28 Fév

Littérature : les prestigieuses Editions de Minuit à l’honneur à la médiathèque de Poitiers

Lors de l'ouverture des Editeuriales, mardi 27 février 2018, Tanguy Viel et Irène Lindon, son éditrice aux Editions de Minuit, répondent aux questions de Baptiste Liger.

Lors de l’ouverture des Editeuriales, mardi 27 février 2018, Tanguy Viel et Irène Lindon, son éditrice aux Editions de Minuit, répondent aux questions de Baptiste Liger.

Les Editeuriales se sont ouvertes mardi soir par une rencontre avec le romancier Tanguy Viel, prix RTL Lire 2017 pour son dernier roman « Article 353 du code pénal » (Minuit). Consacrée cette année aux Editions de Minuit, la manifestation littéraire de la médiathèque de Poitiers recevait également, pour sa soirée inaugurale, l’éditrice Irène Lindon. L’occasion d’échanges sur le travail de l’auteur avec son éditrice. 

Très discrète, Irène Lindon. Comme gênée parfois ou intimidée. On sent que l’exercice de la prise de parole en public n’est pas ce qu’elle préfère. Pourtant, lorsqu’elle s’exprime, sa parole résonne, forte et assurée et dévoile même une impression qui se vérifie au fur et à mesure des discussions : l’éditrice des Editions de Minuit n’est pas du genre à garder longtemps sa langue dans la poche. Hier soir, à la soirée d’ouverture des Editeuriales, la manifestation littéraire de la médiathèque de Poitiers, elle a dérogé – un peu – à la règle qu’elle s’impose habituellement, celle de rester en retrait.

« Je trouve qu’un éditeur publie des livres, mais se tait », m’expliquait-elle dernièrement au téléphone pour décliner une demande d’interview. « Il n’y a rien d’intéressant à dire », trouvait-elle, avant d’ajouter qu’un « éditeur est content d’avoir des auteurs, mais c’est à eux de parler. »

Un livre, ça réconforte et ça déconcerte (I. Lindon)

La relation éditeur auteur

La présence de l’éditrice aux côtés de l’un des écrivains qu’elle publie depuis vingt ans, « presque jour pour jour, à une semaine près », rappelait hier soir Tanguy Viel, donne pourtant envie de l’entendre parler de son travail et d’en savoir un peu plus sur sa relation avec ses auteurs. Interrogée par mon confrère Baptiste Liger (Lire, L’Express, Technikart et Têtu) sur ce qu’elle recherche dans un manuscrit – une modernité littéraire? -, Irène Lindon balaie la question qu’elle « ne (se) pose pas » en ces termes et précise : « Je recherche quelque chose qui me réconforte et me déconcerte, c’est ce que j’appellerai la qualité d’écriture. »

La marque d’un écrivain est que son travail est parfait. Au-delà de trois virgules et de deux coquilles, je travaille peu avec l’auteur (I. Lindon)

Elle l’assure, elle « ne travaille pas vraiment avec les auteurs ». Pour une raison toute simple et évidente à ses yeux : « la marque d’un écrivain est que son travail est parfait. Au-delà de trois virgules et de deux coquilles, je travaille peu avec l’auteur. »

Tanguy Viel conforte les paroles de son éditrice d’un tout simple : « Irène a raison. » Irène Lindon intervient peu. Elle n’incarne donc pas cette image (fausse?) d’une éditrice qui aiderait l’écrivain à accoucher d’un roman. Comme pour expliquer le peu de changements apportés à un manuscrit, Tanguy Viel précise qu’ l’ « on écrit toujours un peu pour son éditeur », mais concède: « Elle exagère un peu, il peut y avoir quelques retouches. Mais parfois aussi, on se trompe. S’il y a un problème de dramaturgie, ce n’est pas l’éditeur qui va y changer quelque chose. »

Irène Lindon qui l’écoute attentivement, complète, comme une évidence, de sa voix rocailleuse : « Oui, l’éditeur n’intervient que pour des broutilles. »

Démystifier la place de l’éditeur

La rencontre de mardi soir a pris un tour passionnant dans ces brefs échanges où Irène Lindon a donné l’impression de vouloir minimiser l’importance de son travail. Ou de démystifier la place de l’éditeur. Sur son quotidien aux Editions de Minuit, elle confie le plus simplement du monde qu’ « elle ouvre le courrier, lit les manuscrits, gère le courrier administratif, s’occupe de la cession des droits à l’étranger… Nous sommes huit. Chacun est polyvalent. »

Ou encore, sur le choix du titre d’un roman : « ‘Article 353 du code pénal’, lorsque je l’ai déposé sur le bureau d’Irène, j’étais persuadé que ça ne passerait pas », se souvient Tanguy Viel, avec malice. « Allez, on a travaillé, une minute, une minute trente sur le titre! », concède l’auteur. Irène Lindon rebondit : « Oh oui, parce que ‘article 353 du code de procédure pénale’, c’était bien trop laid! »

Tanguy Viel poursuit : « La deuxième chose sur laquelle nous travaillons avec notre éditrice, c’est la quatrième de couverture ». Regardant son livre, il lit cette fameuse quatrième de couverture : « Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d’être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l’ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec. Il faut dire que la tentation est grande d’investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement avec vue sur la mer. Encore faut-il qu’il soit construit. » Puis, il s’exclame dans un sourire : « Voilà, ça c’est de l’argument! C’est un petit travail… Quand même, il y a des choses que l’on fait avec un éditeur. » 

Le travail de composition de Tanguy Viel

« Article 353 du code pénal » est le dernier roman paru de Tanguy Viel. Sorti l’an dernier, il a depuis reçu le prix RTL Lire 2017 qui lui a valu un succès public. De ce roman, la critique a aimé souligner une certaine proximité avec le « polar ». Mais l’auteur joue surtout sur les codes.

A VOIR >> Reportage chez l’auteur, lors de la sortie d’ « Article 353 du code pénal »

Très vite, les échanges se concentrent sur l’écriture de l’auteur. Baptiste Liger l’interroge sur la singularité de son style, le rythme de ses phrases. Tanguy Viel confie que finalement, la phrase, « c’est ce qui se travaille le moins ». Il complète : « Ça fonctionne par blocs. La phrase a à voir avec un souffle, une image intérieure. Je ne dis pas qu’elle va être parfaite, il y aura peut-être des modifications, mais moi, j’ai plus l’impression de travailler sur la composition. Le phrasé, c’est presque une unité primaire qui n’est pas là tous les jours. Il arrive d’ailleurs que l’on doive jeter des blocs entiers, car ce sont de fausses notes…! »

Tanguy Viel a publié ses sept romans aux Editions de Minuit. Le premier de ses manuscrits n’a pourtant pas été retenu pour publication.

« Un jour, j’ai fait lire un manuscrit à François Bon qui l’a discrètement posé sur le bureau d’Irène, se souvient Tanguy Viel. J’ai eu un rendez-vous. C’était un rendez-vous d’encouragements. Le texte était fragile dans sa forme, difficile d’accès. Le conseil qui m’a été donné était le suivant : ‘essayez de faire un roman’. Avec un début, un milieu et une fin. J’avais 22 ans. Je suis sorti de ce rendez-vous, ça aurait pu me bloquer, mais ça m’a donné l’envie d’essayer d’écrire ce roman. Et ça a été ‘Le Black Note’. »

Pour lui, les Editions de Minuit, c’était les romans d’Eugène Savitzkaya ou les textes de Bernard-Marie Koltès. « J’ai découvert les Editions de Minuit vers 18 ans, assez tard finalement. Il s’est passé quelque chose qui ne s’était pas passé avant dans mon expérience de lecteur, quelque chose dans la densité de langage que je n’avais pas trouvé avant. » Et dont il est aujourd’hui l’un des héritiers.

Au bout d’une heure et demi d’échanges, dont certains avec le public, l’auteur s’est livré à une séance de dédicaces.

La manifestation se poursuit jusqu’au 15 mars avec des rencontres avec Yves Ravey, Julia Deck, Anne Godard, Eric Laurrent, Vincent Almendros ou encore un hommage à Christian Gailly.

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04 Fév

Musique : …et La Bien Querida enflamma la pop

C’est l’une des belles révélations de la musique pop venue d’Espagne : La Bien Querida, la bien-aimée en français. En cinq albums, Ana Fernandez-Villaverde a tracé un sillon singulier dans le milieu de la musique indépendante de son pays. J’ai récemment découvert son dernier album « Fuego » (Elefant Records) à l’occasion d’un périple en terres ibériques. La douceur aérienne de sa voix et ses mélodies, tour à tour enjouées et mélancoliques, m’ont séduit. Alors qu’elle prépare une tournée en Espagne, la chanteuse, native de Bilbao (Pays basque espagnol), a pris le temps de répondre à quelques questions.

La couverture intérieure de "Fuego" de La Bien Querida

La couverture intérieure de « Fuego » de La Bien Querida

Comme un rayon de lumière sur Radio 3, l’une des antennes de la radio publique espagnole. Alors que Javier et moi roulions sur l’autoroute près de Gijon, la voix d’Ana, leader de La Bien Querida, est venue se poser au creux de notre oreille.

« C’est leur nouvelle chanson », me lance Javier, fou de joie.

« 7 Días Juntos » (sept jours ensemble) est le titre du morceau qui débute.

« Te conocí en la puerta de un bar / Cuando salías a fumar / Y yo tomando el aire y tú y tú / No me dejabas de mirar » (« Je t’ai rencontré à la sortie d’un bar / Tu étais sorti fumer / Je prenais l’air et toi / Toi, tu n’arrêtais pas de me regarder »), entend-on.

La Bien Querida est un groupe dont Javier suit la production depuis les premières maquettes découvertes, à l’époque, sur Myspace.


Retrouvailles inopinées

« 7 Días Juntos » : rythme chaloupé, ambiance pop, dans la voiture, l’écoute est joyeuse. Il est question de retrouvailles inopinées entre une jeune femme et un jeune homme qui, le temps d’une semaine, se sont aimés. Mais lorsque l’une était prête pour l’amour, l’autre voulait juste s’amuser.

De cette histoire ancienne, ce dont la jeune femme se souvient le plus précisément, c’est de ce « rayon de lumière imprégnant son désir », moment du bouleversement intime qui donne toute sa force à la chanson… « Je t’ai voulu dès que je t’ai vu, » conclut la narratrice.

Des mois que Javier guettait la diffusion des nouveaux morceaux de La Bien Querida! Dans la voiture, quelques-uns des précédents albums de la chanteuse accompagnent notre voyage dans les Asturies.

Disque de l’intime

Depuis, l’album « Fuego » (« Feu ») dont est tiré ce morceau nous accompagne et séduit par sa capacité à dire l’intime, ces moments où le cœur bascule, où l’instant d’après l’être humain n’est plus tout à fait le même.

Le groupe avait habitué ses fans à des morceaux pop souvent plus minimalistes et dépouillés, voire « conceptuels » (voir entretien ci-dessous). La nouvelle chanson révèle une mélodie enjouée, même si le disque, dans son ensemble présente une tonalité plus aérienne et nostalgique.

La voix de la chanteuse, douce et articulée, reste fidèle aux précédents enregistrements. Comme un murmure, très féminin, parfois presque enfantin. Et nous nous sommes plu à nous laisser porter d’une chanson à l’autre. Comme dans « Dinamita » où la chanteuse évoque ce moment où elle s’est laissée embarquer sur un chemin de traverse, éveillée par l’envie de « jouer avec le feu », de « suivre la pente dangereuse », d' »allumer la mèche », de « revêtir des habits de fête » et « d’embrasser » cet homme face à elle. Et c’est comme si tout dans sa « vie l’avait conduit à ce moment précis ».

Pourtant, elle le reconnait dans « Lo veo posible », « Je me retrouve toujours à chercher l’amour au mauvais endroit ».

Alors, nous avons voulu échanger avec Ana. Elle a pris le temps de répondre à nos questions début février. Rencontre.

(Entretien : Clément Massé. Traduction : Valentine Leboeuf (avec Javier Gonzalez)).

Je voulais dire ce moment où l’on se réconcilie avec le passé plutôt que celui où l’on est en guerre avec soi-même (Ana Fernandez-Villaverde)

Musicalement, l’album « Fuego » apparaît différent de vos disques précédents. Peut-être plus festif et enlevé. Quelle a été votre démarche sur ce disque, votre recherche musicale ? Et, vous êtes-vous donné une direction particulière ?

Avec ce disque, je voulais observer le bon côté des choses, me placer du côté positif de la vie, explorer ce qui s’y passe, tout en sachant les contradictions, la différence entre ce que l’on affiche au quotidien et ce que l’on vit vraiment. Je voulais que la production et les arrangements en soient le reflet. Je voulais dire ce moment où l’on se réconcilie avec le passé plutôt que celui où l’on est en guerre avec soi-même. C’est un disque musical et non conceptuel comme le disque précédent qui avait un discours abstrait, parfaitement rodé, et qui a beaucoup plu à la critique. Pour ce disque, j’ai voulu explorer quelque chose de différent, sinon je savais que j’allais m’ennuyer. 

Lorsque j’écoute votre musique, je suis porté par votre voix. Elle apporte une dimension lyrique à vos chansons, mais semble aussi insuffler un brin de mélancolie. Est-ce une atmosphère qui correspond à votre état d’esprit ?

J’ai toujours eu cette pointe de mélancolie dans ma voix. Je n’ai pas une voix profonde, elle a cette tonalité enfantine qui accentue la mélancolie. Mais c’est aussi un peu fait exprès, je ne vais pas mentir. Quand je chante, je choisis volontairement une voix triste (sourires).

Pour moi qui comprends peu l’Espagnol, ce « Fuego » (le feu, j’imagine) qui donne son titre à l’album, d’où vient-il ?

Le feu, c’est celui que je vais chercher en moi quand j’écris des chansons. C’est l’étincelle qui enclenche le mécanisme. C’est une flamme, quelque chose que l’on recherche souvent dans nos vies. En amour par exemple, c’est ce qui nous permet de nous sentir vivant. C’est merveilleux de ressentir du désir et de le sentir se consumer en soi. D’abord, la flamme qui change tout, puis les braises qui maintiennent en vie la flamme, le feu.

Comment avez-vous construit cet album?

Je compose moi-même les chansons à l’aide de ma guitare et ensuite c’est David Rodriguez qui se charge des accords. On a l’habitude de travailler de cette façon. Vous avez raison, la chanson « Recompensarte » scinde le disque en deux, de par ses accords et son rythme ‘rumbesque’. On a réalisé une autre version de cette chanson, arrangée par Aaron Rux. Elle est plus sophistiquée et ressemble davantage au reste du disque. Elle peut s’écouter sur Spotify. Mais on a décidé de mettre celle-ci parce qu’elle apporte une certaine fraîcheur et rend le disque et la chanson moins dramatiques. Ça rejoint ma volonté de faire un disque lumineux, joyeux.

Dans ce disque, « Fuego », on passe de « Dinamita » à « Los jardines de Marzo », littéralement de la dynamite aux jardins de mars. Pour moi qui comprends peu l’Espagnol, je me suis avant tout laissé porter par la musicalité des morceaux et la cohérence musicale globale du disque. Je ressens un passage d’une ambiance lyrique et un brin nostalgique à des remous plus électro pop, des éclats d’allégresse à mi-parcours du disque pour finir sur une note très apaisée. A quel voyage avez-vous voulu convier votre auditeur?

Quand j’écris et compose mes chansons, je cherche continuellement à faire des rimes car elles accentuent la sonorité de la mélodie. Donc, même si vous ne comprenez pas la langue espagnole, vous entendez cet équilibre sonore. Cela m’arrive quand j’écoute des chansons en italien ou en français et ça me paraît essentiel. Je voulais que le disque soit un voyage passionnel qui débute avec « Dinamita » qui est une déclaration d’intentions et que l’on soit ensuite plongé dans un univers calme et paisible avec « Los Jardines de Marzo ».

Pour rester sur cette chanson « Recompensarte », c’est un duo avec J., le chanteur du groupe Los Planetas. Pouvez-vous nous parler de votre proximité musicale, amicale peut-être aussi, avec ce groupe et avec J. en particulier ? Est-il exact que c’est lui qui vous a incité à faire de la musique ? Pouvez-vous nous parler de la manière dont vous vous êtes rencontrés et des circonstances qui vous ont amenée à faire de la musique?

Cela fait plus de 20 ans que je connais J, c’est un grand ami, on s’entend très bien, aussi bien personnellement que musicalement, et, quand je compose, je lui envoie souvent mes chansons pour qu’il me donne son avis. J’ai toujours été fan de son groupe « Los Planetas », de sa façon d’écrire les chansons. Il a une grande influence sur moi. Il y a plus de dix ans maintenant, j’ai acheté une guitare et, à l’époque, je regardais sur Internet les partitions des chansons qui me plaisaient ; c’est comme ça que j’ai commencé à jouer. Un jour, J m’a dit qu’il faudrait que je compose des musiques, que ça marcherait bien pour moi. Je lui ai fait confiance et voilà où j’en suis aujourd’hui… Ensuite il y a eu beaucoup d’autres personnes qui m’ont soutenue comme David Rodriguez et Luis Calvo de mon label discographique (Elefant Records, ndlr).

Dans mon premier album, j’avais prévu un duo avec J sur la chanson « ADN » mais à l’époque personne ne me connaissait et j’avais peur que l’on pense que je profitais de sa célébrité. J’ai donc préféré le faire avec Joe Crepusculo qui débutait dans la musique, comme moi. Maintenant, avec mon cinquième album, j’ai un parcours assez reconnu et j’ai pensé que c’était le bon moment pour faire un duo avec lui. J’ai aussi participé à l’élaboration de ses deux derniers disques et dans pas longtemps, « Los Planetas » vont sortir un single dont la face B est l’une de mes compositions.

Pouvez-vous aussi nous parler des artistes qui vous ont marquée et influencée ?

Je pourrais vous citer de nombreux groupes. En ce moment, j’écoute beaucoup Robe Iniesta et je pense sincèrement qu’il est le meilleur parolier que nous ayons dans notre pays. Personne n’écrit aussi simplement et clairement. C’est populaire et beau, sans détours, sans métaphores bizarres ou ridicules. J’aime aussi beaucoup l’écriture de J du groupe Los Planetas. Et bien sûr le grand Manuel Alejandro.

En France, chez de nombreux artistes, on sent une quête poétique très forte (Dominique A, Keren Ann, Benjamin Biolay, Jean-Louis Murat…) comme s’il se voulait d’abord poètes et ensuite chanteurs. Et vous, en Espagne, comme définiriez-vous votre quête ?

J’adore la poésie, je pense que c’est un art indispensable à ma vie. Je ne pourrais pas vivre sans les poètes et poétesses qui créent la poésie. Je les admire parce qu’en plus c’est un art rare, je ne connais aucun poète qui vive exclusivement de la poésie. Alors que les musiciens, cinéastes, peintres qui vivent de leur art, ça existe. Mais je ne me considère pas comme une poétesse. La poésie est une discipline qu’il faut étudier et qui a ses règles. Moi je suis chanteuse-compositrice.

Enfin, parlez-nous de la couverture de votre album et tous ces objets qui apparaissent. Avez-vous voulu donner des indications, créer une ambiance avant d’écouter le disque ?

J’ai suivi le mouvement Things Organized Neatly, c’était une idée qui m’amusait. Ça en dit long sur moi parce que je suis quelqu’un de très ordonnée dans la vie et chez moi aussi. Tous les objets qui apparaissent en couverture me plaisent. On a loué un studio et j’ai passé la nuit à peindre le sol en m’inspirant du mouvement le Groupe Memphis. Pepe Leal s’est chargé de la direction artistique et a ordonné toutes ces objets dans l’espace. La photo n’a aucune retouche, on a tout fait là-bas. C’est Pablo Zamora qui a pris la photo.