N’oubliez pas les rivières et les milieux aquatiques ! Cela pourrait être un des slogans de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée et Corse. Conscients de la multitude des dossiers à traiter pour les nouveaux élus et des récentes priorités inhérentes à la crise sanitaire, le principal financeur de la politique de l’eau en France vient de lancer un appel à projets pour « accélérer le redémarrage des investissements dans le domaine de l’eau ».
Jusqu’à fin 2021, des territoires qui n’avaient pas jusqu’alors accès à ces financements vont pouvoir en bénéficier, les taux sur certaines actions seront augmenter. Cet appel à projets « Rebond eau biodiversité climat 2020-2021 » bénéficie d’une enveloppe de 180 millions d’euros.
Ces projets concernent les services d’eau et d’assainissement, la protection de la ressource en eau, la restauration de la biodiversité et des milieux aquatiques, la lutte contre les pollutions et des économies d’eau et le soutien à l’agriculture biologique.
L’Agence de l’eau, financée par des redevances, est le principal levier financier pour l’amélioration des milieux aquatiques. Avec en ligne un objectif fixé par Bruxelles : avoir 100 % des rivières en bon état écologique en 2027. Un but plusieurs fois remanié et difficilement atteignable.
26% des rivières en bon état écologique en 2020
Ce 2 juillet 2020, l’Agence de l’eau a fait le point sur l’état de santé des rivières comme elle le fait tous les deux ans. En Bourgogne Franche-Comté, 26% des rivières sont en bon état écologique. En 2018, 33% des cours l’étaient. Est-ce que cela veut dire que la situation se dégrade ? Selon Laurent Roy, directeur de l’Agence de l’eau RMC, ce n’est pas le cas, au contraire, les rivières sont en meilleure santé ! Entre 2008 et 2018, la toxicité due aux métaux a été divisée par six. Autre exemple, la concentration moyenne en phosphore dans les eaux a été divisée par dix entre 1990 et 2018.
En fait pour comprendre ce paradoxe, explique Laurent Roy, « on cours vite sur un tapis roulant qui avance dans l’autre sens ! ».
En 1990, 25 paramètres servaient à des mesures, ils étaient 1300 en 2018. Quand on cherche, on trouve.
Trouver, c’est l’obsession aussi de Gilles Séné. Ce scientifique étudie minutieusement depuis plusieurs années, les données publiques de l’Agence de l’eau. Grâce à ces données, Gilles Séné, a comptabilisé à la source du Doubs 955 micropolluants dont 596 pesticides qui ont été détectés. Détectés ne veut pas dire quantifiés, fait remarquer le scientifique qui vient de publier une étude sur les métabolites, des « variantes » de molécules qui ne sont pas toutes comptabilisées mais qui au final, risque d’augmenter l’effet cocktail.
Concrètement, les critères pour évaluer les rivières évoluent, ils s’affinent, cela devient de plus en plus difficile d’obtenir un bon état écologique d’autant plus que tout compte. « Mais, relativise Laurent Roy, sur le long terme, la qualité des cours d’eau s’améliore ». Par exemple, « la toxicité moyenne des substances pesticides a été divisée par deux sur la période 2008-2018 ». Mais, note l’agence « la présence des pesticides en concentration excessive reste la première cause des dégradation des nappes souterraines ».
« Besoin de bons projets »
En Bourgogne Franche-Comté, l’urgence pour l’Agence de l’eau est de « redonner un fonctionnement naturel aux rivières », un travail important, long mais plus facile que la lutte contre les pollutions diffuses qui nous concernent tous. 81 % des rivières présentent une morphologie dégradée et 53% sont cloisonnées par des seuils et des barrages. C’est le cas de la Loue.
Entre 2013 et 2018, l’Agence de l’eau RMC avait un budget de 3 milliards d’euros. Une enveloppe en baisse dans le programme suivant : 2,6 milliards d’euros soit 440 millions d’euros par an pour l’ensemble du bassin. Comme on l’a vu, il y a des budgets pour améliorer la qualité des cours d’eau, « ce n’est pas le manque de subvention qui bloque, on a pas de fil d’attente, souligne Laurent Roy, on a d’abord besoin de bons projets ».
En orientant ses priorités et ses participations financières à des projets, L’Agence de l’eau, favorise des pratiques plus favorables pour les rivières. En particulier, en direction du monde agricole. En 2020, l’Agence a mis en place un nouvel outil : le paiement pour service environnemental. 30 territoires ont candidatés et 21 ont été retenus. Dans notre secteur, la plaine de Gray, le Grand Besançon et Lons-le-Saunier ont été sélectionnés.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr