle dédiée au travail des collectifs de photographes. Continuer la lecture

Mani : « Le reportage de guerre n’est pas une fin en soi »

Bien que conservant son pseudonyme, Mani témoigne devant les médias (Crédit photo : Camille Peter)

Mani a reçu le Visa d’or humanitaire de la Croix-Rouge pour avoir été l’un des rares photographes à partager le quotidien des opposants à Bachar al-Assad.

Etiez-vous en Syrie au moment où le conflit s’est déclenché ?

Non, j’étais au Pakistan pour un reportage sur les communautés transgenres et les communautés soufies. Je n’ai pas couvert ce qu’on a appelé le printemps arabe. Mais j’ai un lien fort avec la Syrie. Ça s’est imposé à moi. Il fallait que je fasse quelque chose là-bas. J’y ai vécu plusieurs années entre les années 1990 et 2000. La situation étant ce qu’elle était, en novembre 2011, aucun photographe n’était parvenu à rentrer dans les zones d’opposition et à documenter la répression. Etant donné les liens que j’avais avec la Syrie, le fait que je parle arabe, je me suis dit qu’il y avait une possibilité. Je me suis dit qu’il fallait essayer.

Comment expliquer que vous y soyez parvenu ?

J’ai des contacts déjà, des amis sur place qui pouvaient assurer aux responsables de la rébellion que j’étais quelqu’un de confiance. Ils étaient très méfiants vis à vis des journalistes étrangers. Ils avaient peur des infiltrations. Je pense que pour quelqu’un qui ne connaissait pas le pays, qui ne parlait pas la langue, c’était difficile d’établir cette confiance. Aujourd’hui, c’est différent. Continuer la lecture

06 Sep

Un autre regard sur Visa

Photo de groupe à la sortie des expositions (crédit photo : Sophie Bonnevialle)

Un groupe de huit personnes sort lentement du Couvent des Minimes. Ce sont des pensionnaires du centre de vie de Saint-Estève, pour personnes en situation de handicap. Certains sont jeunes, d’autres moins, et puis il y a ceux qui ne se souviennent pas de leur âge. Ils viennent chaque année et ils rédigent des articles pour le journal du centre. « C’est le moyen d’informer ceux qui n’ont pas pu venir », explique l’une des deux encadrantes. Ces hommes et ces femmes nous livrent leurs impressions sur le travail des photojournalistes de Visa. Souvent avec facilité, toujours avec simplicité. Mais parfois, les mots ne sortent pas. Le regard est brut, sincère. Continuer la lecture

Photojournalisme sous influence

En avril dernier, le photographe Pedro Ugarte a fait partie de la centaine de journalistes invités à couvrir le centenaire de la naissance de Kim Il-Sung, en Corée du Nord. (Crédit photo : Dimitri Kucharczyk)

Difficile pour un photographe de refuser un voyage de presse en Corée du Nord, cet OVNI politique coupé du reste du monde. Ce genre d’invitation le place pourtant dans une situation embarrassante : comment réussir à informer sans être influencé, alors que le voyage est organisé par le régime pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de son père fondateur, Kim Il-Sung ? Les voyages de presse, les reportages « embedded », le suivi d’hommes politique rompus aux techniques de communication… Le journalisme passe une bonne partie de son temps à résister aux tentatives de contrôle de l’information. Illustration au couvent des Minimes, où les photoreporters de l’AFP Pedro Ugarte et Ed Jones exposent leurs images prises en avril au pays de Kim Jong-un. Continuer la lecture