Un groupe de huit personnes sort lentement du Couvent des Minimes. Ce sont des pensionnaires du centre de vie de Saint-Estève, pour personnes en situation de handicap. Certains sont jeunes, d’autres moins, et puis il y a ceux qui ne se souviennent pas de leur âge. Ils viennent chaque année et ils rédigent des articles pour le journal du centre. « C’est le moyen d’informer ceux qui n’ont pas pu venir », explique l’une des deux encadrantes. Ces hommes et ces femmes nous livrent leurs impressions sur le travail des photojournalistes de Visa. Souvent avec facilité, toujours avec simplicité. Mais parfois, les mots ne sortent pas. Le regard est brut, sincère.
Bruno, 39 ans, n’apprécie pas les photos de guerre, trop tristes selon lui. « L’armée ne me plaît pas, moi ce que j’aime, ce sont les images de joie, de sourire et de soleil. »
Julia (deuxième en partant de la gauche), 22 ans, est sensible à l’obscurité. « Je trouve que les photos de nuit sont belles, les gens sont particuliers à ce moment-là ». Olivier (à droite), 23 ans, aime celle d’une femme sur son canapé. « Elle avait son chien sur les genoux », précise t-il. Il a aussi remarqué les photos d’hommes en uniforme. « Je trouve ça impressionnant. »
Franck, 42 ans, s’arrête sur les photos très colorées. « Je suis touché par les photos prises en couleur, ça me plaît. J’ai aussi été frappé par tous ces visages. »
Patricia, à l’extrême droite de la photo de groupe, qui ne sait plus son âge, retient l’image d’une famille. « Le papa et la maman dormaient avec leur fille, j’ai trouvé ça touchant ». Le groupe ne verra pas d’autres expositions aujourd’hui. Il est l’heure d’aller manger. Même pour Visa, pas question de bouleverser le rythme du groupe.
Sophie Bonnevialle et Victor Guilloteau
Crédit photo : Sophie Bonnevialle