C’est l’une des plus grandes pêches électriques de France. La Fédération de pêche du Doubs avec le soutien de l’Agence de l’eau RMC, de l’Office français de la Biodiversité et du conseil départemental du Doubs organise depuis 2014 ce comptage de poissons tous les ans à la mi-juillet. Cette régularité doit permettre d’évaluer l’efficacité (ou non) des actions mises en place depuis les fortes mortalités de truites et d’ombres en 2009 et 2010.
Ce programme de pêche électrique est prévu, cette année, entre le 20 juillet et 28 juillet mais tout dépend des conditions météo. Comme à chaque fois, le comptage des poissons est réalisé sur le Dessoubre au Moulin du Dessus, au Moulin de Belvoir, à Moricemaison et Fleurey; sur le Cusancin à Pont-les-Moulins et Guillon-les-Bains, sur le Lison à Nans-sous-Saint-Anne et Lizine; Enfin sur la Loue à Mouthier et Cléron. C’est cette dernière qui est la plus « spectaculaire ». Une cinquantaine de pêcheurs viennent prêter main-forte sur ce tronçon de la Loue qui traverse la propriété du château de Cléron.
Le principe de la pêche électrique est de dresser un inventaire à instant t sur un espace défini. Un courant électrique continu est généré dans l’eau, cela force les poissons à nager vers les pêcheurs qui les recueillent alors dans leurs filets…L’opération est renouvelée trois fois sur ce tronçon de la Loue, pour un comptage le plus exhaustif possible des espèces.
Truites Fario, ombres, chevesne, chabot, loches sont bien là mais en quantité nettement insuffisante par rapport à ce que l’on pourrait attendre dans une rivière de ce type qui n’aurait pas de problème de pollution. C’est ce que constate Christian Rossignon de la Fédération du Doubs pour la pêche et la protection du milieu aquatique.
Les espèces sont présentes mais pas en grande quantité. Le Haut Dessoubre est la rivière la plus épargnée mais à Cléron, on est à 50 % de ce que l’on est en droit d’attendre ici, même à 80 % pour les truites.
La fédération de pêche du Doubs a publié récemment le bilan des pêches électriques en 2019. A Cléron, la quantité de poissons ne parvient pas à progresser.
Le peuplement est conforme à la référence d’un point de vue qualitatif, mais quantitativement très déficitaire, avec des biomasses globales évoluant sensiblement à la baisse. La totalité des espèces, hormis l’ombre, présente des abondances très faibles, sans évolutions significatives depuis le début du suivi en 2012.
La biomasse de la population de truites est au plus bas (plus faible valeur depuis le début des suivis), mais le recrutement annuel connaît une certaine embellie tout en demeurant relativement faible. Les juvéniles d’un an sont très peu représentés.
Pour l’ombre, les densités numériques augmentent à nouveau en raison d’un recrutement annuel de bon niveau. Néanmoins, le tassement des effectifs des stades plus âgés engendre une baisse de biomasse après plusieurs années de progression. L’abondance globale de l’espèce est cependant stabilisée depuis 3 saisons.
Parmi les espèces accompagnatrices, le vairon est le seul à progresser quelques peu en gagnant pour la première fois une classe d’abondance (mais en restant toutefois largement déficitaire).
Un bilan peu enthousiasmant pour les défenseurs des rivières et des poissons et qui symbolise assez bien ce qui se passe dans les rivières comtoises. La Loue est toujours d’après les critères européens une « rivière en bon état écologique » mais, en réalité sa santé n’est pas top.
C’est ce qu’a pu constater sur le terrain le tout nouveau directeur des territoires du Doubs (DDT). Patrick Vauterin a pris son poste il y a un mois. Les critères définis par la DCE, la directive cadre sur l’eau ne permettent pas d’avoir une qualité optimum.
Il faut aller plus loin. C’est tout l’effort qui a été fait dans ce département et qu’il est nécessaire d’approfondir encore pour aller plus loin.
Le nouveau directeur des services de l’Etat insiste sur le travail en partenariat pour parvenir à une amélioration du milieu aquatique. Il rappelle que le règlement sanitaire du département est plus contraignant dans le Doubs que dans les autres départements et que les normes pour les stations d’épuration sont calculées en fonction du milieu.
Il faut du temps pour qu’il y ait une réponse biologique dans la rivière. C’est sur le long terme que l’on va pouvoir mesurer les effets des différentes actions
admet Julien Bouchard, Chef service connaissance à l’Office français de la biodiversité (OFB). Patrick Vauterin est encore optimiste.
En matière de politique de l’eau, ce qui est important est de pouvoir jouer sur tous les outils.
Des outils variés : Prévention, accompagnement, pédagogie et aussi répression.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr
VOS COMMENTAIRES :
JACQUES MAIROT : » On continue à faire joujou et à patauger dans une rivière qui depuis plus de cinquante années est mise à mal par des »experts » qui ne prennent même pas le temps d’observer le milieu aquatique depuis les berges ou de se renseigner auprès de pécheurs et observateurs spécialisés qui la fréquentent régulièrement et l’étudient depuis de nombreuses décennies et en connaissent toute sa sensibilité.
Votre vidéo me rappel les fameuses pêches miraculeuses des années 1950 à 1960 qui étaient sensées (selon les spécialistes de l’époque) éradiquer certaines espèces de poissons dits nuisibles aux truites et ombres endémiques pour répondre aux plaisirs de pêche d’étrangers aux communes riveraines.
Ces pratiques aberrantes ont statistiquement déséquilibrées les milieux qui n’ont jamais retrouvés leurs capacités de renouvellement. Nous payons encore aujourd’hui ces erreurs environnementales et comportementales. La pêche électrique de Cléron pratiquée à grande échelle me rappelle cette période. Par ailleurs, rappelons au passage que ces pêches spectacles d’autrefois, ont bien servi certains représentants associatifs et restaurateurs de la basse vallée de la Loue.
Bientôt, il faudra classer la Loue en deuxième catégorie et en faire une pisciculture pour touristes (les groupes industriels du tourisme qui proposent des villages de vacances sont déjà à l’affût). Il faudra bientôt ne céder cette rivière qu’aux activités touristiques et ludiques (aux canotages et aux baignades pratiqués, malgré l’interdiction, par certains pseudo-jouisseurs de la nature qui s’accaparent la rivière en se donnant le droit de remonter à contre-courant le cours de la rivière).
Il y a quelques années, discrètement, des spécialistes hydrologues et biologistes d’une université Suisse nous avaient avertis que la pêche intensive à la mouche pratiquée par les accros de ce mode de pêche (dite sportive) contaminent en se déplaçant dans dans le lit de la rivière des zones et des surfaces considérables. Ce mode de pêche qui nécessite généralement de rentrer dans l’eau a pour conséquence de raguer en permanence le fond et d’ensemencer de nouvelles zones rocheuses et sédimentaires par des bactéries et microorganismes devenus au cours du temps et de l’intensité et agressivité de nouvelles activités humaines polluantes, des molécules et particules pathogènes ayant pour finalité la baisse de l’immunité quasi essentiellement des salmonidés.
Ce mode de pêche intrusif pollue beaucoup plus que le mode de pêche au toc. En s’invitant dans le cours d’eau, le pêcheur à la mouche déplacent des agents pathogènes qui migrent de place en place et investissent durablement les fonds colmatés par la pollution. Même les grandes crues de printemps ne peuvent nettoyer le cours d’eau. Mais aussi, par cette méthode de pêche, (no kill) les prises remises à l’eau, sont souvent à la limite de l’asphyxie, stressées, elles perdent leurs défenses immunitaires, puis sont démunies de leur mucus protecteur avec pour conséquence d’être polluées par des saprolégnias parasiticas devenues résistantes et mutantes. Ce parasite fongique est le plus souvent transmis en priorité par le pécheur qui propage la maladie de poisson en poisson, d’autant qu’il prend son temps de faire des selfies de chacune de ses énièmes prises. Le même poisson rendu à la rivière pourra avoir été péché plusieurs fois dans la même saison (ou la journée), il ne pourra pas être dans sa forme optimale en période de fraie.
La course au progrès et la course à la productivité intensifie la dégradation des milieux naturels. En sous-sol karstiques les effets sur les cours d’eau sont immédiats (nous payons cash nos déviances environnementales). Nos rivières sont des exutoires immédiats de nos comportements environnementaux et de nos décisions humaines. Ainsi des pressions mercantiles et des états d’esprit peu ouverts et ne voulant nullement être impliqués et se responsabiliser, interdisent de prendre en compte les bonnes mesures, mettre en œuvre des décisions et comportements dits de bon sens pour protéger et sauvegarder au plus vite les milieux humides, rivières et réserves souterraines de Franche-comté.
La construction de fermes à proximité des berges, dites en semi stabulation, avec toutes les conséquences néfastes que produisent les lisiers sur les états physicochimiques des cours d’eau et leurs concentrations en métabolites chimiques et pharmaceutiques dont on n’imagine et évalue pas encore totalement les effets cocktails biocides sur le vivant. Ces exploitations agricoles sont nécessaires à la vitalité de la région, mais elles devraient être judicieusement localisées, faire l’objet d’un contrôle qualité permanent et d’une couverture de risques par les assureurs ou par des organismes mandatés par l’état.
Le cahier des charges de l’A.O.P Comté récemment rédigé ne le fut que pour le seul intérêt et le but de permettre l’augmentation de la production à l’exportation (alors qu’il suffisait de faire un copiè/collé du cahier des charges de l’élevage et de l’agriculture biologique). Un cahier des charges spécifique en AB pour la filière Comté aurait amélioré le sort de nos rivières et sous-sols et crédibilisé commercialement la filière.
Les fruitières à Comté ne cessent de déverser leurs petits laits et autres solvants de nettoyage des cuves directement dans les cours d’eau voisins ou dans les dolines proches des exploitations. La pratique dite accidentelle veut qu’ils se débarrassent le plus souvent de leurs effluents plus particulièrement les jours de crues annoncées.
Les résidus de fumaison et de nettoyage des tuyés avec des solvants ou agents tensioactifs puissants sont en partie à l’origine des HAP hautement cancérigènes que véhiculent à doses homéopathiques les eaux des ruisseaux et rivières pendant des années.
Les sapins plantés à faibles altitudes et à proximité de dolines provoquent par leur acidité une intensité de la solubilité des carbonates de calcium et en conséquence l’augmentation du pH des cours d’eau et nappes géologiques.
Les traitements chimiques intensifs et continus des bois de construction dans les scieries s’ajoutent aux polluants industriels et ménagers des villages qui ne traitent pas leurs effluents.
Plutôt que de faire des comptages électriques systématiques, j’invite tout un chacun à se poster sur la rive droite de la loue à Ornans, à quelques encablures en aval de la passerelle, là ou il est nul besoin de faire de comptages par chocs électriques (qui induisent, j’insiste, des stress aux rares salmonidés encore survivants). Depuis la passerelle, haut lieu touristique, il est aisé d’y compter le peu de poissons encore vivants (et de faire par calcul logarithmique une extrapolation globale des densités de poissons au Km2). Mais surtout, cela permettra aussi, (au grand plaisir des touristes) de compter les cadavres de poissons qui flottent parmi les irisations huileuses, les mousses ménagères et autres déchets organiques et inorganiques que rejette la cité de Courbet. Cela, n’étant du restes, que l’infime partie visible du cloaque qui traverse la ville. »