L’histoire a commencé par un coup de fil à la rédaction et elle nous a immédiatement interpellés. Des Francs-Comtois s’apprêtaient à aller graver une date de novembre 2018 sur une pierre. Mais pas n’importe quelle pierre. Elle dort dans un lit aride, celui du Doubs entre Arçon et Ville-du-Pont. En période de grande sécheresse, l’eau se retire pour laisser place à un paysage minéral. Les visiteurs viennent bâtir leurs cairns, incantations pour des jours meilleurs. Les jours pires sont inscrits dans la pierre : 1906. Quatre chiffres pour une litanie : rivières à sec et lac vide.
L’année 1906 reste dans les mémoires comme la pire sécheresse du siècle dernier. Avec Fabienne Lemoing et Emmanuel Rivallain, nous avons cherché, téléphoné partout pour remonter le fil de l’info. Pêcheurs, élus, riverains avaient entendu parler de cette pierre mais peu l’avait vue. Nous commencions à douter. Est-ce une de ces fake news qui inondent la toile ?
Une autre date a bien été ajoutée tout récemment : le 10 novembre 2018. Depuis l’eau a repris légèrement ses droits. Emmanuel et Fabienne ont cherché en vain la phrase qui nous avait mis en alerte :
« Celui qui verra cette date pleurera »
Est-elle vraie ou est-ce le début d’une nouvelle légende ? s’interroge Emmanuel. Espérons ne pas revoir à sec cette pierre de sitôt.
Miracle du bouche à oreille, au lendemain de la parution de cet article, ma boîte mail m’apporte une pépite ! David Bourgeois nous livre ses photos. Pas de trace de la phrase poétique, mais un nom de famille répandu dans le Doubs. La légende n’a plus qu’à s’écrire au gré des flots du Doubs.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr
Le reportage de mes confrères Emmanuel Rivallain et Fabienne Le Moing monté par Marie Loir :