Une sécheresse en plein hiver : la situation est aussi inédite que préoccupante. Debut janvier, des confrères avaient filmé la source de l’Ain à sec et la semaine dernière nous sommes allés dans le Haut-Doubs constater l’ampleur de cette sécheresse. Les préfectures du Doubs et du Jura ont publié des communiqués demandant aux particuliers, aux collectivités et aux professionnels ( agriculteurs et industriels) d’avoir des « gestes simples » pour réduire les sources de pollution dans les cours d’eau. Cela est particulièrement important en cette période de reproduction des salmonidés précisent ces administrations.
« Compte-tenu des faibles précipitations dans le département du Jura depuis le mois de décembre 2016, et de la vigilance actuellement observée sur les cours d’eau à salmonidés (classés en 1ère catégorie piscicole), liée à la fin de la période de reproduction pour les truites fario, la pollution émise par les activités humaines doit être limitée. »
Voici donc les recommandations de préfecture du Jura, identiques à celle demandées par le Doubs, le 12 janvier :
aux particuliers :
d’éviter des consommations excessives d’eau, en utilisant des détergents sans phosphates,
de veiller au bon entretien si tel est le cas, du système
d’assainissement non collectif. La vidange doit être réalisée (par un vidangeur agréé) tous les quatre ans pour la plupart des fosses toutes
eaux.
aux collectivités :
de veiller au bon fonctionnement des systèmes d’assainissement
collectif,
de surveiller, surtout en cas de grand froid, les systèmes hydrauliques et électromécaniques des stations d’épuration,
d’être particulièrement vigilant si des points d’accumulation de pollution sont connus dans les réseaux.
aux agriculteurs :
de limiter les épandages,
de veiller à la maîtrise des rejets dans le milieu naturel ou dans des réseaux de collecte.
aux entreprises : d’accorder une attention particulière aux rejets qui pourraient être effectués dans le milieu naturel ou dans des réseaux de collecte.
Le constat d’une pollution ou d’une mortalité importante de poissons peut être signalé aux maires des communes concernées ou à l’un des services suivants :
Direction départementale des territoires du Jura (service en charge de la police de l’eau (ddt@jura.gouv.fr) ;
Agence française pour la biodiversité (sd39@onema.fr) ;
Gendarmerie ;
Fédération départementale pour la pêche et la protection du milieu aquatique.
A noter que le BRGM ( Bureau de recherches géologiques et minières) vient de préciser qu’ « au 1er janvier, seuls 45% des réservoirs affichaient un niveau supérieur ou égal à la normale, les 54% restants étant inférieurs. Le pourtour du Bassin parisien, l’Ouest, le Sud-Ouest et une grande partie de l’Est sont déficitaires en recharge en eau. A l’origine de cette situation, le mois de décembre 2016, qui est le plus sec de tous les mois de décembre de la période 1959-2016, avec un déficit de pluie proche de 80%, détrônant décembre 2015 (déficit de 70%), souligne le BRGM.Parmi les nappes présentant un niveau très déficitaire, figurent les aquifères de Lorraine, de Franche-Comté ou encore la nappe des calcaires jurassiques du Bessin, en Basse Normandie. »
L’intention des administrations est louable mais ces « gestes simples » devraient s’appliquer au quotidien ! Les pêcheurs ont le moral en berne. Déjà, dans le Jura, la pêche pour les rivières de première catégorie a été fermée début septembre au lieu du 3 eme dimanche de septembre comme d’habitude. « On a voulu marquer le coup, pour nous, c’est une catastrophe » me précise André Grappe, président de la Gaule du bas Jura.
La situation de la Bienne est particulièrement préoccupante : cette année, la pêche dans les parcours gérés par l’AAPPMA La Biennoise sera interdite. Suite à l’épisode de mortalité du printemps 2016, la préfecture du Jura a suivi la demande de l’AAPPMA La Biennoise. Et dans le Doubs, le no-kill sera de rigueur sur toute la Loue. Une mesure de précaution là aussi prise pour préserver les salmonidés.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr