Salmonidé mort dans la Loue à Ornans. 2021. Photo de SOS Loue et rivières comtoises
Après les mortalités de truites constatées en début d’année, c’est au tour des ombres de subir la mauvaise qualité des eaux de la Loue alors qu’ils sortent de leur période de reproduction Tristesse, abattement, colère… Le moral des amis des rivières franc-comtoises est au plus bas.
Des actions sont entreprises pour sauver les rivières mais elles sont encore insuffisantes pour avoir un réel impact. Le risque est d’avoir investi beaucoup d’énergie et d’argent et qu’il soit finalement trop tard alors que la situation semble encore réversible.
Dix ans déjà ! Le 19 juin 2010, un drôle de cercueil était porté au son d’une macabre trompette dans les rues d’Ornans. C’était la Loue qu’on enterrait. Quelques mois plus tôt, des cadavres de truites endeuillaient la rivière. Ravagés par la Saprolegnia, les poissons flottaient ventre à l’air sur fond de rivières encrassés. Pourquoi mourraient-ils en si grande quantité alors que, paradoxalement, les services de l’Etat certifiaient que l’eau de la Loue était de « bonne qualité » ?
Cette pollution a enclenché une controverse environnementale. Défenseurs de l’environnement et des rivières pointent du doigt différentes activités économiques dont l’agriculture et le traitement des eaux usées. Les institutions tentent d’apaiser ce conflit larvé en organisant des réunions et en lançant des études. « Les experts mandatés par les représentants des pouvoirs publics concluent au caractère multifactoriel du phénomène et conduisent à une dilution des responsabilités » résume le sociologue Simon Calla dans sa thèse « Des poissons, des hommes et des rivières : sociologie d’un problème de pollution en Franche-Comté » soutenue à l’Université de Franche-Comté en décembre 2019.
Aux printemps 2009 et 2010, la forte mortalité des truites et des ombres de la Loue éveilla les consciences des collectivités, des pouvoirs publics et d’une partie des habitants de la vallée de la Loue. Alors que les défenseurs de l’environnement tiraient la sonnette d’alarme depuis plusieurs décennies, la lente détérioration de la qualité des eaux de la Loue était cette fois-ci bien visible. Dix ans après, les mesures prises pour tenter de sauver cette rivière mythique ont-elles été efficaces ? Que reste-t-il à faire ?
Les pêcheurs à la mouche membres du très chic « International Fario Club » ont le sens de la reconnaissance. Chaque année, ils décernent un prix à une association qui agit pour la protection des rivières. Le prix 2015 a été décerné au collectif SOS Loue et rivières comtoises, créé en 2010, à la suite des fortes mortalités de poissons dans la Loue. Le jury du Prix Charles C. Ritz a décerné ce prix de 3000 euros au collectif franc-comtois car ils ont été impressionnés par le travail fourni par ses bénévoles et leur « détermination sans faille d’entreprendre de nombreux projets en vue de rattraper les offenses infligées depuis des années sur les rivières karstiques du massif jurassien, notamment sur la rivière Loue ». Pour cette édition 2015, le jury avait reçu une dizaine de candidatures.
Et c’est en 2020, que vous pouvez découvrir l’importance de ce prix grâce au film de Laurent Sainsot et Philippe Laforge. Dans cette version courte intitulée « Des Sentinelles au chevet des rivières », diffusée à l’occasion du célèbre Rise Festival France, vous pourrez découvrir les actions des lauréats des autres années. Lors du tournage de ce film, j’avais rencontré Philippe Laforge qui m’avait demandé de livrer mon « regard extérieur » sur l’action de SOS Loue et rivières comtoises; Continuer la lecture →
Défenseurs des rivières et producteurs de comté regardent dans la même direction mais n’avancent pas au même pas. Le 28 juin dernier, le CIGC, le Comité Interprofessionnel de Gestion du Comté, a présenté le futur cahier des charges du Comté. Deux semaines plus tôt, SOS Loue et rivières comtoises proposaient 12 mesures pour produire du comté tout en respectant les rivières.
Et si les actes symboliques avaient un réel impact ? C’est le pari de l’association Four Winds qui organise ce week-end la seconde Marche avec la Loue. Un événement qui se déroule dans la vallée de la Loue en alternance avec les Pow wow d’Ornans.
Dans dix ans, le climat de la Franche-Comté correspondra à celui de Lyon actuellement. Une mauvaise nouvelle pour les truites des rivières comtoises qui ne supportent pas d’évoluer dans des eaux de plus en plus chaudes. Mais, ce réchauffement climatique pourrait avoir une conséquence inattendue pour la santé des rivières comtoises. Pour faire face à l’intensification des épisodes de sécheresse, les agriculteurs de la filière AOP comté pourraient être amenés à faire évoluer leurs pratiques. Autre évolution possible, la restauration des cours d’eau afin de mieux préserver les ressources en eau.
Journée de formation du SAMU de l’environnement à Ornans
Pêcheurs, scientifiques, amoureux de la nature sont venus des quatre départements francs-comtois pour suivre la première formation organisée par le SAMU de l’environnement de Bourgogne Franche-Comté. C’était le 19 septembre à Ornans au pied de la Loue. Un lieu symbolique tellement la rivière chère à Gustave Courbet est en mauvais état. Pour cette première prise de contact, il s’agissait essentiellement de découvrir le fonctionnement de la valise qui fait toute la mobilité de ce service environnemental.
Comment toucher le « grand public » ? Tout ces hommes et femmes, absorbés par leur quotidien, qui ne prêtent qu’une oreille distraite aux cris d’alarmes lancés par les défenseurs de l’environnement. Pour tenter de trouver une réponse à cette question, le collectif SOS Loue et rivières comtoises change de braquet avec de nouvelles formes d’actions. La première a eu lieu ce matin sur le pont Battant en plein coeur de Besançon.
« Notre poisson malade va beaucoup se promener à l’avenir, cette animation sera amenée à se répéter un peu partout tant que les rivières seront polluées… »
déclare le collectif qui désormais compte environ 600 adhérents dont une trentaine actifs.
Aujourd’hui, « casse-cailloux » est un mot clivant. Dans le massif jurassien, le casse-cailloux est au cœur d’une confrontation entre agriculteurs et environnementalistes. D’ici peu, cette opposition pourrait évoluer en discussion pour aboutir à un consensus . Le casse-cailloux est un engin capable de casser de la pierre et ainsi de remodeler les paysages du massif jurassien. Pour les agriculteurs, cela leur permet de regagner du terrain et de passer leurs tracteurs. Pour les environnementalistes, c’est une atteinte grave à l’environnement.
Capture d’écran du passage du Tour de France à Saint-Claude.
L’image n’a duré que quelques secondes mais a été vue dans le monde entier. Lorsque les coureurs du Tour de France ont traversé la ville de Saint-Claude dans le Jura, le caméraman, juché dans l’hélicoptère, filme la Bienne vue du ciel et, ce jour-là, elle est verte fluo.. Mauvais réglage colorimétrique du téléviseur ou initiative « pour faire joli »? Rien de tout cela. Il s’agit d’une action imaginée par quatre pêcheurs amoureux de la Bienne et désespérés de la voir à l’agonie.