François Rebsamen est l’un des maires socialistes d’une grande ville les mieux réélus ! Contraint au second tour, dans une élection en triangulaire, il voulait dépasser la barre des 50% pour signifier que la majorité des Dijonnais était derrière lui… et bien c’est fait ! Son score de 52,8% démontre que les électeurs, dans la capitale régionale, ont d’abord fait un choix local après avoir envoyé tout de même, eux aussi, un message d’avertissement au gouvernement au 1er tour ! Mais, ce qui fait surtout que Dijon est particulièrement à contre-courant, c’est le score historiquement bas de la droite qui n’a pas du tout profité de la vague bleue !
Alors, pourquoi une telle défaite de la droite?
D’abord parce que la partie était particulièrement difficile face à un maire sortant au bilan solide, bien visible et plébiscité par les habitants dans toutes les enquêtes d’opinion !
Et c’est sans doute là que le candidat UMP Alain Houpert a fait une erreur stratégique de taille : au lieu de reconnaître ce bilan (au moins en partie) et de proposer un vrai programme pour les années à venir, il n’a eu de cesse de critiquer ce qui a été fait, évoquant une ville asphyxiée, dégradée, parlant de la rue de la Liberté comme d’un caniveau et d’un centre-ville moribond… bref… il était objectivement difficile pour une majorité de Dijonnais de reconnaître leur ville dans ces descriptions !
S’ajoute à cela une stratégie très isolée d’Alain Houpert qui s’est établi en opposant personnel à François Rebsamen !
Sans vouloir tirer sur l’ambulance (d’autant que le candidat est médecin…), il en a dérouté plus d’un en se comparant à Luke Skywalker face à Dark Vador et en adressant des messages à la limite du compréhensible, l’apogée étant un communiqué de presse entre les deux tours intitulé « Je viens de l’humain … pour aller vers l’humain ».
Dans ce texte à la syntaxe et à la ponctuation surprenantes, il désignait François Rebsamen comme étant « Lui en face » « ne tenant même pas compte du « message du refus » (pourtant clair, pourtant ciblé)… Directement adressé au Maître et à ses œuvres… ! 41% d’abstentions… ou dans une autre réalité… 33000 voix non exprimées au premier tour ! Gâchis absolu ! Absolu gâchis !!! »
Et d’ajouter :
« Pas de Père, pas de repère ! disait Freud… Mais qui à Dijon a usurpé le pouvoir et le savoir réel du Père ? Qui ??? Les Dijonnais désirent follement une politique… Autre… ! »
Pas sûr que les Dijonnais aient bien compris où voulait en venir Alain Houpert !
D’ailleurs, dans son propre camp, les doutes sur le candidat n’ont jamais vraiment cessé ; on remarquera, par exemple, qu’Emmanuel Bichot, l’autre candidat à l’investiture UMP, a tout simplement disparu des écrans radars depuis qu’il a rejoint la liste Houpert… pas un mot, pas un tweet, pas un communiqué !
Et cette faiblesse de la droite classique a profité à l’extrême-droite qui, en recueillant 13,1%, obtient 3 élus au conseil municipal.
Quelles conséquences cette bérézina locale pourrait bien avoir ? Hier soir, sur le plateau de France 3 Bourgogne, Alain Houpert s’est posé en chef de l’opposition municipale… mais il n’est pas sûr que son faible score l’aide à s’imposer face aux velléités de certains dans son propre camp ! D’aucuns imaginent d’ailleurs déjà qu’il puisse y avoir deux groupes distincts de la droite au sein du conseil municipal… ce qui ne serait pas de bon augure pour la reconstruction de la droite dijonnaise.