Les mycoses des truites, ombres et loches auraient été provoquées par un agent pathogène introduit par l’homme selon les conclusions de l’étude de l’université de Neuchâtel, dévoilées aujourd’hui par les autorités fédérales suisses.
Les surmortalités de poissons ne seraient donc pas uniquement dues à un mauvais fonctionnement de la Loue comme l’avait annoncé le groupe d’experts mandaté par le comité des sages. Les chercheurs suisses ont gagné du temps dans leurs recherches grâce au travail des équipes françaises qui, elles, avaient réussi à écarter la piste des cyano-bactéries.
Le laboratoire de biologie du sol de l’université de Neuchâtel a isolé un agent pathogène appartenant au groupe Saprolegnia parasitica, souche hautement virulente. «Dans les trois rivières étudiées, tous les poissons malades étaient infectés par la même souche de Saprolegnia parasitica. On peut donc considérer que le pathogène constitue une population clonale, c’est-à-dire issue d’un seul et même clone. Un tel résultat plaide fortement en faveur de l’hypothèse d’une introduction récente de cette souche dans le milieu naturel.» explique les autorités fédérales dans leur communiqué. En clair, c’est l’homme qui aurait introduit ce champignon dans le Doubs, la Loue et la Sorne en Suisse. Des bottes de pêcheurs, de promeneurs, un canoë mais aussi l’introduction d’espèces exotiques, l’activité agricole… pourraient expliquer l’apparition de cet agent dans les rivières. C’est pourquoi les autorités piscicoles recommandent de désinfecter avec de l’eau de Javel ou de l’alcool, le matériel de pêche ou d’autres objets comme les canoës ayant été en contact avec les eaux de ces rivières.
Ce type d’agent n’est pas habituellement virulent mais «Le Saprolegnia qui se développe dans le Doubs, la Loue et la Sorne aurait également pu se transformer en une forme agressive suite à des modifications de l’environnement ou pour d’autres raisons inconnues.» Il touche des poissons déjà affaiblis par le mauvais état de la rivière.
Pour que les ombres, fortement touchés par ces mortalités depuis 2009, puissent se reproduire tranquillement, l’interdiction de pêcher cet espèce est désormais étendue au secteur jurassien du Doubs.
L’OFEV, l’office fédéral de l’environnement, a l’intention de surveiller la propagation de la maladie en cherchant cet agent dans d’autres rivières suisses. Il est important d’identifier les zones infectées pour tenter d’éradiquer cette épidémie.
Isabelle Brunnarius