Amélie Douay et Ginette, artiste des journées des copistes
C’est une institution ! Chaque année, une quinzaine de peintres posent leur chevalet dans les salles du musée Courbet avec un défi : réaliser une copie d’un des tableaux du musée d’Ornans en l’espace de trois jours ! La remise des prix a lieu ce dimanche 12 novembre. Cette manifestation est organisée depuis 26 ans par l’Institut Courbet. Les peintres doivent respecter une charte bien précise : on peut copier une oeuvre sans être faussaire !
Elements de l’affiche de l’exposition 2017 du musée Courbet d’Ornans
L’équipe du musée Courbet est partie de la toute récente rénovation du tableau de Courbet « L’atelier du peintre » exposé au musée d’Orsay à Paris pour proposer une exposition autour des photographies d’ateliers d’artistes signées Vincent Knapp.
Le 10 juin 1819 dans la vallée de la Loue naissait Gustave Courbet. Pour célébrer les deux cents ans de la naissance du maître d’Ornans, le musée Gustave Courbet proposera une exposition exceptionnelle. Le célèbre peintre Yan-Pei Ming en sera l’invité : il est en train de réfléchir à des oeuvres qui dialogueront avec des tableaux de Gustave Courbet.
Des photos servent à la reconstitution de l’atelier d’Ornans
Gustave Courbet n’a jamais oublié Ornans. Parisien depuis ses 20 ans, il revenait régulièrement dans la vallée de la Loue auprès des siens. Il s’est même fait construire un atelier à Ornans.
La Source, tableau de Gustave Courbet, peint vers 1860.
Quand vous vous retrouvez face à un tableau de Gustave Courbet, comment le regarder ? C’est la question que vous pouviez vous poser vendredi après-midi ou samedi matin avant la vente aux enchères d’un tableau du maître d’Ornans prévue à partir de 14h15 à l’hôtel des ventes de Belfort. A la suite d’une succession dans une famille jurassienne, un tableau signé Gustave Courbet a été mis en vente parmi 142 lots d’objets d’art par M°Patrick Gauthier. La peinture représente une source. Il a été adjugé 54 000 euros à un Franc-Comtois qui souhaite rester anonyme.
Difficile de se faire une idée d’un tableau à partir d’une simple photographie. Première impression, le cadrage est connu. Le peintre franc-comtois a peint de nombreuses sources, celle de la Loue et du Lison en particulier. Voici deux magnifiques tableaux : La source de la Loue du Kunsthaus de Zürich et La source du Lison du Staateliche Museum de Berlin, Nationalgalerie.
La source de la Loue de Gustave Courbet. 1863. Kunsthaus de Zürich
Souvent, il n’y a ni ciel, ni humain. Juste l’eau jaillissante de la roche. L’idéal est de pouvoir presque se coller à la toile pour regarder au plus près les touches laissées par le couteau du peintre. D’abstraite en très gros plan, l’eau devient vivante dès que l’on prend du recul. Même démarche pour la roche.
Source du Lison de Gustave Courbet. 1864. Staatliche Museum Berlin.
Gustave Courbet avait appris lui-même à comprendre un paysage karstique grâce à son ami géologue Jules Marcou. La superposition des couches de peinture est très particulière chez Courbet, à la fois profonde et aérienne. Cette composition est complètement intemporelle sans histoire particulière, seule compte la nature dans laquelle a grandi le Franc-Comtois. Voici deux des plus célèbres tableaux de Courbet représentant des sources. Ces cadrages serrés sur l’origine des rivières évoque celui voulu pour L’Origine du Monde.
Voilà pour ce qui relève du pur plaisir. L’observation d’une toile jamais vue puisqu’elle était conservée dans un intérieur d’une demeure jurassienne et ne fait pas partie des toiles issues de collections particulières régulièrement sollicitées pour des expositions. Mais qu’en est-il de sa valeur ? Le tableau, mis en vente ce samedi à Belfort date du début des années 60. Il est estimé entre 30 000 et 50 000 euros. Un prix raisonnable car le tableau a « été réentoilé, d’où quelques soulèvements » précise le commissaire priseur. On voit aussi sur la photo que des petites parties de peinture sont manquantes. Les frais de restauration sont estimés entre 3 et 6 000 euros.
Mais surtout, la question que chaque acheteur se pose est celle de l’authenticité de la toile. Avec Courbet plus qu’avec tout autre peintre puisqu’il a signé des oeuvres réalisées par ses élèves. Autre difficulté, la qualité inégale des oeuvres de notre ami Gustave. Le peintre n’était pas toujours au mieux de sa forme, il était bipolaire d’où, parfois, des tableaux plus mous que d’autres.
D’où la nécessité d’expertiser l’oeuvre. M°Patrick Gauthier s’est adressé à l’experte parisienne Elisabeth Marechaux. L’oeil ne suffit pas, il faut littéralement « tracer » le tableau, retrouver toute son histoire, ce que Courbet a pu en dire dans sa prolixe correspondance, ce que ses contemporains ont pu écrire, les catalogues de vente où il est mentionné. Une vraie enquête !
Souvent il existe un catalogue raisonné pour les oeuvres des peintres. C’est en quelque sorte une « bible » où toutes les oeuvres connues sont recensées avec leur pedigree. Pour Courbet, la référence, c’est le catalogue raisonné établi par Robert Fernier .
Le catalogue raisonné de Gustave Courbet par Robert Fernier
La Source est mentionnée en Italique. Cela veut dire que Robert Fernier l’a reconnu comme un tableau de Gustave Courbet sur photo m’explique Elisabeth Marechaux. Le tableau est donc connu, voici son parcours :
Vente à l’Hôtel Drouot, 14 décembre 1882, n°16, Maître Boulland .
Vente à l’ Hôtel Drouot 20 mai 1905, n°14, Maître Couturier
Collection Gibassier, Marseille
Collection Georges Pelletier, Marseille
Collection particulière
Par précaution, Elisabeth Marechaux a demandé une nouvelle expertise à l’Institut Courbet. Depuis que Jean-Jacques Fernier, le fils de Robert Fernier, a arrêté son activité professionnelle d’expertise, un comité de l’Institut Courbet a pris le relais. Le comité dont la composition reste secrète, s’est déjà réuni deux fois pour expertiser une quinzaine de tableaux dont La source. Cette fois-ci, ce comité a pu examiner le tableau « pour de vrai » et « une attestation d’insertion au catalogue raisonné de Gustave Courbet comme une oeuvre de Courbet » a été délivré en novembre dernier. Il a été remis à l’acheteur de la vente aux enchères de Belfort. Pour rendre son avis, le comité animé par Sébastien Fernier, petit-fils de Robert et fils de Jean-Jacques, dispose des archives de l’Institut Courbet.
Elisabeth Marechaux a été séduite par les « tonalités assez sourdes et lumineuses » de cette oeuvre de Courbet, « on a l’impression de voir la lumière arriver sur la grotte » poursuit l’expert. Ce tableau n’intéresse pas cependant le musée Courbet à Ornans, toujours à la recherche de nouvelles oeuvres pour enrichir sa collection permanente. Les critères des musées n’ont rien à voir avec ceux des particuliers. Pas question de coup de coeur, l’oeuvre doit être en très bon état, bien documentée et particulière dans la production de l’artiste. Si vous voulez voir La Source avant qu’il ne reparte chez un particulier en France ou à l’étranger, il ne vous reste plus qu’à aller à Belfort !
Comme de vieux amis qui n’oublieraient jamais l’un des leurs, ils se retrouvent chaque 31 décembre au cimetière d’Ornans, le jour anniversaire du décès de Gustave Courbet. Ils ne sont qu’une poignée mais ils ont la fidélité chevillée au corps.
Le Maître d’Ornans Gustave Courbet est à l’honneur en ce moment au musée d’Orsay. Pour fêter son trentième anniversaire, le prestigieux musée parisien offre à ses visiteurs un accrochage inédit avec 45 oeuvres venues du monde entier. Cinq d’entre elles sont de Gustave Courbet dont certaines prêtées par les musées de Besançon et d’Ornans. Parmi les artistes concernés par cette opération, le peintre franc-comtois est celui dont le nombre de toiles prêtées est le plus important.
Franck Pretalli, vainqueur 2016 des Journées des copistes d’Ornans
Jeune, Gustave Courbet a appris son métier au Louvre et dans d’autres prestigieux musées. Le Franc-Comtois a copié les maîtres anciens. Lorsque vous visitez la collection permanente du musée Courbet d’Ornans vous pouvez découvrir une copie de la « Vision de Saint Jérôme » de Le Guerchin, réalisée par Courbet vers 1840. Ces jours derniers, c’était au tour d’une quinzaine de copistes de se confronter à l’oeuvre du maître d’Ornans. Cela fait 25 ans que l’Institut Courbet organise ces journées des copistes à Ornans. Une institution !
Que vous soyez touristes ou habitués d’Ornans, le constat est le même : Cela n’est pas simple de circuler au centre ville ! Les rues sont étroites et difficile de trouver une place… La communauté de communes du Pays d’Ornans a décidé de voir grand en créant une nouvelle « voie urbaine » pour à la fois désengorger le centre ville et le rendre accessible en particulier lors de la saison touristique.
Ce n’est pas vraiment une déviation comme à Quingey puisqu’il sera possible de rejoindre à pied le centre ville à partir des parkings créés le long de cette voie urbaine. En fait, il s’agit d’un réaménagement total du centre ville de la « capitale » de la vallée de la Loue.
Qui mieux qu’un peintre pour vous expliquer une démarche picturale ? J’ai eu la chance de rencontrer Ronan Barrot. Ce peintre français vit et travaille à Paris.Il est représenté par la galerie Claude Bernard. Entre Ronan Barrot et Gustave Courbet, c’est une longue histoire faite de respect et de connivences. Cet été, leurs peintures sont exposées à quelques mètres les unes des autres à l’Abbaye d’Auberive en Haute-Marne. Alexia Volot, la directrice de la programmation culturelle de ce lieu dédié à l’Art contemporain, a imaginé des regards croisés entre les oeuvres du maître d’Ornans et celle d’artistes d’aujourd’hui.