23 Août

La Loue, un « trésor régional menacé » selon les activistes d’Alternatiba, ANV COP21 et Extinction Rebellion

Action de ANV COP 21 et Alternatiba pour la Loue. Image : H.Perret

La Loue, le pont et le camping de Port-Lesney. La trilogie est parfaite pour mettre en action leurs convictions. Pendant quatre jours, des hommes et des femmes, persuadés de l’urgence à bouleverser nos comportements face au changement climatique, se sont formés à la « stratégie de lutte non-violente pour la justice climatique et sociale ».

Avec Sébastien Ménestrier mouvement ANV-COP 21 Charles Jacques Mouvement ANV-COP 21 Yaelle Militante écologiste et mère de famille Reportage L.Ducrozet, H.Perret et A.Goiffon

C’était l’objectif du camp Climat Doubs Jura, organisé pendant quatre jours au bord de la Loue à Port-Lesney dans le Jura. Dimanche matin, en guise d’exercice pratique de fin de formation, une cinquantaine de militants d’Alternatiba Besançon, de Action Non-Violente COP21, d’Extinction Rebellion, soutenus par des membres de SOS Loue et Rivières comtoises, ont occupé le pont de Port-Lesney qui enjambe la Loue.

« Des poissons, pas du poison », « la parole aux truites », « le temps nous est comté ».. Se former à l’action non-violente, c’est déjà trouver les bons slogans. Les malheurs de la Loue illustrent ce que veulent dénoncer les militants d’Alternatiba et d’ANV COP21. Si ces militants sont venus passer quatre jours pour se former, échanger, s’informer, c’est parce qu’ils sont persuadés de l’urgence de bouleverser nos comportements pour réagir au changement climatique.

Les climatologues sont clair.e.s : au rythme actuel,  d’ici 2050 il sera devenu impossible de produire du comté dans notre région ! En effet, l’augmentation de température aura rendu impossible l’élevage de vaches montbéliardes en Franche-Comté.

écrivent dans leur communiqué les organisateurs de cette action non-violente. Avec le comté, il ne s’agit pas seulement de faire un jeu de mots mais de rappeler l’impact de certaines pratiques agricoles sur l’environnement. Les militants s’appuient sur la récente étude des chercheurs bisontins du laboratoire Chrono-environnement de l’Université de Franche-Comté pour expliquer pourquoi ils ont choisi le pont de Port-Lesney comme lieu symbolique de leur action.

La destruction de la Loue (est) provoquée par notre modèle économique et l’agriculture intensive notamment. Ironie du sort, les premiers responsables seront aussi les premières victimes.

D’où le choix de ne pas manifester devant un symbole du monde agricole. Il s’agissait avant tout de « sensibiliser le grand public ». « Ce n’est pas une action contre le monde agricole, explique l’un des militants. Mais contre le système dont les agriculteurs sont aussi victimes ».

Dans leur communiqué, les activistes s’interrogent :

« À qui profite ces modèles économique et agricole ? Aux agriculteurs qui s’endettent sur des dizaines d’années ? Aux animaux d’élevages, que l’on cherche à entasser dans des fermes-usines ? À nos sols et nos rivières ? Aux consommateur.rice.s ?

C’est bien à un système entier qu’Alternatiba et ANC COP-21 s’opposent. Les activistes rappellent que le traitement des bois, les pesticides dans nos jardins, la pollution des voitures, des enrobés routiers ou d’anciens sites industriels ou d’anciennes décharges, la collecte et le traitement des eaux usées sont aussi à l’origine du mauvais état de la Loue.

Action d’Alternatiba, ANV COP 21 et SOS Loue à Port-Lesney. Photo :L.Ducrozet

Pour eux, la désobéissance civile est l’outil pour s’opposer à cette évolution de la société et proposer des alternatives. L’occupation du pont de Port-Lesney a été mise au point dans un cadre légal car c’était une « simule action » mais dans les mois à venir, les activistes envisagent d’appliquer ce qu’ils ont appris pendant des actions illégales et non-violentes. En France, il y a eu cet été une quinzaine de Camps Climat comme celui de Port-Lesney. 

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr