26 Nov

Sécheresse 2018 : Faut-il maintenir le niveau de crise en Franche-Comté ?

Les pieds du musée Courbet à Ornans sont au sec !

Le ciel gris et humide nous ferait presque oublier l’état de crise décrété par les préfectures de Franche-Comté. Les rivières de notre région sont encore à un niveau historiquement très bas mais les arrêtés « sécheresse » qui interdisent d’arroser les jardins ou de remplir les piscines perdent de leur sens aux portes de l’hiver. Les services départementaux de l’Etat surveillent toujours de très près le niveau des cours d’eau.

C’est l’observation des débits des cours d’eau, du niveau des nappes et la consultation des prévisions météo qui permet aux services de l’Etat de prendre leurs décisions. Tous observent l’évolution des rivières sur le site Hydroreel, le serveur de données hydrométriques en temps réel. Pour le Doubs par exemple, il y a 13 points d’observation.

Pour se rendre compte de la gravité de cette sécheresse exceptionnelle, voici deux comparaisons, l’une sur la Loue et l’autre sur le Doubs.

-Ce lundi matin, à la station de la Loue à Vuillafans, le débit est de 3.57 m3/seconde. C’est un peu mieux que début novembre ( environ 2 m3/s) mais incroyablement bas pour l’époque ! En moyenne, le débit de novembre, à ce même endroit, est de 23,6 m3/s ….

-Même constat pour le Doubs, à la station de Besançon. Aujourd’hui, le débit enregistré est de 9.66 m3/s alors que la moyenne de novembre est de 107 m3/s.

En Franche-Comté, les services départementaux de l’Etat ont définit une norme commune pour définir la situation de crise. Une zone est déclarée en crise lorsque plus de la moitié des stations sont en dessous des niveaux d’août 2003.

Dans le Doubs, les arrêtés préfectoraux ont été pris zone par zone. Le 28 septembre, pour les secteurs de la vallée du Doubs et de l’Ognon, la Haute-Chaîne ( le Haut-Doubs) et les 22 communes autour de l’Allan dans le nord du département. Un 4 eme arrêté a été pris le 9 octobre pour le plateau calcaire. Ces mesures de restrictions de consommations d’eau sont imposées pour deux mois. C’est pourquoi les services du Doubs se réunissent ce mercredi 28 novembre pour décider du maintien de l’état de crise ou de la levée des interdictions.

Autour de la table, les responsables de la direction départementales des territoires, de la DREAL, de l’Agence Régionale de Santé, des services de la préfecture, des syndicats de distribution d’eau potable. Tout comme dans le Jura, les services s’interrogent : Maintenir l’état de crise permet d’alerter les particuliers et les professionnels sur l’importance de ne pas gaspiller l’eau mais, les mesures induites par cet état de crise ne sont plus réellement pertinentes en plein hiver. D’autant plus que ces restrictions ont un réel impact sur certains professionnels. Des chantiers du bâtiment ont pu être retardés car il n’était pas possible de laver les façades, les villes ne peuvent pas nettoyer les rues (sauf pour raisons sanitaire ou de sécurité), les stations de lavage de voitures (sans système de vidange) sont au point mort…

Fini les jardins à arroser ou les piscines à remplir mais la situation est toujours très critique. Dans le massif jurassien, des villages du Doubs et du Jura continuent à être alimenté en camion citerne. L’arrêté de crise du Jura est en vigueur jusqu’au 21 décembre. Comme dans les autres départements, les « cellules sécheresse » se réunissent chaque semaine. Dans le Territoire-de-Belfort, les services se réunissent ce jeudi, leur arrêté est valable jusqu’au 5 décembre. En Haute-Saône, les mesures ont été généralisées à l’ensemble du département depuis le 3 septembre. Quelque soient les décisions prises par les préfectures, cette sécheresse 2018 commence à marquer les esprits. Et certaines des restrictions n’ont rien d’estivales. Ne pas laisser couler un robinet inutilement, préférer une douche à un bain, réutiliser l’eau de lavage des légumes pour arroser les plantes, faire tourner le lave-linge et le lave-vaisselle à pleine charge, relever le compteur d’eau régulièrement pour repérer les fuites. C’est valable été comme hiver !

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr