12 Juil

Gustave Courbet et Ronan Barrot, deux peintres et tout un monde…

Ronan Barrot au Puits noir.

Ronan Barrot au Puits noir.

Qui mieux qu’un peintre pour vous expliquer une démarche picturale ? J’ai eu la chance de rencontrer Ronan Barrot. Ce peintre français vit et travaille à Paris.Il est représenté par la galerie Claude Bernard. Entre Ronan Barrot et Gustave Courbet, c’est une longue histoire faite de respect et de connivences. Cet été, leurs peintures sont exposées à quelques mètres les unes des autres à l’Abbaye d’Auberive en Haute-Marne. Alexia Volot, la directrice de la programmation culturelle de ce lieu dédié à l’Art contemporain, a imaginé des regards croisés entre les oeuvres du maître d’Ornans et celle d’artistes d’aujourd’hui.

Ronan Barrot, Arbre paysage,2008 © Abbaye d’Auberive

Ronan Barrot, Arbre paysage,2008 © Abbaye d’Auberive

Depuis dix ans, ce centre d’art contemporain présente la collection de la famille Volot. Des oeuvres « tournée vers l’expressionnisme figuratif, l’art brut ou singulier, termes souvent impropres mais nécessaires pour situer un art autour de l’intimité, du sentiment, du ressenti, du vécu ». Quelques oeuvres de Ronan Barrot font partie de cette collection. Aux visiteurs de trouver les références au maître du réalisme. Paul Rebeyrolle affiche, lui, clairement sa filiation avec Courbet. Pour d’autres artistes exposés à l’abbaye, l »influence de Gustave Courbet est plus subtile.  

Ces regards croisés existaient déjà du vivant de Courbet. C’est ce que montre l’exposition estivale du musée Gustave Courbet d’Ornans. La conservateur Frédérique Thomas-Maurin et son équipe mettent en évidence les dialogues picturaux entre Corot, Daubigny, Manet, Monet, Renoir... Gustave Courbet les a rencontrés, il a peint aux côtés de Corot, il a sympathisé avec Monet… L’histoire de l’art est aussi une histoire d’hommes.

L’influence de Courbet s’est aussi exercée de façon plus frontale. En 1872, Gustave Courbet ouvre près d’Ornans un atelier de collaboration. Il vient juste d’être libéré de prison pour sa participation à la Commune de Paris. Carine Joly, conservateur adjoint de l’Institut Courbet et co-commissaire de l’exposition d’Auberive, précise qu’il « devait faire face à beaucoup de commandes, sa participation à la Commune de Paris et le procès qui suivit ayant fait monter sa cote et l’importante demande des amateurs ». Cet atelier se reconstitue en Suisse lors de son exil. « Beaucoup d’oeuvres de fin de vie ne sont donc que partiellement de sa main, sur des travaux d’importances différentes, réalisées par les peintres de son entourage. D’autres usurpent un nom que ces peintures ne méritent pas : ce sont de trop nombreux « faux Courbet » » poursuit Carine Joly.

L’institut Gustave Courbet a prêté de nombreuses toiles de Courbet et de ses collaborateurs comme Marcel Ordinaire et Cherubino Pata à l’abbaye d’Auberive. Une bonne occasion pour tenter de comprendre ce qui fait la différence entre le maître et les élèves. A ce jeu, Ronan Barrot est très fort. Quand il regarde une toile, il rembobine le temps. Il voit le pinceau ou le couteau se déplacer sur la toile comme si il réalisait « un encéphalogramme des sensations ». La main de Courbet était rapide, le geste dense. Je n’ai pas vu peindre Ronan Barrot mais j’imagine une tension identique.

Voici le reportage que nous avons réalisé avec Laurent Brocard, Sebastian Linozzi et Alexandre Baudrand.


Gustave Courbet : le regard de Ronan Barrot

Nos confrères de Champagne Ardenne  ont également tourné à l’Abbaye d’Auberive :


L’Abbaye d’Auberive : exposition sur Courbet et la nature