19 Sep

Cinéma : « Leave no Trace », grand film indépendant américain présenté à Poitiers en présence de la réalisatrice

La réalisatrice américaine, Debra Granik, présentait à Poitiers le week-end dernier son nouveau film « Leave no Trace », sorti en salles ce mercredi. Nommée aux Oscars en 2011 pour « Winter’s Bone », son nouveau film se révèle un vibrant plaidoyer en faveur de la possibilité de vivre en dehors de la société.

Debra Granik, réalisatrice de « Leave no Trace » pose devant l’affiche de son film présenté à Poitiers en avant-première, samedi 15 septembre 2018.

Est-il possible aujourd’hui de vivre loin de la société ? Et même de s’en émanciper définitivement ? Les personnages du nouveau film de Debra Granik, « Leave no Trace », Will et sa fille Tom, en font la cruelle expérience dans l’Amérique contemporaine.

Adapté du roman « Abandon » (« My Abandonment« ) de Peter Rock, l’histoire est celle, réelle, d’un père et sa fille, ayant vécu plusieurs années en pleine forêt, à la limite de la ville de Portland, dans l’Etat de l’Oregon. 

Le père se disait que sa fille avait le reste de la sa vie pour se conformer à la société moderne et qu’à travers la vie qu’il lui proposait, il pouvait lui transmettre une alternative (D. Granik)

Debra Granik choisit de les filmer dans leur quotidien, sur leur campement, se réchauffant au coin du feu de camp, à la recherche de leur nourriture, dans leur quête d’eau potable. Dès la séquence d’ouverture, leur vie est présentée à travers une série de scènes très documentées, le père apprenant à sa fille à vivre et à survivre dans ce milieu naturel, fuyant la présence d’autres hommes. Le spectateur découvre leurs codes, leur mode de communication et ce souci de ne laisser aucune trace derrière eux pour demeurer indétectable par la société des hommes, si proche.

Le retour à la nature

A l’image, la réalisatrice déploie une palette infinie de tons de vert à travers lesquels filtre une lumière blanche. Le spectateur est plongé dans un monde qui pourrait autant lui paraître hostile qu’il lui semble familier, à travers les sentiers de la forêt, comme s’il était en balade.

Dans cette histoire, la ville n’est pas bien loin. Le père s’y rend d’ailleurs régulièrement. Pour toucher sa pension militaire. Pour acheter ce que la forêt ne peut lui procurer. Le spectateur découvre alors une tranche de l’histoire de cet homme, ancien combattant, incapable de revenir.

« Il est définitivement aliéné de notre monde, raconte Debra Granik lors d’un échange avec le public à l’issue de la projection de samedi au TAP Castille. Comme d’autres anciens combattants traumatisés, victimes de blessures de guerre, il ne peut plus vivre cette vie quotidienne qui est la notre. »

« Tous les deux vivent très humblement, poursuit-elle. Mais ils restent très dépendants de la ville, pour une raison simple : ils ne sont pas propriétaires de la terre sur laquelle ils vivent. »

Lorsque la société, à travers les services sociaux américains, les découvre, ils apparaissent d’abord suspects. Tous vont vouloir croire à une maltraitance paternelle envers une jeune fille dont le niveau d’éducation et le bien-être vont se révéler de très loin supérieurs à ceux des enfants de son âge.

La réalisatrice livre alors une passionnante réflexion sur la notion de transmission. Lors de l’échange avec le public, elle évoque une rencontre avec un autre père et sa fille, qui eux aussi ont tenté cette vie, à la marge. « Lui se disait qu’elle avait le reste de la sa vie pour se conformer à la société moderne et qu’à travers la vie qu’il lui proposait, il pouvait lui transmettre une alternative. »

A travers ce film, Debra Granik aborde une thématique régulièrement explorée par le cinéma américain : celle du retour à la nature. Le spectateur se souviendra d’« Into The Wild » de Sean Penn, de « Captain Fantastic » de Matt Ross ou du grand classique de Sydney Pollack, « Jeremiah Johnson » incarné par Robert Redford, situé au 19ème siècle.

PROJECTIONS DU FILM :
Au TAP Castille, à Poitiers (horaires, cliquez ici)

Au Moulin du Roc, à Niort (horaires, cliquez ici)

A La Coursive, à La Rochelle (horaires, cliquez ici)

16 Août

Rentrée littéraire : l’amour fou avec Sarah

Le premier roman de Pauline Delabroy-Allard, « Ça raconte Sarah » parait à l’occasion de la rentrée littéraire de septembre 2018. Le récit se focalise sur les bouleversements du cœur provoqués par une rencontre amoureuse inattendue. « L’amour avec une femme : une tempête », lance, laconique, la narratrice de ce roman.

« Ça raconte Sarah » de Pauline Delabroy-Allard paraît à l’occasion de la rentrée littéraire de septembre 2018.

Née sous le signe du soufre. De l’embrasement. De la passion. Mais aussi sous le signe de la souf-france. Du replis sur soi. De la fuite. Telle une allumette que l’on craque, l’entrée de Sarah dans la vie de la narratrice se révèle immédiatement incandescente, bouleverse tout sur son passage, jusqu’à, quelques années plus tard, convaincre l’une d’avoir laissée l’autre pour morte dans la chambre où elle lutte contre la maladie et où elles viennent de faire l’amour.

« Ça raconte Sarah » se présente comme une série d’entrées plus ou moins courtes, tel un journal intime tenu par la narratrice, mais prend aussi le ton d’une voix off à la manière d’un film de la nouvelle vague et, de manière plus inquiétante, laisse également parfois l’impression d’une déposition de police.

Car si la narratrice se souvient tout le long du livre de sa vie avec Sarah, elle se focalise surtout sur cette nuit où, convaincue d’avoir tuée sa compagne, « enfin, je ne suis pas sûre », lâche-t-elle dans la seconde moitié du roman, elle tente de se remémorer les événements qui ont conduit à son départ précipité, cette nuit-là.

En équilibre sur un fil singulier

Dans cette histoire, la mort se révèle potentiellement tout aussi métaphorique que l’histoire vécue entre les deux femmes dont l’intensité et l’évolution est le plus souvent racontée par analogies, par le prisme de l’évocation d’un titre de film vu par les personnages, d’une chanson entendue, d’une ville visitée. Ainsi l’histoire progresse-t-elle de références musicales classiques, à une pièce de Shakespeare, « Songe d’une nuit d’été » par exemple – « une réflexion sur les pouvoirs de l’imagination face à l’arbitraire de la loi et notamment face aux rigueurs de la loi familiale » -, à une référence trufaldienne, après une dispute, – « Je hurle l’amour en fuite » – à Marguerite Duras – « l’amour est voué à l’échec » -, jusqu’à « La Jeune fille et la mort » de Schubert et à l’arrivée de la narratrice à Trieste, en Italie, ville présentée de manière impassible et froide, comme dans une fiche technique ou une définition de dictionnaire.

Le roman trouve son équilibre sur ce fil singulier où les souvenirs de la narratrice sont associés à des références ou des allusions à des œuvres connues de tous. Elles construisent un récit hors champ pour mieux suggérer et dire l’histoire vécue. « Ça raconte Sarah » séduit ainsi par sa forme. S’il y est question d’une histoire d’amour entre deux femmes, la thématique lesbienne n’épouse pas l’enjeu de société mais bien la cause de la littérature.

Clément Massé

« Ça raconte Sarah », de Pauline Delabroy-Allard (Editions de Minuit), 192 pages, 15 euros. 

Pour lire les premières pages du roman, cliquez ici.

15 Juin

Une soirée avec Joan Baez à l’Olympia

A 77 ans, Joan Baez vient de remplir dix Olympia à Paris et des salles un peu partout en Europe avant une tournée des festivals cet été. Mais quel engouement conduit des milliers de personnes à aller applaudir la chanteuse folk américaine pour sa tournée d’adieu ? Comme le chantait un certain Bob Dylan, tendez l’oreille, « la réponse est portée par le souffle du vent »…

Dimanche 10 juin 2018, l’Olympia à Paris annonce le concert du soir de Joan Baez. (C. Massé / France 3 Poitou-Charentes)

Radieuse et enjouée. A son entrée sur la scène de l’Olympia, dimanche soir, Joan Baez arborait un très large sourire. Un salut de la main à son public, la chanteuse saisissait ensuite sa guitare et entamait un classique de son répertoire : un morceau de Bob Dylan, « Don’t Think Twice », une ballade dans laquelle un homme signe la fin d’une romance avec une jeune femme à qui il « donna un jour son cœur » mais qui ne put s’empêcher de lui réclamer « son âme ».

Ce soir-là, la salle était comble. Tout comme les neuf autres dates du passage parisien de sa tournée d’adieu. Cinq nouvelles dates ont été ajoutées en février 2019. Cela suffira-t-il ? Certains sont là car ils sont fans, d’autres pour écouter chanter une fois dans leur vie l’une des légendes américaines des années Soixante. Les combats de l’époque, contre la guerre au Vietnam, en faveur de la lutte pour les droits civiques des Noirs, et pour la lutte non-violente rencontreraient un nouvel écho aujourd’hui, suggèrent certaines plumes. Notamment à l’aune des années Trump. C’est possible. Mais une évidence s’impose : comme à ses débuts en 1959, la chanteuse ébranle par sa voix et son propos.

Qu’elle entonne des classiques de Bob Dylan (« It’s All Over Now, Baby Blue » et « Farewell Angelina » suivront), qu’elle interprète ses propres textes (« Diamonds and Rust » ou « Here’s to You ») ou qu’elle présente des morceaux écrits par d’autres artistes pour son dernier album « Whistle Down The Wind », la chanteuse construit tout au long de son tour de chant un propos ancré dans l’expérience humaine. Pour elle, l’enjeu demeure le même : donner une voix à celles et ceux qui n’en ont pas. Ainsi, celle qui se décrit comme une troubadour, n’a de cesse de nous raconter, collectivement. De donner à entendre un récit de l’épopée de notre époque.

Si elle chante désormais une octave plus bas, elle ne cherche en rien à dissimuler les aspérités de ses cordes vocales. Joan Baez impressionne par une technique irréprochable et souvent bouleversante. Une faille dans la voix devient une force, une ressource pour dévoiler une émotion. Quand on l’écoute, on se dit que l’on ne s’est pas trompé. La dame n’a rien perdu de sa superbe.

« Aucune démonstration inutile chez elle, me disait mon amie Marie-Claire en sortant du concert, juste ce qu’il faut pour l’on tienne debout. »

Tout réside peut-être là, effectivement.

L’héritage folk anglo-irlandais

Au début de sa carrière, Joan Baez chantait le répertoire folk anglo-irlandais, celui hérité de l’émigration européenne aux Etats-Unis, qu’elle tenait en partie de sa mère, née en Ecosse. Souvent des ballades tragiques, parfois le récit de meurtres ou de jeunes femmes dont les hommes se disputent l’attention et l’amour. L’Amérique serait née dans la violence, raconte Martin Scorcese dans son film « Gangs of New York ». Les ballades folk le disent à leur manière et semblent l’inscrire dans la mémoire collective américaine.

Lorsque la lutte pour les droits civiques prend de l’ampleur, Baez inclut dans son répertoire les hymnes du mouvement et les morceaux de jeunes auteurs compositeurs interprètes, les songwriters de son époque, dont Bob Dylan qu’elle impose à son public. Dans sa voix, des morceaux tels que « Blowin’ in the Wind » deviennent des hymnes avant que leur auteur ne soit réellement reconnu du grand public.

Une épopée américaine

A travers ses choix musicaux, elle propose une lecture de l’épopée d’une Amérique en plein bouleversements sociaux et politiques. Tel un héro issu de la mythologie, elle semble vouloir montrer le chemin. Un autre chemin. Le récit qui se construit au fil de ses concerts et de ses albums dessine une époque et les contours d’un monde possible. Lorsque la guerre du Vietnam conduit la jeunesse américaine à la mort, elle est encore là, guitare au poing, refusant de cautionner la logique guerrière de son pays à l’étranger.

A l’orée des années Soixante-Dix, les luttes qui l’ont vu naître auprès du public se résolvent. L’égalité des droits entre blancs et noirs est acquise dans la loi, la guerre au Vietnam est terminée, mais Martin Luther-King a été assassiné, le 4 avril 1968 à Memphis.

Lors d’un entretien que j’ai eu avec elle aux Etats-Unis en 2010, elle disait qu’il lui « était impossible d’en parler ». Le regard chargé par l’émotion, elle retenait difficilement quelques larmes et poursuivait son propos, évitant d’entrer dans trop de détails. Celui qui était devenu son ami, qu’elle avait accompagné dans deux nombreux défilés pacifistes et qui, en retour, l’avait soutenue ouvertement dans sa lutte contre la guerre au Vietnam, n’était plus. L’histoire retient que c’est au moment où Martin Luther King afficha son appui à la lutte contre cette guerre (où de nombreux noirs américains étaient envoyés) qu’il perdit le soutien de la Maison Blanche… ouvrant la voie à son assassinat. Mais peut-être, ce jour-là, l’émotion était-elle aussi nourrie d’un souvenir fondateur remontant à l’adolescence, lorsqu’à l’occasion d’une rencontre Quakers, la religion adoptée par ses parents, elle entendit l’orateur du jour : un jeune pasteur noir alors inconnu. A travers ses propos, Martin Luther King, raconte-t-elle dans son autobiographie « Et une voix pour chanter », venait de donner sens à quelque chose qui vibrait en elle, soudainement vivement ébranlé par son assassinat (1).

La fin des années Soixante marque alors pour elle l’ouverture d’une époque marquée par l’écriture de ses propres chansons. « Quelqu’un un jour m’a demandé mais pourquoi n’écrirais-tu pas toi aussi ? Je crois que c’était Phil Ochs. » Ainsi serait née sa première composition, « Sweet Sir Galahad », une ballade qui raconte le retour à la vie de sa soeur, la chanteuse Mimi Farina, après la mort de son mari, Richard Farina.

A travers ses textes, Joan Baez se raconte, et dit simplement l’expérience de vie d’une jeune Américaine de son époque. Des dizaines de chansons suivront, souvent sous-estimées de la critique. Mais quelques-unes, comme « Diamonds and Rust », sont associées au meilleur de la folk. En partie parce qu’il y est question de sa relation amoureuse avec Bob Dylan. A moins que ce ne soit le récit de cette victoire sur le passé, cette capacité à balayer d’un revers de la main les souvenirs « rouillés » par la nostalgie.

Dimanche soir, la chanteuse célébrait, lumineuse, une fin de carrière apaisée. Les morceaux qui l’ont construite et ont donné sens à son propos ont résonné, telles de petites victoires acquises face aux grandes défaites. Tout comme les chansons les plus récentes, toujours aussi ancrées dans l’époque, à l’image de  « The President Sang Amazing Grace » de Zoe Mulford qui raconte une visite du président Obama à Charleston en 2015 dans une église noire endeuillée par une tuerie. Barack Obama, ne sachant quels mots trouver pour apaiser la douleur de la communauté, avait simplement entonné cet hymne du mouvement des droits civiques et bouleversé l’Amérique.

Lors de notre entretien de 2010, Joan Baez m’avait confié : « Je parlais récemment avec mon manager et il me disait, ne mets pas un terme à ce que tu fais, car tu es probablement la dernière à le faire, il n’y aura peut-être personne pour reprendre le flambeau » (de la chanson militante). A l’Olympia, la troubadour des années Soixante a pourtant réussi la démonstration qu’une vie d’engagements résidait moins dans les slogans que l’on affiche que dans l’audace des textes d’un répertoire exigeant.

 

Note –

(1) – Baez, Joan – « Et une voix pour chanter » (Presses de la Renaissance, 1988), Livre de poche, 48.

« Lorsqu’il eut terminé son intervention, j’étais debout, hurlant et pleurant à la fois : King donnait une forme et un nom à mes croyances passionnées mais imprécises. Peut-être à cause de ce véritable mouvement qui s’organisait, j’eus l’impression bien excitante que mon pacifisme « menait quelque part ». » (48)

26 Avr

Le groove de Jekyll Wood prêt à décoiffer le Printemps de Bourges

Il se nomme Jekyll Wood. Il a grandi à Montamisé, près de Poitiers. Il présente vendredi soir son premier album « Who You Are » sur la scène du Printemps de Bourges. Et comme son nom l’indique, c’est un fan des Blues Brothers. Son disque se révèle décoiffant et dansant. Découverte!

Jekyll Wood

D’un côté, Mr Jekyll, de l’autre, Mr Wood. Comme les deux personnages iconiques Jake et Elwood du duo américain Blues Brothers, l’une des références de Romain Gavilan, pour créer son double scénique, Jekyll Wood. Ce jeune Poitevin de 31 ans, désormais Tourangeau, se produit vendredi 27 avril au Printemps de Bourges à l’occasion de la sortie, le jour-même, de son tout premier album « Who You Are » (Time Is Out/L’Autre Distribution).

« Ce sera mon premier concert au Printemps de Bourges avec ce premier album et je suis impatient de jouer là-bas », nous confiait Jekyll Wood à quelques heures de son départ pour la capitale berruyère. « Je viens de passer six mois sans concert et j’ai hâte de jouer les morceaux. »

Le concert à Bourges sera, en fait, sa quatrième prestation dans ce festival emblématique de la scène musicale française. Habitué jusque-là de la scène « off », Jekyll Wood se produit cette année sur la scène gratuite Cher en Scène au cœur du village du festival et s’apprête à livrer un spectacle « un peu à l’américaine ».

On va leur faire un show. Ce sera une performance. J’aime l’idée de déployer mon énergie pour embarquer le public (Jekyll Wood)

« Mon idée est que les gens ne viennent pas juste écouter de la musique, ils viennent pour un spectacle, on va leur faire un « show » », raconte-t-il. « Ce sera une performance. J’aime l’idée de déployer mon énergie pour embarquer le public ».

► Nos confrères de France 3 Centre-Val-de-Loire ont reçu l’artiste dans leur édition du 12/13 ce vendredi 27 avril. Voici l’interview :

Et, pour la première fois, le spectacle se déroulera à un horaire plus en phase avec le rythme nocturne du festival… 21h.

L’album au son groovy et rock

L’album « Who You Are » se présente comme le fruit d’une année de travail.

« Il y a même, derrière ce disque, des années de questionnement et de réflexion sur le choix du son, confie-t-il. Il faut avoir passé du temps à expérimenter, beaucoup même, travailler en direct, pour s’approprier les morceaux. Des premiers enregistrements il y a un an, il y a eu beaucoup de réécoute et de travail sur le son. »

Le son, justement, se révèle puissant au service d’une musique groovy et rock. Il l’a travaillé avec Nicolas Miljeu, un ingénieur du son rencontré en 2012 à l’occasion d’un tremplin à Tours.

« Nicolas faisait le son sur le concert et m’a proposé de travailler avec lui sur un morceau qu’il espérait produire. »

Depuis, le duo travaille ensemble. Romain précise : « Je compose et il intervient sur la partie production sonore. »

Pour cette collaboration, le duo avoue « une vraie volonté de produire quelque chose de dynamique, de rock, tout en gardant ici et là, une touche plus dépouillée et folk. »

Sous influence anglo-saxonne

Sur la pochette de l’album, la silhouette découpée du musicien, lunettes noires et chemise ouverte, s’ouvre sur un mur de briques orangées, laissant apparaître le skyline d’une ville américaine.

Sur ce disque, les paroles sont toutes en anglais. « Carrément American », glisse souriant le double du musicien dans l’une des vidéos de présentation de son projet.

« J’ai une grosse culture musicale anglo-saxonne et c’est cette culture-là qui s’est imposée et avec elle, la langue. »

Pourtant, Jekyll Wood l’avoue volontiers : « J’aimerais écrire des morceaux en français. Ça représente quelque chose, quand on est Français. »

Le musicien confie avoir baigné dans diverses influences culturelles musicales.

A Montamisé près de Poitiers où il a grandi, il a fréquenté l’école de musique locale et a appris la guitare avec son père, de culture espagnole. A la maison, il n’était pas rare d’entendre et de jouer du flamenco ou de la rumba.

« Mon père n’a pas encore écouté le disque, mais même s’il sera sûrement fier, il me dira aussi que ça manque de flamenco! (rires) »

Jekyll Wood, alias Romain Gavilan, présente son premier album vendredi 27 avril au Printemps de Bourges.

« Dans ma chambre d’ado »

L’album « Who You Are » est né dans la maison familiale de Montamisé.

« Je me souviens avoir écrit les premiers morceaux dans ma chambre d’ado. J’étais revenu passer des vacances chez mes parents. »

Les auditeurs attentifs retrouveront un peu de cette matière originelle dans « White Room », l’un des derniers morceaux du disque.

Le reste a été confectionné à Tours où vit désormais le musicien et son double scénique. L’un est parfois l’antagoniste de l’autre, même si sur l’essentiel, les deux se retrouvent…

Céline Dion ou Mariah Carey ?

Dans une série de vidéos de présentation du projet de disque, les Jake et Elwood tourangeaux – ange ou démon ? – adoptent le ton de l’humour et se livrent à un jeu de questions réponses très croustillants. Album plutôt ? rock ? pop ?

L’un et l’autre sont plus Beatles que Rolling Stones, Ray Charles que Beach Boys, Led Zepplin qu’ACDC et s’amusent de leur goût pour Notre Dame de Paris et Jean-Jacques Goldman. En revanche, entre Fight Club et Matrix, les deux ne parviennent pas à se mettre d’accord…

Financement participatif

Le disque existe en grande partie grâce au financement participatif.

Pour le musicien, il était « important de créer ce lien avec le public » : « investir les gens qui aimaient le projet et avec le bouche à oreille, créer la première véritable communication autour du disque. (…) La communauté participe à l’aventure, à la création de l’album »… qui, désormais, existe et est disponible en CD et sur les plateformes de téléchargement et d’écoute en streaming.

06 Avr

Poitiers : un livre à la main, participez au projet « Inside Out » du photographe JR

La librairie La belle Aventure participe au projet « Inside Out » du photographe JR. Elle invite les lecteurs à venir se faire photographier, dans la librairie, avec leur livre préféré. Les tirages photos seront ensuite affichés dans le centre-ville de Poitiers.

Faites-vous photographier, ici, du 6 au 21 avril 2018, pour le projet Inside Out de JR. (Photo: La belle Aventure)

« Faites-vous photographier avec votre livre ». L’invitation de la librairie La belle Aventure à Poitiers s’adresse à l’ensemble de ses lecteurs. Il s’agit de participer au projet photographique « Inside Out » de JR, césarisé avec Agnès Varda pour leur documentaire « Villages Visages » (2017).

Pour la librairie pictave, l’idée est de rappeler que les « livres sont essentiels à nos vies ».

« Lire nous relie, nous rend libres et ouverts au monde, indique la librairie dans un flyer. Nous pensons que les librairies indépendantes sont des lieux indispensables de rencontre, de création et de diversité. »

C’est ce message que les lecteurs sont invités à partager et à transmettre à travers leur portrait.

Le projet du photographe JR « permet à chacun (…) de transformer un message personnel en oeuvre d’art publique », en l’occurrence, ici , un message sur l’importance du livre dans nos vies et dans la vie de la cité.

Au lancement du projet lors de la conférence TED à Long Beach en Californie (Etats-Unis) en 2011, le photographe appelait à la création d’un projet d’art global, mondial. 

« Je souhaite que vous vous leviez pour ce que vous aimez en participant à un projet d’art global, et ensemble, nous allons transformer le monde … INSIDE OUT. »

Par Inside out, entendez, mettre le monde sans dessus dessous, le changer pour le meilleur.

Le flyer de La belle Aventure, invitant les lecteurs à participer au projet Inside Out du photographe JR

Ailleurs dans le monde, d’autres projets ont déjà été réalisés. En Colombie par exemple, le projet « No Boundaries, Bigger Dreams » (Sans frontières, on rêve en grand) invite les enfants de Medellín à faire tomber les barrières imaginaires qui les empêchent de réaliser leurs rêves.

Tout est prêt!

A Poitiers, dans les locaux de la librairie, tout est déjà prêt. Un fond à pois noir et blanc, un tabouret, un éclairage de studio photo ont été installés dans l’espace dédié aux livres de photographies. Ne manquent plus que les lecteurs et leurs livres.

Dès vendredi 6 avril à 15h, et jusqu’au samedi 21 avril, les lecteurs pourront voir leur portrait réalisé avec le livre de leur choix.

Comme dans le documentaire d’Agnès Varda et JR, les portraits seront ensuite affichés en format géant, en centre-ville, début juin.

(Photographies réalisées par les libraires de La belle Aventure, du mardi au samedi, de 15h à 19h).

L’espace Studio photo pour participer au projet Inside Out à La belle Aventure à Poitiers.

 

Le photographe JR, lors de son allocution à la conférence TED en 2011:

28 Fév

Littérature : les prestigieuses Editions de Minuit à l’honneur à la médiathèque de Poitiers

Lors de l'ouverture des Editeuriales, mardi 27 février 2018, Tanguy Viel et Irène Lindon, son éditrice aux Editions de Minuit, répondent aux questions de Baptiste Liger.

Lors de l’ouverture des Editeuriales, mardi 27 février 2018, Tanguy Viel et Irène Lindon, son éditrice aux Editions de Minuit, répondent aux questions de Baptiste Liger.

Les Editeuriales se sont ouvertes mardi soir par une rencontre avec le romancier Tanguy Viel, prix RTL Lire 2017 pour son dernier roman « Article 353 du code pénal » (Minuit). Consacrée cette année aux Editions de Minuit, la manifestation littéraire de la médiathèque de Poitiers recevait également, pour sa soirée inaugurale, l’éditrice Irène Lindon. L’occasion d’échanges sur le travail de l’auteur avec son éditrice. 

Très discrète, Irène Lindon. Comme gênée parfois ou intimidée. On sent que l’exercice de la prise de parole en public n’est pas ce qu’elle préfère. Pourtant, lorsqu’elle s’exprime, sa parole résonne, forte et assurée et dévoile même une impression qui se vérifie au fur et à mesure des discussions : l’éditrice des Editions de Minuit n’est pas du genre à garder longtemps sa langue dans la poche. Hier soir, à la soirée d’ouverture des Editeuriales, la manifestation littéraire de la médiathèque de Poitiers, elle a dérogé – un peu – à la règle qu’elle s’impose habituellement, celle de rester en retrait.

« Je trouve qu’un éditeur publie des livres, mais se tait », m’expliquait-elle dernièrement au téléphone pour décliner une demande d’interview. « Il n’y a rien d’intéressant à dire », trouvait-elle, avant d’ajouter qu’un « éditeur est content d’avoir des auteurs, mais c’est à eux de parler. »

Un livre, ça réconforte et ça déconcerte (I. Lindon)

La relation éditeur auteur

La présence de l’éditrice aux côtés de l’un des écrivains qu’elle publie depuis vingt ans, « presque jour pour jour, à une semaine près », rappelait hier soir Tanguy Viel, donne pourtant envie de l’entendre parler de son travail et d’en savoir un peu plus sur sa relation avec ses auteurs. Interrogée par mon confrère Baptiste Liger (Lire, L’Express, Technikart et Têtu) sur ce qu’elle recherche dans un manuscrit – une modernité littéraire? -, Irène Lindon balaie la question qu’elle « ne (se) pose pas » en ces termes et précise : « Je recherche quelque chose qui me réconforte et me déconcerte, c’est ce que j’appellerai la qualité d’écriture. »

La marque d’un écrivain est que son travail est parfait. Au-delà de trois virgules et de deux coquilles, je travaille peu avec l’auteur (I. Lindon)

Elle l’assure, elle « ne travaille pas vraiment avec les auteurs ». Pour une raison toute simple et évidente à ses yeux : « la marque d’un écrivain est que son travail est parfait. Au-delà de trois virgules et de deux coquilles, je travaille peu avec l’auteur. »

Tanguy Viel conforte les paroles de son éditrice d’un tout simple : « Irène a raison. » Irène Lindon intervient peu. Elle n’incarne donc pas cette image (fausse?) d’une éditrice qui aiderait l’écrivain à accoucher d’un roman. Comme pour expliquer le peu de changements apportés à un manuscrit, Tanguy Viel précise qu’ l’ « on écrit toujours un peu pour son éditeur », mais concède: « Elle exagère un peu, il peut y avoir quelques retouches. Mais parfois aussi, on se trompe. S’il y a un problème de dramaturgie, ce n’est pas l’éditeur qui va y changer quelque chose. »

Irène Lindon qui l’écoute attentivement, complète, comme une évidence, de sa voix rocailleuse : « Oui, l’éditeur n’intervient que pour des broutilles. »

Démystifier la place de l’éditeur

La rencontre de mardi soir a pris un tour passionnant dans ces brefs échanges où Irène Lindon a donné l’impression de vouloir minimiser l’importance de son travail. Ou de démystifier la place de l’éditeur. Sur son quotidien aux Editions de Minuit, elle confie le plus simplement du monde qu’ « elle ouvre le courrier, lit les manuscrits, gère le courrier administratif, s’occupe de la cession des droits à l’étranger… Nous sommes huit. Chacun est polyvalent. »

Ou encore, sur le choix du titre d’un roman : « ‘Article 353 du code pénal’, lorsque je l’ai déposé sur le bureau d’Irène, j’étais persuadé que ça ne passerait pas », se souvient Tanguy Viel, avec malice. « Allez, on a travaillé, une minute, une minute trente sur le titre! », concède l’auteur. Irène Lindon rebondit : « Oh oui, parce que ‘article 353 du code de procédure pénale’, c’était bien trop laid! »

Tanguy Viel poursuit : « La deuxième chose sur laquelle nous travaillons avec notre éditrice, c’est la quatrième de couverture ». Regardant son livre, il lit cette fameuse quatrième de couverture : « Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d’être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l’ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec. Il faut dire que la tentation est grande d’investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement avec vue sur la mer. Encore faut-il qu’il soit construit. » Puis, il s’exclame dans un sourire : « Voilà, ça c’est de l’argument! C’est un petit travail… Quand même, il y a des choses que l’on fait avec un éditeur. » 

Le travail de composition de Tanguy Viel

« Article 353 du code pénal » est le dernier roman paru de Tanguy Viel. Sorti l’an dernier, il a depuis reçu le prix RTL Lire 2017 qui lui a valu un succès public. De ce roman, la critique a aimé souligner une certaine proximité avec le « polar ». Mais l’auteur joue surtout sur les codes.

A VOIR >> Reportage chez l’auteur, lors de la sortie d’ « Article 353 du code pénal »

Très vite, les échanges se concentrent sur l’écriture de l’auteur. Baptiste Liger l’interroge sur la singularité de son style, le rythme de ses phrases. Tanguy Viel confie que finalement, la phrase, « c’est ce qui se travaille le moins ». Il complète : « Ça fonctionne par blocs. La phrase a à voir avec un souffle, une image intérieure. Je ne dis pas qu’elle va être parfaite, il y aura peut-être des modifications, mais moi, j’ai plus l’impression de travailler sur la composition. Le phrasé, c’est presque une unité primaire qui n’est pas là tous les jours. Il arrive d’ailleurs que l’on doive jeter des blocs entiers, car ce sont de fausses notes…! »

Tanguy Viel a publié ses sept romans aux Editions de Minuit. Le premier de ses manuscrits n’a pourtant pas été retenu pour publication.

« Un jour, j’ai fait lire un manuscrit à François Bon qui l’a discrètement posé sur le bureau d’Irène, se souvient Tanguy Viel. J’ai eu un rendez-vous. C’était un rendez-vous d’encouragements. Le texte était fragile dans sa forme, difficile d’accès. Le conseil qui m’a été donné était le suivant : ‘essayez de faire un roman’. Avec un début, un milieu et une fin. J’avais 22 ans. Je suis sorti de ce rendez-vous, ça aurait pu me bloquer, mais ça m’a donné l’envie d’essayer d’écrire ce roman. Et ça a été ‘Le Black Note’. »

Pour lui, les Editions de Minuit, c’était les romans d’Eugène Savitzkaya ou les textes de Bernard-Marie Koltès. « J’ai découvert les Editions de Minuit vers 18 ans, assez tard finalement. Il s’est passé quelque chose qui ne s’était pas passé avant dans mon expérience de lecteur, quelque chose dans la densité de langage que je n’avais pas trouvé avant. » Et dont il est aujourd’hui l’un des héritiers.

Au bout d’une heure et demi d’échanges, dont certains avec le public, l’auteur s’est livré à une séance de dédicaces.

La manifestation se poursuit jusqu’au 15 mars avec des rencontres avec Yves Ravey, Julia Deck, Anne Godard, Eric Laurrent, Vincent Almendros ou encore un hommage à Christian Gailly.

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17 Jan

Chanson : Violette dévoile ses compositions sur la scène pictave

Le 4 novembre 2017, Violette se produisait sur la scène de L'Envers du bocal à Poitiers.

Le 4 novembre 2017, Violette se produisait sur la scène de L’Envers du bocal à Poitiers.

Depuis notre table à L’Envers du bocal, le brouhaha de la salle pose un voile intempestif sur la voix de Violette. Avec Dominique et Javier, nous sommes installés à l’extrémité opposée, à l’une des tables en bois recyclé; d’anciens volets découpés qui portent encore leur ferrage. Devant nous, des groupes se sont formés et discutent debout un verre à la main. D’autres dînent d’une soupe et d’une salade création maison. Le long de la baie vitrée, on observe les passants entrer. Un filet d’air frais s’immisce. Le vibrato de Violette survole les discussions d’un samedi soir entre amis dans ce haut lieu culturel et alternatif du centre-ville de Poitiers.

Capter l’attention du public

Nous sommes venus sur les conseils de Dominique. Son amie Clémence, alias Violette, chante. Elle voulait qu’on la connaisse. Violette interprète de nouvelles chansons. Dans la caisse de sa guitare, elle présente son dernier EP, « Breath » (septembre 2017), le premier qu’elle publie sur support CD (disponible au Monde du Disque et à l’Espace culturel Leclerc Poitiers et en téléchargement sur Bandcamp). Le précédent, « Brainstorm » (novembre 2015), avait paru en ligne sur le site Soundcloud et comptabilise à ce jour plus d’un millier d’écoutes pour le titre phare, « My travel with you » et plusieurs centaines pour les suivants.

Le public du bar culturel L'Envers du décor applaudit Violette à l'issue de son set, le 4 novembre 2017

Le public du bar culturel L’Envers du décor applaudit Violette à l’issue de son set, le 4 novembre 2017

 

Chanter dans un bar, ça apprend à se dépasser, à attirer l’attention, à capter les gens (Violette)

Elle aime Bob Dylan et Cat Power

Sur sa petite scène, Violette a ajouté une petite guirlande de lumières blanches qui tombe de son ampli. Quand elle se présente, elle semble s’exprimer du bout des lèvres, presque timide. Pourtant, dès qu’elle chante, sa voix douce perce aisément au dessus des discussions et impose une présence au creux de l’oreille. Violette sait que « les gens ne sont pas forcément venus l’écouter ». « Ca apprend à se dépasser, à attirer l’attention, à capter les gens », confie-t-elle.

Violette s’est trouvée une proximité avec les univers musicaux des grands folkeux américains. Elle a choisi de s’exprimer dans leur langue, mais elle ne s’inscrit pas pour autant dans la tradition folk anglo-américaine. Certaines inflections de sa voix rappellent le lyrisme de celle de l’Américaine Judy Collins. Elle aime Bob Dylan, dit avoir beaucoup écouté Sheryl Crow et Cat Power et chante ses propres textes.

 Après le premier set à Northampton, je me suis dit, les gens savent tout. Ils ont tout compris (Violette)

En anglais

On s’interroge sur le choix de la langue anglaise. Une manière de « se protéger », avoue-t-elle. De ne pas complètement « se dévoiler ».

Sur son dernier EP, « The Rose » évoque par exemple la maternité. « The little song », qui ferme le disque, retrace une amitié  – amoureuse, semble-t-il -, dont, des années plus tard, il est temps de tourner la page. Les paroles sont simples, imagées et touchent juste.

Lorsqu’on la retrouve chez elle quelques semaines plus tard, elle en sourit et admet que lorsqu’elle s’est produite sur des scènes étrangères, en Grande-Bretagne par exemple, elle « a pris conscience que les gens pouvaient comprendre (ses) textes ». « Je me suis retrouvée complètement ‘nue' », avoue-t-elle, encore surprise. « Après le premier set, je me suis dit, les gens savent tout. Ils ont tout compris. »

Violette, rencontrée chez elle à Poitiers, le 10 janvier 2018

Violette, rencontrée chez elle à Poitiers, le 10 janvier 2018

Confortablement installée sur le canapé du salon de son appartement qui surplombe l’entrée du parc de Blossac, elle poursuit. « Ce n’est pas naturel pour moi de chanter en français. Le Français me fait peur, vraiment. (…) Beaucoup de gens écrivent de très beaux textes en français, je trouve dur de passer derrière eux. Je ne me sens pas encore à la hauteur. » Puis elle ajoute : « Peut-être que ça changera. » Elle note que Radio Elvis chante en français, alors, « pourquoi ne pas essayer… » Mais elle se reprend : « Quand la mélodie arrive, ce ne sont pas des mots français qui me viennent. »

Les Anglais étaient émus. Certains m’ont dit qu’ils étaient touchés par mes chansons (Violette)

L’expérience européenne

Violette a beaucoup tourné sur les scènes pictaves; et au-delà. Un tremplin Face B lui a permis, à Poitiers, de participer aux Expressifs en 2016. Présents cette année-là, des organisateurs du MaNo Musikfestival de Marbourg (ville jumelée à Poitiers) l’invitent à leur tour à se produire chez eux, en mars 2017. Là, à nouveau, d’autres organisateurs, cette fois du Twinfest de Northampton (autre ville jumelée à Poitiers – le festival est celui des trois villes, Poitiers, Marbourg et Northampton), lui offrent sa première scène anglaise.

L’expérience européenne demeure l’une des plus importantes de sa jeune carrière. « J’ai testé mes chansons auprès d’un public d’une autre culture musicale. On reçoit d’autres critiques », confie-t-elle. Le regard sur son travail change. Les retours qu’elle recevaient jusqu’à présent étaient ceux de ses proches. Au départ, « le premier miroir réellement, ce sont les amis et la famille. Certains ne soupçonnaient pas que je chantais… » Là, c’était un public étranger qui la découvrait comme n’importe quelle autre artiste. « Les gens étaient émus. Certains m’ont dit qu’ils étaient touchés par mes chansons. C’était vraiment le plus beau compliment que l’on puisse me faire. »

 Je compose le soir, le moment où c’est plus calme, quand la journée est passée et que l’on se retrouve avec soi-même (Violette)

Dans son salon, ses deux guitares et un ukulélé trônent, face au canapé. Un lapin noir, prénommé Bobby, pointe ponctuellement le bout de son nez, renifle furtivement l’invité et retourne se cacher entre un coussin et sa maîtresse. « En ce moment, la musique occupe un gros tiers de mon temps, » explique-t-elle. « Je compose par périodes. C’est le sentiment du moment qui agit. » Pour elle, c’est le plus souvent le soir, à la maison, « au moment où c’est plus calme, où la journée est passée, où l’on se retrouve avec soi-même. » Dans la journée, elle se repose sur cet outil moderne, le téléphone portable. « Il me sert à enregistrer mes idées quand elles me viennent. »

Lorsque l’on s’est rencontrés en janvier, Violette parlait de six morceaux en chantier. Certains deviendront des chansons, d’autres peut-être pas. Ils viendront s’ajouter aux sets de ses prochains concerts dont elle espère dévoiler la liste prochainement.

ALLER PLUS LOIN

Pour écouter Violette:

« Brainstorm » (novembre 2015)

« Breath » (septembre 2017)