Le monde politique de l’Yonne était déjà agité de soubresauts de plus en plus violents. Les derniers épisodes en date sont en train d’en faire un laboratoire de la décomposition des grands partis de la cinquième république. Le ralliement de Jean-Baptiste Lemoyne au mouvement En Marche ouvre un nouveau chapitre, celui de la fracturation visible de la droite.
Depuis plusieurs années, certains prophétisent un mouvement de la droite vers l’extrême droite. Il aura probablement lieu, mais le jusqu’au-boutisme de F.Fillon et sa radicalisation sont peut-être en train de produire un effet inattendu avec une prise de distance d’élus qui même s’ils ne sont pas des centristes , ne se reconnaissent pas dans l’image renvoyée par F.Fillon et son entourage. Et Jean-Baptiste Lemoyne peut en être un exemple. En clair, Fillon se sur-droitise pour garder des électeurs, et il perd sur son centre ce qu’il garde à sa marge….
Et cette pression électorale du Front National est de toute évidence ce qui influence de nombreux comportements de la droite de l’Yonne , avec trois chiffres clairs : 34%, 37,4%, 41,2% . Le résultat du Front National arrivé en tête au deuxième tour des régionales dans les trois circonscriptions de l’Yonne !Un Front National qui a placé la troisième circonscription de l’Yonne dans la catégorie des gains probables.
La gauche aussi
Mais cette décomposition touche aussi très largement la gauche parlementaire du département .Elle n’a jamais brillé par son unité, partagée entre grands élus sociaux-démocrates et fédération très marquée à gauche. Mais il n’y a cette fois plus aucune unité, dans le péril d’une grande défaite annoncée.
Le maire d’Auxerre Guy Ferez , soutien de Manuel Valls s’est ensuite rangé derrière Emmanuel Macron, et surtout le député-maire d’Avallon Jean-Yves Caullet a lui aussi rejoint En Marche, tout en obtenant l’investiture par les militants PS de sa circonscription !
L’Yonne , ancien « socle bleu » , chasse gardée de la droite devient donc un département laboratoire avec un Front National en position de force, et deux parlementaires influents, de droite et de gauche, ralliés à En Marche.
Voila qui ressemble pour l’instant à un des possibles scénarios de cette Présidentielle…