12 Jan

Sécheresse en plein hiver dans le Haut-Doubs : l’enjeu des ressources en eau potable

Eau potable

Eau potable

Juste deux jours avant Noël, pas une goutte d’eau ne sortait du robinet de quelques habitations d’Arc-sous-Cicon… La ressource en eau est fragile, on a tendance encore à trop souvent l’oublier. Depuis trois semaines, la société Gaz et Eaux appelle les habitants de la crête du Haut-Doubs à modérer leur consommation d’eau. Une première dans ce secteur qui peut s’expliquer par la sécheresse de ces derniers mois. Les dernières pluies remontent au 20 novembre dernier. Les ressources en eau sont à la moitié de ce qu’elles devraient être à cette période de l’année. La situation est préoccupante car la météo ne devrait pas s’améliorer, une période de gel est annoncée pour les jours prochains. Selon les services techniques de la ville de Morteau, il manquerait actuellement entre 150 à 170 m3 d’eau par jour d’où l’incitation à la chasse au gaspillage. Autre mesure, le recensement de tous les agriculteurs du secteur pour éventuellement les approvisionner par citerne dès lundi prochain.

Aujourd’hui, la préfecture du Doubs vient de publier un communiqué demandant aux habitants d' »éviter les usages non indispensables » et de »limiter les prélèvements pour préserver les rivières en cette période de reproduction de la truite fario » et de « limiter les rejets dans les cours d’eau  » pour éviter la concentration en polluants. Les services de l’Etat sont en pleine réflexion pour éventuellement organiser un prélèvement dans le Doubs mais rien ne sera décidé avant 15 jours.

A l’heure actuelle, sept unités hydrographiques francs-comtoises sur huit sont en situation d’alerte ou d’alerte renforcée.

Voici le reportage tourné aujourd’hui par Stéphanie Bourgeot, Laurent Brocard et Medhi Bensmaïl :

De nombreux élus du Doubs ont pris conscience de cet enjeu pour les années à venir : parvenir à alimenter en eau potable les habitants. En octobre dernier à Ornans, les scientifiques du BRGM annonçait que dans les années 2045-2065, la quantité d’eau qui alimente les nappes d’eaux souterraines (ce que les scientifiques appellent la « recharge ») devrait baisser, pendant les périodes estivales, de 25 à 50% par rapport à aujourd’hui. On savait qu’en été, les ressources en eau peuvent se raréfier mais là, nous sommes en hiver !

D’où la nécessité de mieux organiser les prélèvements de cette ressource naturelle. En octobre dernier, près de 300 élus du Doubs ont participé à l’une des neuf réunions organisées par le conseil départemental du Doubs pour présenter un diagnostic détaillé sur l’état du schéma départemental d’alimentation en eau potable dans le Doubs. A l’origine de cet état des lieux confié à la Safege, une demande des gestionnaires de l’eau potable à l’Ouest du département. Conscients de la nécessité de diversifier les sources d’approvisionnements et de préserver cette ressource, ces élus ont demandé au département de mener cette réflexion. D’autant plus que c’est le département et l’Agence de l’eau qui financent les travaux d’amélioration du réseau. L’occasion aussi d’évoquer les boulversements induits par la loi NOTRe : D’ici 2018 ou 2020, la gestion de l’eau sera confiée aux communautés de communes.

Quel diagnostic pour le secteur de Morteau ? La ville a été rattachée à un secteur intitulé Haut-Doubs Nord en fonction des bassins versants. Des interconnections existent déjà entre Morteau, Montlebon et le SIE du Plateau des Combes mais il va sans doute falloir diversifier dans les années à venir les ressources. La Safege précise dans son diagnostic qu’il y a « quelques problèmes à l’étiage sévère mais pas majeurs », pourraient-ils finalement le devenir ? Autre amélioration possible : diminuer les fuites sur le réseau. Pour le secteur du Haut-Doubs Nord, plus de 35% de l’eau serait perdue en cours d’acheminement, c’est plus que le taux moyen du Doubs ( 21%).

Plus globalement, ce diagnaostic a mis en évidence un trop grand nombre de communes en charge de l’eau : 300 collectivités dans le Doubs. Le nombre de captages est également très important : 360 ! La grande majorité des captages est protégée ou en cours de protection selon la loi du Grenelle de l’environnement. Quant au prix de l’eau, il est aussi très variable, il peut aller d’un à six euros ! La particularité des sols karstiques est aussi à prendre en compte. Des petites sources à faible rendement  approvisionnent les communes et les sols karstiques ne filtrent pas l’eau d’où des problèmes de turbidité. La caractéristique de ce secteur est une grande diversité de situation qui pourront être à l’origine de crispation lors du transfert de compétences dans le cadre de la loi NOTRe.

 

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)franctv.fr