C’est un coup dur pour Morming. Le gendarme de la banque vient d’épingler la néobanque toulousaine. Tous les services de paiement proposés par la start-up sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.
© Morning
Coup de tonnerre dans l’écosystème numérique de Toulouse et sa région. L’un de ses fleurons, Morning (ex-Payname) vient d’être épinglé par le gendarme de la banque et de l’assurance, l’ACPR.
Cette autorité de régulation bancaire a rendu public le 7 décembre, une décision du 1er décembre 2016 où elle « interdit à la SAS MORNING de fournir des services de paiement (..) et de débiter le compte de cantonnement ». En un mot, l’activité de la Fintech toulousaine est (pour le moment) suspendue, voir en péril.
L’ACPR reproche à la start-up de ne pas avoir « mis en œuvre les diligences requises pour assurer la protection des fonds reçus de sa clientèle ».
Que reproche-t-on à Morning ?
Premier reproche : Morning a « prélevé une somme de 500 000 euros sur le compte de cantonnement en septembre 2016 pour la verser sur un compte à terme nanti au profit d’un organisme tiers dans la perspective du lancement envisagé d’une nouvelle activité » précise la note d’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
D’autant plus que la jeune pousse de la Fintech promet, en novembre 2016 à l’ACPR, de renflouer le montant prélevé. Or, « le reversement de cette somme sur le compte de cantonnement n’a toujours pas eu lieu à ce jour » détaille la décision de décembre.
Second reproche : le 23 novembre 2016, le commissaire aux comptes de Morning alerte l’ACPR que « le montant des fonds de la clientèle à cantonner était supérieur à celui déclaré par la société ». Cela signifie que la startup a sous-estimé le montant réel des dépôts effectués par ses clients, soit une erreur de 538 494 euros.
En additionnant les deux mouvements de trésorerie, Morning se retrouve avec un déficit de plus d’un 1 million d’euros. « La trésorerie de la société était devenue négative au 17 novembre 2016 » souligne le gendarme financier.
Une situation inacceptable pour l’ACPR qui estime que « SAS MORNING n’apparaît pas en mesure à ce jour de remédier par elle-même à cette insuffisance de cantonnement, compte tenu de sa situation de trésorerie ; qu’en conséquence, les intérêts de ses clients sont susceptibles d’être compromis« .
Une mise en demeure qui reste conservatoire rappelle le régulateur. « Les interdictions prononcées (..) pourront être levées lorsque la SAS MORNING sera en mesure de justifier auprès de l’ACPR du respect des dispositions de l’article L. 522-17 I du Code monétaire et financier » conclu la décision.
Et maintenant ?
Reste à savoir si Morming peut rebondir. La décision de l’ACPR peut mettre en péril l’avenir de la jeune pousse. Contacté par nos soins, Morning reste injoignable.
Cependant, chez nos confrères de CBanque, Eric Charpentier, fondateur et CEO de Morning, a voulu rassurer : « Nous sommes en capacité de reverser les cagnottes de nos clients dans des délais normaux, et des dispositions ont déjà été prises pour régulariser la situation vis-à-vis de l’ACPR« .
Depuis 2013, Morning (ex-Payname) est une plateforme en ligne qui permet de sécuriser les paiements entre particuliers (cagnotte, remboursement, service à la personne, loyer, achats d’occasion,…). Elle assure ainsi les transactions, édite la quittance de loyer ou réalise encore la déclaration à l’Ursaaf.
Peu à peu, la start-up toulousaine est devenue une nouvelle banque indépendante des agences bancaires traditionnelles. L’objectif est d’offrir « les usages habituels d’un compte de paiement (RIB, prélèvement, virement) en plus des usages collaboratifs » précisait à l’époque, le fondateur Eric Charpentier. C’est ainsi qu’en juillet 2015, Morning a obtenu l’agrément d’établissement bancaire. Deux mois plus tard, la jeune pousse de la Fintech française boucle une levée de fonds de 5 millions d’euros avec plusieurs partenaires dont la MAIF.
Le 8 novembre dernier, la néobanque toulousaine annonce l’arrivée de sa première carte de paiement Mastercard. Une nouvelle étape dans le développement de Morning, instalé depuis juin 2016, au sud de Toulouse à Saint-Elix-Le-Château. Mais aujourd’hui, tout cela semble remis en question. A suivre…
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