09 Déc

Gustave Courbet, vedette du musée d’Orsay

C0020-00_00_10_00Le Maître d’Ornans Gustave Courbet est à l’honneur en ce moment au musée d’Orsay. Pour fêter son trentième anniversaire, le prestigieux musée parisien offre à ses visiteurs un accrochage inédit avec 45 oeuvres venues du monde entier. Cinq d’entre elles sont de Gustave Courbet dont certaines prêtées par les musées de Besançon et d’Ornans. Parmi les artistes concernés par cette opération, le peintre franc-comtois est celui dont le nombre de toiles prêtées est le plus important.

Visiter le musée d’Orsay en ce moment, c’est un peu comme parcourir plusieurs expositions en une. Les oeuvres prêtées par les musées éclairent celles de la collection permanente. Xavier Rey, le directeur des collections du musée, a eu cette idée très pédagogique : Pour Courbet, comme pour les autres peintres présentés à Orsay, un dialogue s’engage entre les peintures grâce à ces accrochages éphémères. Vous avez jusqu’à fin janvier pour découvrir ce jeu de correspondances. 

Deux salles sont dédiées à Gustave Courbet. La plus petite ne s’offre pas au premier regard. Il faut chercher un peu pour la trouver et c’est bien ainsi. L’Origine du Monde est au centre de cette pièce intimiste. A sa gauche, vous découvrirez exceptionnellement Le Sommeil, tableau prêté par le Petit Palais. Un régal pour les guides du musée tant l’histoire entre ces deux tableaux est intéressante. Elle passionne l’écrivain Thierry Savatier, auteur de « L’origine du monde, histoire d’un tableau de Gustave Courbet » et de « Courbet, une révolution érotique ». En lisant ces ouvrages, on apprend que les deux femmes enlacées ont été peintes par Courbet la même année que L’origine du Monde et les deux oeuvres ont appartenu au même collectionneur, le diplomate Khalil Bey.  Le tableau du Petit Palais a plusieurs noms : Le Sommeil ou Les dormeuses ou Paresse et luxure ou encore Les deux amies

L’histoire est connue : Khalil Bey était collectionneur d’art, il avait déjà acquis le Bain turc d’Ingres. Lorsqu’il entend parler du tableau de Courbet intitulé Venus poursuivant Psyché de sa jalousie (tableau détruit lors de la seconde Guerre mondiale), il se rend à l’atelier du maître et veut lui acheter.

Venus poursuivant Psyché de sa jalousie de Courbet.

Venus poursuivant Psyché de sa jalousie de Courbet.

Trop tard, il est déjà vendu ! D’après Jules Troubat, un ami de Courbet, le collectionneur aurait alors dit :

-Faites-m’en un pareil !

et Courbet aurait répondu :

-Non, je vous ferai la suite !

Une anecdote qui permet aux spécialistes d’émettre une hypothèse à propos de la commande de L’Origine du monde. Courbet aurait ainsi proposé à Khalil Bey deux tableaux : Les deux femmes enlacées et ce cadrage si transgressif du sexe féminin. Aucune trace écrite n’existe sur les circonstances de création de L’Origine du monde. Ce petit tableau qui ne pouvait pas être exposé comme les autres, aurait été vendu « sous le manteau » en même temps que Le Sommeil

Dans la même salle, face au Sommeil, trois autres peintures de Courbet sont présentées. Vous pouvez écouter les explications de Xavier Rey dans notre reportage tourné avec Laurent Brocard et monté par Stéphanie Chevallier :

L’autre espace réservé au peintre d’Ornans est immense : il accueille L’Atelier du Peintre, Un Enterrement à Ornans et L’Hallali du cerf… Le palais des Beaux-Arts de Lille a prêté Une après dînée à Ornans et celui d’Ornans a confié Les Paysans de Flagey revenant de la foire, Ornans.  Là aussi, vous en saurez plus en regardant notre reportage !

Lorsque j’ai découvert la peinture de Gustave Courbet, quelqu’un m’a expliqué que les Francs-Comtois étaient très attachés au maître d’Ornans mais que c’était seulement lorsqu’ils visitaient des musées à l’étranger qu’ils prenaient conscience de l’importance de Gustave Courbet dans l’histoire de l’art. En se rendant au musée d’Orsay, cette prise de conscience est réelle. Comme l’explique Xavier Rey, le directeur des collections du musée d’Orsay, Gustave Courbet a porté la révolution du réalisme, le premier grand mouvement pictural présenté dans l’ancienne gare parisienne transformée en temple de la peinture du XIXe siècle.

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr