Les pêcheurs à la mouche membres du très chic « International Fario Club » ont le sens de la reconnaissance. Chaque année, ils décernent un prix à une association qui agit pour la protection des rivières. Le prix 2015 a été décerné au collectif SOS Loue et rivières comtoises, créé en 2010, à la suite des fortes mortalités de poissons dans la Loue. Le jury du Prix Charles C. Ritz a décerné ce prix de 3000 euros au collectif franc-comtois car ils ont été impressionnés par le travail fourni par ses bénévoles et leur « détermination sans faille d’entreprendre de nombreux projets en vue de rattraper les offenses infligées depuis des années sur les rivières karstiques du massif jurassien, notamment sur la rivière Loue ». Pour cette édition 2015, le jury avait reçu une dizaine de candidatures.
Et c’est en 2020, que vous pouvez découvrir l’importance de ce prix grâce au film de Laurent Sainsot et Philippe Laforge. Dans cette version courte intitulée « Des Sentinelles au chevet des rivières », diffusée à l’occasion du célèbre Rise Festival France, vous pourrez découvrir les actions des lauréats des autres années. Lors du tournage de ce film, j’avais rencontré Philippe Laforge qui m’avait demandé de livrer mon « regard extérieur » sur l’action de SOS Loue et rivières comtoises;
« C’est une grande joie ! Une magnifique reconnaissance de notre travail d’autant plus qu’elle vient de l’extérieur, de Paris et même de l’étranger ! » : Marc Goux, un des piliers du collectif SOS Loue et rivières comtoises ne cache pas sa satisfaction ! Recevoir le prix de l’International Fario Club peut contribuer à augmenter la notoriété du collectif hors Franche-Comté. La soixantaine de membres de l’International Fario Club pêche à la mouche dans le monde entier. Ils ont des« liens fraternels avec les Refendus de Munich, le Flyfishers Club de Londres, l’Anglers Club de New York, l’Österreichische Fischerei Gesellschaft, le Royal Casting Club de Belgique et compte désormais une organisation affiliée, les Fario Friends of Tokyo. » peut-on lire sur leur site internet.
L’histoire de ce club est assez séduisante. Elle évoque le monde sélect de la pêche à la mouche, ces passionnés qui passent leurs loisirs à taquiner les salmonidés. Dans les années 50, le fils du fondateur des hôtels Ritz est un « arpenteur de rivières » et sa démarche est limpide, elle se résume dans sa devise :
« La rivière est un don d’éternité, la cultiver est une responsabilité des temps présents »
D’où la démarche altruiste de ces pêcheurs qui financent eux-mêmes ce prix annuel. Ils savent pertinemment qu’ils ne pourront continuer à vivre leurs passions que si les rivières sont en bon état. La plupart des lauréats précédents sont des associations de pêche qui ont mis en place des actions de sauvegarde des milieux. Certains d’entre eux venaient régulièrement dans la vallée de la Loue jusqu’à ce que les mortalités les détournent vers d’autres rivières lointaines.
« La Loue, rappelle Jean-Marc Vervelle, le président du jury du prix Charles C.Ritz est connue dans le monde entier. En France, c’est le seul endroit où il y a un véritable business de la pêche à la mouche avec hôtels-restaurants, guides professionnels, vente de matériel spécialisés… »
Après cette interruption due au mauvais état de la Loue, quelques membres de l’International Fario Club sont revenus dernièrement pêcher dans la haute vallée de la Loue. le Franc-comtois Gérard Piquard les a accompagnés lors de leur séjour et assure qu’ils reviendront l’année prochaine. Et c’est Gérard Piquard, pêcheur à la mouche depuis une quarantaine d’années et membre de SOS Loue et rivières comtoises qui a proposé la candidature de son collectif pour ce prix prestigieux. Une récompense qui symbolise l’engagement citoyen pour sauver les rivières comtoises.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr