Le solstice d’été n’est pas encore passé que le Jura vient d’être placé, lundi 19 juin après-midi, en vigilance orange “Alerte canicule”. Cette procédure a été déclenchée par la préfecture du Jura. Ce même jour, les services de l’Etat de l’Ain et du Jura annonçaient un lâcher d’eau sur la rivière d’Ain pour diminuer la température de l’eau de la rivière. Les salmonidés, en particulier les truites, ont besoin d’eau fraîche pour vivre. Ce qui n’est pas le cas actuellement. A certains endroits, la température peut monter jusqu’à 23°. Une fournaise pour une truite !
La situation météorologique et hydrologique actuelle entraîne depuis plusieurs semaines une augmentation de la température de la rivière d’Ain qui serait mortelle pour les poissons.
précise la préfecture dans son communiqué. La rivière est sous surveillance. Le syndicat de la basse vallée de l’Ain emploie chaque année un stagiaire qui effectue de nombreux prélèvements tout l’été. Le syndicat explique sur son site que
Le fonctionnement écologique de la basse rivière d’Ain est étroitement dépendant du fonctionnement de la chaîne de barrages hydroélectriques (entre Vouglans et Allement) et des apports par la nappe phréatique fortement influencés par les captages agricoles.
D’où la mise en place d’une cellule d’alerte assurant la coordination des différents partenaires du Jura et de l’Ain autour de la rivière d’Ain. Elle se réunit quand des mesures doivent être prises rapidement pour améliorer les conditions écologiques de la rivière. Pour gagner du temps, ce type de réunion a lieu par téléphone car les interlocuteurs sont nombreux : le syndicat de la basse vallée de l’Ain, les gestionnaires des barrages, les fédérations de pêches, les agriculteurs, les services de l’Etat… A l’issue de la réunion du vendredi 16 juin, Richard VIGNON, préfet du Jura et Arnaud COCHET, préfet de l’Ain, ont donc pris un arrêté, ce lundi 19 juin, autorisant un lâcher d’eau sur la rivière d’Ain.
Mardi à partir de minuit jusqu’à midi, de l’eau très fraîche du fond du lac de Vouglans ( environ 4 °) sera lâchée progressivement. Rien de spectaculaire mais un rafraîchissement de quelques degrés. Les spécialistes estiment qu’il sera difficile de diminuer la température de l’eau de trois degrés compte-tenu des circonstances de chaleur actuelle. Les truites apprécieront tout de même cet effort .
Ce lâcher d’eau portera progressivement le débit à l’aval du barrage d’Allement de 12,3 m3 /s à 42 m3 /s et engendrera une augmentation du niveau de l’eau de l’ordre d’une vingtaine de centimètres qui permettra la régulation de la température de l’eau. Chacun est invité à respecter les règles de prudence en particulier sur les accès aux îles basses qui peuvent être submergées. Le stationnement sur les berges et sur ces îles sera interdit du mardi 20 juin 2017 à 00h00 jusqu’à 13 heures.
C’est finalement la date de ce lâcher qui est préoccupante. D’habitude, ce type de mesure intervient plutôt en plein été. Cette précocité interpelle : le climat se réchauffe et plus que jamais l’eau devient une ressource à préserver. Le syndicat de la basse vallée de l’Ain est justement en train de réaliser une charte de l’eau pour que chaque usager préserve ce patrimoine naturel. Un travail de longue haleine.. Qui est au courant, qui respecte les mesures de restrictions d’eau prises par l’Etat en cas de sécheresse ?
Et pourtant, les faits sont là. Lors d’une étude présentée à Ornans en octobre 2016, le BRGM, le service géologique national, a tiré la sonnette d’alarme à partir de données régionales et nationales :
Dans les années 2045-2065, la quantité d’eau qui va alimenter les nappes d’eaux souterraines (ce que les scientifiques appellent la « recharge ») devrait baisser, pendant les périodes estivales, de 25 à 50% par rapport à aujourd’hui.
Lors de la présentation de cette étude, il était question d’informer le grand public de cette raréfaction de cette ressource vitale. Et ce lundi 19 juin, le BRGM vient de publier un communiqué alertant sur les conséquences d’un hiver sec :
En France, les deux tiers des nappes phréatiques (70%) affichent un niveau modérément bas à très bas. La situation montre qu’un tiers seulement du territoire a pu bénéficier de la recharge hivernale habituellement observée à cette date.
La situation n’est pas encore alarmante, juste préoccupante.Il n’y a pas que les truites qui sont concernées…
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr
Voici le reportage de nos confrères de France 3 Alpes, Reportage de Franck Grassaud et Benjamin Métral :