02 Août

Retour sur la Conférence de Quingey : divergences sur le calendrier.

Les services de l‘Etat viennent de mettre en ligne les documents présentés lors de la première réunion de la Conférence départementale Loue et rivière comtoises. Prochainement, la retranscription des débats sera également rendue publique. Belle initiative pour tout ceux qui, comme moi, n’ont pas pu y participer.

Le 5 juillet dernier, représentants de l’Etat, du conseil général du Doubs et leurs élus, des représentants d’associations, des syndicats mixtes, de l’Agence de l’eau, se sont retrouvés à Quingey pour tenir une «Conférence», réunion de travail promise lors des assises de la Loue. Quelques jours plus tard, la Commission de Protection des Eaux et le collectif SOS Loue et rivières comtoises publiaient un communiqué.

Selon les eux, «la voie du changement n’est pas franchement en marche pour sauver les rivières comtoises» tout en reconnaissant les «bonnes intentions d’un certain nombre d’acteurs». Il est vrai que les projets mis en place ces dernières années (principalement plan d’épandages, travaux dans les stations d’épuration) n’ont pas permis de constater une amélioration de la santé de la Loue. Pour la Commission de Protection des Eaux et SOS Loue et rivières comtoises, «il faut agir vite et dès maintenant»

Et c’est justement dans cette gestion du calendrier que les points de vue sont les plus divergents. Pour le président du Groupe scientifique Jean-François Humbert, il est encore trop tôt pour agir avec efficacité car les données scientifiques sont insuffisantes :

«Je défie quiconque de dire qui produit le plus de phosphore dans la rivière. En l’état actuel des connaissances, on est incapable de dire si c’est plus l’activité agricole ou humaine (traitement des eaux usées) qui est le plus responsable des excédents de phosphore, le problème numéro 1 de la rivière».

D’où l’importance des études en cours. Tout est désormais centralisé auprès du groupe scientifique. Une base de données est entrain d’être constituée reprenant les travaux disparates réalisés ces dernières années.

Et, le travail en cours du laboratoire de Chrono environnement de l’Université de Franche-Comté doit permettre d’évaluer sur le long terme les flux de phosphore, d’azote sur le basin versant de la Loue. Des prélèvements ponctuels devraient permettre de déterminer «les points chauds», ceux où il faut agir en priorité.

C’est cette méthode de travail qui a été appliquée pour sauver le lac du Bourget. Une des membres du Groupe scientifique a justement travaillé sur ce sujet. Pour la Loue, le conseil général du Doubs estime qu’un «travail énorme a déjà été fourni» et souhaite que les futures actions soient validées par le Groupe scientifique. Mais il va falloir être patient… Jean-François Humbert estime qu’il faut «un ou deux ans de surveillance avec les bons outils pour poser le bon diagnostic et, enfin, faire des choix d’actions.»

Pour SOS Loue et rivières comtoises et la Commission de Protection des Eaux, il n’est plus question d’attendre. Ils ont identifié l’origine de ces nutriments en excès qui rendent si malades la Loue : l’agriculture et les stations d’épurations. Dans leurs rangs, des scientifiques ont déjà fait leurs calculs et affirment que «l’arrêt des sur-fertilisations en phosphore, et un contrôle plus strict des conditions d’épandages sont les seules actions permettant de diminuer les transferts de phosphore du sol vers le milieu aquatique. Un moratoire sur les engrais (environ 400 tonnes annuelles de phosphore) pourrait être une première solution de court terme. De plus, l’analyse chimique des sols devrait être rendue obligatoire avant tout importation de Phospore dans l’exploitation agricole.
Pour ce qui concerne les STEP, l’arrêt des rejets directs dans le réseau hydrographique ou dans le karst (failles, dolines, pertes…) doit être une priorité de la modernisation du réseau de traitements des eaux usées.»

Dès la rentrée le collectif veut demander des «mesures fortes». Le Groupe scientifique, lui, se réunira également à l’automne pour continuer son travail essentiel mais long…

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@fancetv.fr