20 Avr

La sécheresse aggrave le mauvais état de la Loue, le Dessoubre et du Doubs : des rivières

Le Dessoubre pres de Plaimbois du Miroir (25). Photo Thomas Poulleau, fédération de pêche du Doubs.

La sécheresse de ce printemps fragilise les rivières de Franche-Comté. Le faible niveau d’eau engendre la concentration de nitrates ou de phospates dans les cours d’eau ce qui provoque un développe d’algues néfaste pour les truites et les ombres de ces rivières de première catégorie. Le champignon Sapronelia peut plus facilement toucher des poissons fragilisés par un milieu aquatique dégradé. Des mortalités d’ombres ont été constatées dans le Dessoubre. Un phénomène qui survient à l’issue de la période de reproduction des ombres mais qui reste anormal. Les associations de défense de l’environnement ne baissent pas les bras et elles préparent un plan d’actions pour dénoncer la « mort silencieuse des rivières ».

Dans la vallée du Dessoubre, il n’a pas plu depuis le10 mars. Les températures extérieurs sont relativement élevées. Conséquence directe pour les rivières : les étiages (niveau d’eau) correspondent à ceux observés en été !  A Loray, il n’y a plus une goutte à la source de La Reverotte, un des affluents du Dessoubre et il y a même un assec à La Sommette.

C’est ce qu’a constaté Thomas Poulleau, chargé de développement à la fédération de pêche du Doubs. Exceptionnellement, à la demande du président de la fédération de pêche du Doubs, ce grand connaisseur du Dessoubre est allé sur le terrain, sinon il est confiné. Les agents de l’Office Français de la Biodiversité sont aussi confinés et leurs sorties sur le terrain sont réglementées.

Le 16 avril, Thomas Poulleau a parcouru une trentaine de km du Dessoubre soit presque toute la rivière qui fait environ 34 km. Une rivière facile à observer tellement le niveau est bas et les remous rares. Le technicien est parti de Saint Hippolyte et il est remonté jusqu’au moulin Girardot à 3 km des sources en aval . C’est à 1 km en amont de Saint Hippolyte, à la confluence avec le Doubs, au barrage des deux moulins, qu’il a vu 4 ombres morts et beaucoup d’algues. Les fonds sont colmatés, signe d’une rivière trop nourrie par les différents rejets agricoles et des stations de traitement des eaux qui dysfonctionnent.

Le Dessoubre près de Saint Hippolyte. Photo Thomas Poulleau, fédération de pêche du Doubs.

Le salarié de la fédération de pêche a procédé à une dizaine d’observations, ce qui correspond à deux kilomètres de rives. Il a relevé une quinzaine d’ombres morts et 6 malades atteints par le sapronelia, ce  champignon qui a déjà ravagé des truites et des ombres lors des précédentes mortalités en 2014 et 2017.

Au regard des observations des années précédentes, ces chiffres ne sont pas alarmants. Cela correspond sans doute à une mortalité due à la fragilité des ombres qui sortent de leur période de reproduction mais cela reste anormal selon Thomas Poulleau.

Ces mortalités d’ombres n’ont pas été constatées, pour l’instant, sur la Loue et le Doubs franco-suisse même si ces rivières souffrent elles aussi de cette sécheresse précoce et des rejets des activité humaines encore trop importants.

Une situation qui désespère les amoureux des cours d’eau. Les premières mortalités massives dans les cours d’eau francs-comtois remontent à 2009. Malgré leurs mobilisations et la mise en place de programmes d’actions, pêcheurs et défenseurs de l’environnement attendent encore les bonnes nouvelles :

« Depuis dix ans, sur la Loue, il n’ y a eu aucune amélioration du cheptel piscicole. On commence à se poser des questions avec les ONG environnementales pour savoir comment on va faire pour mettre l’Etat devant ses responsabilités parce que c’est très grave maintenant »

déclare Gérard Mougin, président de la fédération de pêche du Doubs à mes collègues Thierry Chauffour et Laurent Brocard.

Effectivement, selon les dernières études de la fédération de pêche du Doubs sur les sites de Cléron et de Mouthier-Hautepierre, les truites et les ombres sont de plus en plus rares.

Evolution des biomasses globales en kg/hec sur le site de la Loue à Mouthier-Hautepierre. Etude de la Fédération de pêche du Doubs.

 

En 2019, La biomasse de la truite est passée sous la barre symbolique des 100kg/hectare sur le site de Mouthier Haute-Pierre, pourtant situé en tête de bassin. A Cléron, la situation est plus contrastée puisque l’Ombre qui avait quasiment disparu en 2012, est de nouveau présent. Mais, hormis l’Ombre, « la totalité des espèces présentent des abondances très faibles, sans évolution significatives depuis 2012 », date du début du suivi à Cléron.

Ces mauvaises nouvelles ne font pas baisser les bras des défenseurs des rivières. Au contraire ! Cinq associations se sont réunies récemment pour intensifier leurs actions. SOS Loue et rivières comtoises, France Nature Environnement, La Fédération de pêche du Doubs, ANPER( Association Nationale pour la Protection des Eaux et des Rivières) et le Samu de l’environnement, font un amer constat :

« Dix ans après les premières mortalités, malgré des manifestations importantes, l’engagement de nombreux bénévoles, la diffusion de 74 propositions, un travail très conséquent sur l’assainissement, l’agriculture, la sylviculture etc.. Le constat reste affligeant. »

 

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Les associations annoncent un plan d’action pour toutes les rivières de Franche-Comté et celles de l’Ain avec des actions en justice et une dénonciation de toutes les sources de pollution. La fin du confinement s’annonce très actif pour les associations qui ont déjà signalé des atteintes à l’environnement sur le site internet de SOS Loue et rivières comtoises.

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr