28 Avr

SOS Loue et rivières comtoises et les pêcheurs haussent le ton !

 

Mobilisation de SOS Loue et rivières comtoises auprès du grand public

Mobilisation de SOS Loue et rivières comtoises auprès du grand public

C’est inédit. Les militants de SOS Loue et rivières comtoises, la fédération de pêche du Doubs et les pêcheurs de la basse Bienne dans le Jura ont décidé de passer à la vitesse supérieure en organisant samedi 29 avril des barrages filtrants dans quatre villes du Doubs et du Jura.

En distribuant des tracts aux Francs-Comtois lors de ces barrages filtrants, le collectif veut alerter le grand public et ainsi, espèrent-ils, peser sur les élus et autres décideurs de la région. Dans leur document rédigé pour alerter sur la dégradation depuis les années 80 de la santé des rivières franc-comtoises, les défenseurs des rivières rappellent que tout le monde est concerné par la qualité du milieu aquatique et qu’il pourrait même s’agir d’une question de santé publique :

Vous êtes concernés au premier chef. votre santé et celle de vos enfants peuvent être altérées par l’eau que vous buvez, cette eau provenant de nos rivières et de leurs nappes phréatiques.

Après plusieurs années de participation aux Assises puis aux Conférences départementales, SOS Loue et rivières comtoises a décidé de durcir le ton.


Mobilisation pour les rivières

Reportage de L.Thiery, S.Françoise et S.Chevallier tourné à Morteau avec Avec Philippe Grosso, Président AAPPMA La Gaule Mortuacienne, Bruno Haettel Responsable groupe scientifique SOS Loue et Rivières Comtoises et Philippe Henry, Géochimiste, SOS Loue et Rivières Comtoises.

Les militants reprochent aux élus et aux services de l’Etat de ne pas avoir mis en place les mesures qui pourraient enrayer la spirale infernale dans laquelle les milieux aquatiques semblent engagés. Certes, des petits pas ont été franchis : l’Etat a mis en place un règlement sanitaire particulier dans le Doubs pour la gestion des effluents d’élevage (capacités de stockage des effluents plus importantes pour éviter les épandages avant le printemps); une étude a été lancée dans le Haut-Doubs pour mieux traiter la question des micropolluants, des travaux ont été entrepris pour moderniser les stations de traitement des eaux usées.

Un EPAGE, Etablissement Public d’Aménagement et de Gestion de l’Eau doit être créé d’ici la fin de l’année 2017 sur le territoire Haut-Doubs Haute-Loue. Quant au contrat de territoire pour les milieux aquatiques du Haut Doubs et de la Haute-Loue, il devrait être prolongé d’une année pour « poursuivre les actions en cours ». C’est un véritable outil pour mettre en place des actions concrètes. En 2014, l’Agence de l’eau, principale source de financement pour les actions de restauration des cours d’eau lançait cet appel : «On vous donne des moyens mais cela ne suffit pas. Si personne ne porte les projets, les efforts seront vains. Notre souhait est d’apporter avec ce contrat de territoire des moyens supplémentaires pour améliorer les actions pour les rivières. Nous sommes dans l’attente de projets et nous serons là pour les financer et accompagner techniquement.». Un bon indicateur pour mesurer l’engagement des élus sur ces dossiers serait de pouvoir vérifier si la totalité de l’enveloppe de 16 millions d’euros a été engagée. 

Car, pour l’instant, toujours pas de résultat visible, la santé des rivières ne s’améliore pas.

Affiche de SOS Loue et rivières comtoises réalisée lors des premières mobilisations du collectif

Affiche de SOS Loue et rivières comtoises réalisée lors des premières mobilisations du collectif

Depuis 2010 et les premières mobilisations pour sauver les poissons et les cours d’eau, des outils ont été mis en place pour mieux connaître l’impact des activités humaines sur les rivières.

Sur le tout nouveau site Eauxdoubsloue.fr, vous pouvez prendre connaissance des premiers résultats des mesures en continu réalisées par le réseau Quarstic (QUAlité des eaux et Réseau de Surveillance des rIvières Comtoises). Les concentrations en nitrate mesurées sur la Loue sont encore élevées pour un milieu karstique. Selon ces premiers résultats, elles peuvent varier entre 4 et 10 mg/litre alors que le collectif estime qu’elles ne devraient pas dépasser 3 mg/litre.

L’activité agricole n’est pas la seule a être à l’origine des problèmes de suralimentation des cours d’eau francs-comtois. La présence de nombreux micropolluants, les dysfonctionnements des stations d’épuration des eaux usées sont aussi en cause. C’est ce qu’explique le rapport d’Eric Vindimian.

Le travail de cet expert du ministère de l’Environnement est une des actions les plus importantes entreprises pour réagir aux pollutions. Eric Vindimian propose la création d’un territoire d’excellence environnementale. Mais, pour l’instant, les élus et les professionnels des différents secteurs concernés n’ont pas pris les mesures pour mettre en place ce territoire.

Et c’est ce qui irrite les militants de SOS Loue et rivières comtoises. Dans un récent courrier aux élus, aux préfets des départements francs-comtois avec copie au ministère de l’Environnement, le collectif SOS Loue et rivières comtoises souligne que la présence sur le terrain de ses militants met en évidence des constats « divergents » de ceux des « bilans officiels ». Ils soulignent également la présence de micropolluants toxiques dans nos cours d’eau.

Même si, rappelle Eric Vindimian, il « faut dissocier le court et le long terme », les défenseurs des rivières veulent du concret. Cependant, il est vrai que si des mesures sont prises en 2017,  les résultats ne se verront pas tout de suite. Et, il ne faut pas négliger le temps nécessaire à la discussion. En l’occurence, celui qui est actuellement pris pour renégocier le cahier des charges de l’AOP Comté. Récemment, différents scénarios de prospective pour 2030 pour les AOP de la région ont été présentées par les services de l’Etat. L’un des scénarios évoque cette « excellence environnementale » mais rien est encore décidé par la filière car les enjeux financiers sont importants.

En attendant, sur le terrain, le collectif multiplie les constats de mauvais états des rivières. Cette année, les ombres sont particulièrement touchés et c’est ce qui a déclenché cette action auprès du grand public. Tout récemment, les militants ont organisé une soirée d’information à Seloncourt. Autres initiatives, celles de la Plateforme Débat Public de la Maison de l’environnement de Franche-Comté. Plusieurs réunions publiques ont été organisées pour informer, alerter sur le mauvais états des rivières. Mais, seul un public concerné et averti participe à ces réunions. Une prochaine rencontre est prévue le 13 mai à Audincourt avec la participation du Collectif SOS Loue et rivières comtoises et la ville d’Audincourt. Les barrages de ce samedi ne sont pas un baroud d’honneur mais une perche lancée au grand public.

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr

Voici les lieux des barrages filtrants du samedi 29 avril  :

Morteau  Place du champ de foire. Horaire barrage :10h 12h.

Ornans Rond point de la truite. Horaire barrage : 10h 12h.

Saint-hippolyte  Pont Neuf de Cour Saint Maurice puis pont sur le Doubs. Horaire barrage : 10h 14h30.

Saint-Claude Cathédrale. Horaire barrage : 10h-12h.