Entrer au Musée d’Ethnographie de Bordeaux, c’est toujours partir pour des horizons lointains… Cette fois, et jusqu’au 29 mai, le visiteur peut découvrir des textiles du XIXème siècle. Certains sont précieux comme cet uniforme d’un général chinois, d’autres sont plus familiers.
Tous sont fragiles. Et s’il faut prendre beaucoup de précautions pour les exposer, c’est un véritable défi de les étudier et de les partager sans les altérer.
D’où cette invention : un appareil capable de les photographier… sous toutes les coutures ! Objectif : les restituer en trois dimensions pour les rendre disponibles, à distance, aux chercheurs du monde entier.
Vaisselle cassée ? Vaisselle sauvée ! Les restaurateurs de céramiques opèrent comme des chirurgiens pour redonner vie aux objets cassés.
Porcelaine, faïence, poterie archéologique… A Bordeaux, Isabelle Ducassou intervient auprès des particuliers mais aussi des musées. Dans son atelier au nom évocateur, le Passé recomposé, elle nous explique les différentes techniques dont celle de l’illusionnisme qui permet d’effacer toute trace de brisure. Nous l’avons rencontrée alors qu’elle allait chercher un plat ancien au Musée des Arts Décoratifs et du Design pour le sauvegarder…
Au château de Cadillac, par une journée de grand froid, il faut imaginer la fumée sortant des cheminées : le palais du Duc d’Epernon n’a jamais craint les rigueurs de l’hiver. Il y a quatre siècles, une chaleur réconfortante attendait le visiteur, dans des appartements baignés de lumière.
Nous sommes à la fin de la Renaissance et les cheminées comptent parmi les plus belles du Royaume de France. Du sol au plafond, ces oeuvres d’art monumentales allient force des matériaux et finesse des motifs.
Au premier étage, les appartements ont été crées pour accueillir les têtes couronnées. Louis XIII fera ici un passage éclair en 1620, tout comme Louis XIV en 1659. Des escales de quelques jours seulement mais qui justifient un déploiement de fastes.
Cadet de Gascogne, le Duc d’Epernon est devenu l’un des notables de Province les plus puissants. Favori d’Henri III, il a reçu charges et honneurs. En retour, le Duc ne manque pas d’exprimer sa gratitude dans son château, où l’une des cheminées arbore la statue du roi.
Loin de cette période glorieuse, après la Révolution française, le château devient prison pour femmes puis maison de correction jusqu’en 1952. Les cheminées n’auront plus qu’une odeur de cendres, fermées pour éviter les évasions et détournées de leur usage premier : elles serviront de sanitaires aux prisonnières.
Le château ducal de Cadillac est l’un des quatre sites girondins dépendant des Monuments Nationaux. L’an dernier, il a battu son record de fréquentation avec 23 000 visiteurs (le double d’entrées qu’en 2013).
De quoi laisser à penser qu’en ce palais, les gardiens du patrimoine savent entretenir… le feu sacré.
Alors que se déroule à Paris, au Grand Palais, l’exposition sur Henri de Toulouse-Lautrec, nous sommes partis sur les traces du peintre en Gironde.
L’artiste, rendu célèbre pour ses toiles et ses affiches du Moulin-Rouge, a en effet passé de nombreuses vacances dans la région.
Chaque été, Henri de Toulouse-Lautrec rendait visite à sa mère qui vivait au château Malromé.
Adèle avait acquis la propriété en 1883 à Saint-André-du-Bois pour se rapprocher de sa cousine. La belle demeure, au milieu des vignes, représentait pour lui une parenthèse champêtre, loin des fêtes parisiennes.
Ensuite, l’artiste partait sur le Bassin, à Arcachon mais aussi Taussat où il aimait pratiquer la pêche -au cormoran-, la natation et la voile.
Invité la plupart du temps chez des amis, il offrait un autre visage. Celui d’un homme aimant le grand air et l’activité sportive.
Récemment, d’étonnantes découvertes ont été réalisées : certains de ses tableaux ont été peints dans le jardin de la villa Bagatelle…
Ils ont choisi un métier méconnu : l’horlogerie. A Mérignac, en Gironde, des adolescent.e.s apprennent à réparer des mécanismes en tous genres : montres aux rouages minuscules ou pendules anciennes.
Nous les avons rencontrés au Lycée professionnel Marcel Dassault, l’un des 7 établissements français à dispenser cette formation, axée sur la découverte des techniques et l’histoire de l’art.
Signe d’excellence, l’un des élèves a obtenu la médaille d’or de « l’un des meilleurs apprentis de France » en 2018. Aujourd’hui, à 21 ans, Edwin Sicoli rêve de s’installer et de réaliser ses propres montres. Il a déjà commencé à imaginer la « Burdigala » en hommage à la ville de Bordeaux.
Après une période de crise -en partie due à l’arrivée du quartz-, le métier d’horloger connait un second souffle, notamment grâce à la montée en gamme des montres, de plus en plus complexes.
De nombreux diplômés -en CAP et Brevet Métiers d’Art- partent pour la Suisse, d’autres choisiront d’ouvrir leur boutique en France… ou s’orienteront finalement vers l’aéronautique, où leur sens de la précision est particulièrement apprécié dans la région.
Lorsque Marie-Christine Lapassère part dans une palombière, c’est sans fusil ni gibecière !
Nous l’avons suivie dans un repaire de l’Entre-deux-Mers, réservé aux initiés. A l’entrée du sentier, un sifflet attend le visiteur qui doit signaler sa présence et attendre le « ouai » autorisant le passage.
Marie-Christine Lapassère est artiste peintre à Targon, en Gironde. Comme un paloumayre, elle a appris à se fondre dans la nature pour observer l’oiseau bleu lors de sa migration vers le Sud.
Pas question de faire du bruit. C’est avec précaution que cette amoureuse des forêts entre dans le couloir de fougères menant à la palombière.
C’est une chasse un peu mystérieuse, c’est ça qui me plait aussi !
Surplombant les pins et les chênes, guettant droit devant l’arrivée des grandes voyageuses, elle peut fourbir ses armes : son crayon et son appareil photo pour saisir les postures et les couleurs qu’elle reproduira ensuite dans son atelier.
La précision est importante car ses croquis et ses peintures ont une valeur documentaire pour les chasseurs qui lui ont confié les illustrations de la revue « Palombe et Tradition ».
Rencontrez avec nous cette passionnée qui, désormais, voit la vie…en bleu !
C’est une rénovation remarquable à Bordeaux. L’Hôtel Victoria, construit au XVIIIème siècle, abrite depuis 1981 une association en faveur du logement des jeunes et de l’insertion sociale. Le Levain vient de mener une deuxième phase de travaux soutenue par la Délégation Aquitaine de la Fondation du Patrimoine.
L’ancienne demeure a été bâtie à la demande de David Victoria, un riche bordelais de retour de Saint-Domingue. En hommage à sa femme, l’une des façades est ornée d’une multitude de petits coeurs…
Dans ce lieu inscrit aux Monuments Historiques, les 68 chambres créées dans les années 1980 ont été transformées en 65 studios et colocations. Un cadre exceptionnel que nous vous faisons découvrir…
Bienvenue pour une nouvelle saison de reportages à la découverte de notre belle région !
Pour bien commencer, nous vous proposons de rencontrer une famille pour qui le patrimoine est une réalité quotidienne : les Sabran-Pontevès vivent dans une demeure royale, à Cazeneuve, le château d’Henri IV et de la reine Margot, situé le long du Ciron à Préchac, en Gironde.
Les trois enfants sont à bonne école, plongés dans un livre d’histoire géant. L’aîné pourra bientôt faire visiter le château..
Une transmission sous le signe de la passion. Lors des Journées du Patrimoine le week-end prochain, Cazeneuve fêtera ses trente ans d’ouverture au public, avec de nombreuses animations.
Regardez notre reportage (Nathalie Pinard de Puyjoulon, Philippe Turpeau, Christophe Varone, Vincent Issenuth)
Alphonse Terpereau a largement contribué à la mémoire de Bordeaux.
Sans lui, on ne connaîtrait sans doute pas aussi bien les transformations de la ville au XIXème siècle. Ce parisien d’origine débuta à Arcachon et parcourut une partie de la région, réalisant notamment cette superbe prise de vue du Pont Eiffel à Cubzac-les-Ponts. L’un des symboles de son talent.
Pionnier de la photographie d’architecture, Alphonse Terpereau exerce un regard singulier sur les ouvrages réalisés par les ingénieurs et les architectes dont il devient un interlocuteur privilégié.
Lignes pures, perspectives savamment étudiées, cadrage géométrique. Ses compositions, toujours prises d’un point haut, s’attachent à retrouver la précision, souvent austère, du croquis d’origine.
La ville, qui lui passe commande, entend valoriser la modernité qui se met en place pour justifier sa politique urbaine.
Le changement bouleverse profondément le paysage et beaucoup de vestiges médiévaux n’y résisteront pas. C’est ainsi, qu’au-delà de la commande officielle, Alphonse Terpereau s’efforcera aussi de photographier le petit patrimoine des ruelles anciennes, voué à disparaître sous ses yeux.
Patiemment, lors d’une thèse de doctorat en histoire de l’art, Florent Miane est parti sur les traces d’Alphonse Terpereau.
Pas évident quand on sait que toutes les plaques d’origine ont disparu et que les photographies elles-mêmes ont été dispersées en différents lieux.
Nous retrouvons le maître de conférences devant l’ancien atelier d’Alphonse Terpereau, au 29 cours de l’Intendance, muni de son portable. Du numérique aux plaques de verre, le XXIème siècle observe le XIXème siècle avec une certaine admiration.
Les technologies actuelles nous ont apporté la simplicité. A l’époque, le matériel pesait très lourd, il y avait beaucoup de contraintes mais il se dégage une poésie très spéciale. Chaque photographie était mûrement réfléchie.
Alphonse Terpereau avait fabriqué un laboratoire portable de sa composition. Un sac à dos contenant tous les produits nécessaires au développement qui devait se faire dans la foulée de la prise de vue.
Photographie emblématique : la Flèche Saint-Michel blottie au milieu des échafaudages de bois.
Une histoire passionnante racontée par Florent Miane dans un coffret de deux ouvrages parus aux Editions de l’Entre-deux-Mers.
Dans le cadre du débat national, le maire de Gajac a poussé un cri du coeur.
Il a souhaité, dans une lettre publiée dans le bulletin municipal, dénoncer les procès régulièrement intentés contre les habitants des campagnes par des citadins se plaignant du bruit. Bruno Dionis du Séjour demande l’inscription au patrimoine national du son des cloches, du chant du coq, du meuglement des vaches, du braiment de l’âne et même du piaillement des oiseaux.
Depuis, les courriers de soutien affluent dans la petite commune girondine de 400 habitants.