Vu des Etats-Unis, SOS Loue et rivières comtoises a une action suffisamment remarquable pour être récompensée. Le collectif franc-comtois vient de recevoir le prix 2016 de l’IGFA : International Game Fishing Association. C’est la seconde fois que SOS Loue et rivières comtoises est récompensé par un club select de pêcheurs. En 2015, le collectif avait reçu le prix Charles Ritz. Une fierté pour les défenseurs des rivières :
« Cette fois c’est une reconnaissance mondiale pour le collectif franc-comtois. L’IGFA est une association américaine très connue, son siège social est en Floride, son but initial était l’enregistrement et la validation des poissons-records. Devant la dégradation continue de la ressource en eau au niveau mondial, elle encourage également les hommes et les associations qui luttent pour préserver l’eau, les rivières, la mer, les poissons en décernant des prix annuels. C’est la toute première fois qu’une association française est lauréate de ce prix qui est décerné depuis 1983 ».
En allant sur le site de l’’IGFA, on découvre que l’association a eu en son sein des membres prestigieux : Ernest Hemingway, prix Nobel de littérature, l’aviateur-écrivain-pêcheur français Pierre Closterman, le créateur norvégien de leurres Lauri Rapala, le français Charles Ritz… La pêche est un sport qui séduit toutes les classes sociales, il est aussi bien populaire que select.
L’objectif de cette association américaine est de développer la pêche sportive et de défendre le milieu aquatique à la fois par la prévention et la recherche scientifique. Des actions de découvertes du milieu aquatiques sont organisées auprès des scolaires.Comment le collectif franc-comtois a-t-il pu se faire remarquer par ces pêcheurs américains ?
Les membres de l’IGFA sont répartis dans le monde entier. Ses représentants français sont Pierre Affre et Yann Giulio. En devenant adhérent à l’IGFA, Yann Giulio s’est investi dans cette association qui compte 600 membres en France. A tel point qu’il a pu plaider la cause de SOS Loue et rivières comtoises dont il est aussi adhérent. Résultat, tous les adhérents vont être au courant de cette remise de prix grâce à la publication interne de l’association. En 2013, ils étaient 22 000 membres et il y avait des représentants dans le monde entier :
Pour le collectif, cette récompense de 1400 dollars prouve
« la qualité et le sérieux de la démarche entreprise par SOS Loue et Rivières Comtoises. Cela démontre également que ce qui se passe dans nos rivières est observé désormais par les pêcheurs et les protecteurs de la nature du monde entier. Au passage cela met également en évidence le potentiel touristique que les responsables de l’environnement, tant à l’échelon local que national sont en train de gâcher par leur inaction que nous dénonçons régulièrement. »
Dans son communiqué , SOS Loue et rivières comtoises pointe la lenteur de la mise en place des actions. La conclusion du communiqué pointe du doigt les choix des politques.
« On nous répond régulièrement que l’argent manque, ce dont nous sommes conscients, mais outre que beaucoup des mesures que nous proposons seraient sources d’économies et de recettes en relançant l’activité et le tourisme lié à nos rivières, il existe pourtant de l’argent public : 24 millions d’euros précisément, prêt à être investi en deux ans, dans les équipements d’une station de ski franc-comtoise, condamnée à très court terme par le réchauffement climatique. Il n’y par contre pas d’argent pour refaire la station d’épuration – de pollution – obsolète de cette même station… Ces 24 M€ d’investissements, renforcés par les différentes subventions qu’ils déclencheraient automatiquement permettraient sans doute de régler la plus grande part des problèmes d’assainissement de nos bassins versant, créant au passage, pour plusieurs années, de très nombreux emplois dans nos entreprises de travaux publics locales. Au moins nous savons désormais où sont les priorités, et les franc-comtois doivent en être conscients.
Nous ignorons si les américains et autres pêcheurs du monde entier reviendront un jour fréquenter nos rivières, mais il est certain qu’ils ne viendront jamais skier chez nous… »
La vallée de la Loue est effectivement connue dans le monde entier grâce à Gustave Courbet et sa rivière a séduit des pêcheurs venus de très loin. Aujourd’hui, le potentiel touristique issu de la renommée du maître d’Ornans est réellement pris en compte. Les atouts de la pêche beaucoup moins et pourtant certains pêcheurs ont un fort pouvoir d’achat. En 2011, une jeune chercheuse suisse avait réalisé une étude assez intéressante. Elle avait envoyé mille questionnaires à des pêcheurs du Doubs des deux côtés de la frontière, 300 ont répondu et 260 ont été traités. Sandra Gogniat avait demandé aux pêcheurs d’ « imaginer les changements de comportements qu’ils adopteraient face à un Doubs regorgeant de poissons et libre de toutes interdictions, tel qu’il était quarante ans auparavant. Pour quantifier ses changements de comportement , elle s’est basée sur les coûts des trajets pour les pêcheurs se rendant sur le Doubs. Résultat : ce bien être retrouvé des pêcheurs correspond à une compensation monétaire de 1450 à 1700 francs suisses par personne et par année. » Ce n’est certes pas du tourisme de masse comme pour le ski mais, au lendemain de la COP 21, il serait intéressant que l’économie vienne au secours de l’environnement.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr