Une équipe muette, des prestataires non payés, une levée de fonds ratée et un fondateur qui disparaît. L’avenir de Hush, créé par le Toulousain Eric Charpentier (ex-Morning), interroge.
© Hush
Lancée en mai 2017 au Luxembourg, la néobanque du Toulousain Eric Charpentier interroge.
Selon le site Mindfintech (média spécialisé dans les Fintech), « le projet Hush est en péril » après l’échec de la levée de fonds en cryptomonnaie. Seulement 614.000 euros ont été récoltés à l’issue de la deuxième phase de l’ICO en juin 2018. Une somme honorable mais bien loin des 15 à 20 millions espérés par son fondateur, Eric Charpentier.
Malgré ce bilan négatif, les tokens (jeton de valeur numérique) ont été distribués aux investisseurs, au début de l’été.
A terme, Hush veut devenir une banque en ligne européenne qui permet de gérer à la fois des euros et des monnaies virtuelles.
« On travaille en silence » selon un responsable d’Hush
Mais au-de-là du volet financier, c’est surtout l’avancée du projet qui inquiète.
Le site officiel de la Fintech est actuellement fermé. Le compte Twitter n’est (quasiment) plus actif depuis 2 mois. Idem pour le groupe public sur Telegram où près de 600 personnes suivent l’évolution du projet. Silence Radio depuis le 6 juillet.
Plus étrange, Eric Charpentier a totalement disparu des réseaux sociaux. Le fondateur a fermé ses comptes Twitter, Facebook et Linkedin.
« Eric prend désormais le temps de mener ses projets loin de la pression des réseaux. D’ailleurs le ministre du numérique vient de faire la même chose » répond Max Massat, le community driver d’Hush.
Ce proche d’Eric Charpentier estime que les révélations de Mindfintech sont « exagérées » et temporise la situation. « On a décidé de pas se justifier. On travaille en silence. Les vrais investisseurs du projet eux savent. On laisse le fantasme pour les autres« .
Factures impayées
Faute de fonds, Hush laisse également des ardoises.
Selon une information de Mindfintech (que nous avons pu confirmer), une facture de plus de 150.000 euros n’a pas été réglée à la société Chaineum. Cet opérateur d’ICO a conseillé la néobanque sur la levée de fond. D’autres prestataires sont dans la même situation et n’ont plus de nouvelles d’Eric Charpentier depuis des mois.
L’ombre de Morning
Difficile de ne pas faire le parallèle avec Morning, la précédente start-up d’Eric Charpentier.
Cette banque en ligne est née à Toulouse en 2013 avant de déménager dans un siège flambant neuf à Saint-Elix-le-Château (à 50 km au sud de la ville rose).
En décembre 2016, sa société est épinglée par le gendarme de la banque, l’ACPR en raison d’une utilisation illégale du compte de cantonnement. Une décision qui suspend les activités de la banque. Suivent ensuite des problèmes de trésorerie (non paiement des salaires, factures impayées,…) et un conflit avec la Maif, l’un des principaux actionnaire.
En février 2017, Morning et ses 50 salariés sont rachetés par la banque Edel. Eric Charpentier est écarté et lancera Hush 10 mois plus tard.
Julien L.