07 Sep

En marge de Visa, les collectifs cultivent leur différence


Picture Tank, une société coopérative de diffusion de photographie organisait hier un colloque "le facteur collectif" à la Casa Musicale avec 14 collectifs de photographes, rédacteurs, éditeurs, cinéastes... (crédit photo : Aurélia Dumté)

Ils ne sont pas sur le plan officiel du festival mais ils pourraient être le numéro 12 sur la carte des expo de Visa, en face de l’Arsenal des Carmes. Même pas un petit drapeau rose du « Off ».  A la Casa musicale, il y a pourtant des expositions photos. Le Off du Off ? Surtout, ne pas dire ça ! « Nous participons au festival ! On paye notre accréditation, alors on contribue financièrement au festival. Nous profitons de l’émulation, du dynamisme, et nous y participons », assure Bastien Defives, du collectif de photographes Transit.

Leur semaine professionnelle, ils l’appellent « Noves Convivències » (le « Nouveau Vivre ensemble »). Deux expositions sont présentées dans cette ancienne caserne. Celle des dix ans de Transit avec la sortie d’un livre, « La France de 2012- la conspiration des instants », et celle du magazine Zmâla, une revue annuelle dédiée au travail des collectifs de photographes.

L’événement est organisé par Picture Tank, une société coopérative qui diffuse les images de photographes indépendants et de collectifs. La Casa Musicale, « c’est l’espace que les collectifs s’approprient », dit Alexa Brunet, membre de Transit. Pourtant, Visa pour l’image a prévu un lieu pour les collectifs au Palais des congrès. Cent euros l’emplacement. « C’est symbolique », admet la jeune femme. « Mais notre équipe est réduite, nous ne pourrions pas être à la fois au Palais des Congrès et ici. »

Picture Tank a accédé en 2011 à ce lieu associatif bien connu des Perpignanais. « Nous ne sommes pas des dissidents, nous apportons un vent de fraîcheur. Nous sommes très reconnaissants de l’action de Jean-François Leroy (directeur du Visa pour l’Image), assure Philippe Deblauwe, co-fondateur de Picture Tank. C’est en venant ici tous les ans que nous avons su comment nous développer. Nous sommes un peu l’enfant bâtard de Visa ! » .

En arrivant à la Casa Musicale, le visiteur se rend vite compte, qu’il ne s’agit pas d’une exposition habituelle… Les photos sont accrochées sur les façades de la bâtisse. Singulier, à Visa. Les images documentaires sont parfois décalées : texte incrusté, superposition, flou. C’est pourtant du photojournalisme. « Nous faisons du photojournalisme, mais avec des images plus plastiques. Ce que nous faisons est un peu hors des clous. Nous avons un lien avec Visa, mais … différent. Nous faisons de la mise en scène, des tirages six par six. Nous avons une démarche plus plasticienne des documentaires », détaille Alexa Brunet.

Pour ses dix ans, le collectif Transit expose les travaux des six photographes qui en sont membres autour du thème "La France de 2012" à la Casa Musicale. (Crédit : Céline Picard)

Une image originale du photojournalisme, « en marge du « monolithe » Visa » précise Philippe Deblauwe de Picture Tank. Un autre esprit, mais aussi une autre organisation : se rassembler pour mutualiser les moyens, pour « avoir des avis qui ne sont pas complaisants, une liberté de parole des uns et des autres », selon Bastien Defives.

Jeudi 6 septembre, quatorze associations, Scic, scoop, et autres organisations « horizontales », ont réfléchi sur leur fonctionnement, leur futur. « Depuis les années 80, les agences n’offrent plus de perspective aux photographes, il a donc fallu trouver une solution. A la même époque est apparue la notion d’auteur en photographie. Les photographes avaient quelque chose à dire, ils n’étaient plus uniquement des illustrateurs », explique Françoise Denoyelle, présidente du premier collectif de photographe français, Le Bar Floréal.

A l’image de la place qu’ils occupent au sein du festival, les collectifs font maintenant totalement partie du paysage du photojournalisme, en empruntant les chemins de traverse.

Aurélia Dumté