10 Mai

« Tes rivières fougueuses et généreuses où nous pêchions ensemble… »

Le tourisme à Arbois dans le Jura

La pêche peut-elle encore être un atout touristique pour le Jura ? Oui, répond le Comité Départemental du Tourisme du Jura. Ce département poursuit sa saga publicitaire entamée en avril 2012 et diffusée sur les ondes de France Info et France Bleu Grand Est. L’an dernier, la pub avait fait le buzz car elle avait été jugée sexiste. Certains pêcheurs avaient eux aussi pesté mais en évoquant plutôt une « publicité mensongère ». D’après eux, les rivières du Jura ne sont pas si généreuses que cela… Pour ce second volet, le comité du tourisme récidive et cette fois-ci évoque des « rivières fougueuses et généreuses où nous pêchions ensemble… »


La pêche peut-elle encore être un « véritable paradis pour les pêcheurs » pour le Jura ? Oui, répond le Comité Départemental du Tourisme du Jura. Ce département poursuit sa saga publicitaire entamée en avril 2012 et diffusée sur les ondes de France Info et France Bleu Grand Est. L’an dernier, la pub avait fait le buzz car elle avait été jugée sexiste. Certains pêcheurs avaient eux aussi pesté mais en évoquant plutôt une « publicité mensongère ». D’après eux, les rivières du Jura ne sont pas si généreuses que cela… Pour ce second volet, le comité du tourisme récidive et cette fois-ci évoque des « rivières fougueuses et généreuses où nous pêchions ensemble… »

Lorsque j’ai lu ce slogan à Charles Varenne, le président de la Biennoise, il m’a répondu « Pêcher ? En tout cas pas chez nous ! » Sur les 110 kilomètres de rivières de la Biennoise, 20 kilomètres sont encore fermés à la pêche en raison des mortalités dues à la polution. « Je ne suis toujours pas allé pêcher, faute de temps et d’envie aussi… Nous avons encore constaté des mortalités cette année. Et même si des travaux pour améliorer l’assainissement ont été entrepris, cela ne se voit pas encore dans la rivière ».
Dans le même secteur, le camping municipal de Saint-Claude, lui, mise encore sur la pêche puisque deux des huit chalets installés au camping face au Tacon depuis un an, sont adaptés aux pêcheurs. Cela a mordu un peu mais les randonnées sont plus un argument de location que la pêche…

Toujours dans le sud du département, une partie de l’Ain est toujours en no-Kill pour préserver les poissons, touchés également par une pollution en 2010. Reste la Haute Bienne et la haute vallée de l’Ain, deux endroits où les pêcheurs peuvent encore se faire plaisir… Mais comme ces espaces se réduisent comme des peaux de chagrin, il y a risque de surpopulation de pêcheurs !

Un secteur bien connu de Nicolas Germain, célèbre pêcheur et blogueur du Jura ironise « oui, il vaut mieux utiliser le passé (où nous pêchions). Des rivières généreuses, cela se passait il y a 25 ans ! ». Lui aussi, regrette le contraste entre la message et la réalité.

Le président de la fédération de pêche du Jura se refuse à jeter le bébé et l’eau du bain. Daniel Vionnet « ne conteste pas le mauvais état des rivières mais on ne peut pas toujours avoir une attitude négative. Etre trop pessimiste, ce n’est pas la bonne démarche. Cette promotion du Jura ne me gêne pas ».
Effectivement, il reste de très beau endroit pour pêcher dans le Jura comme la Cuisance dans les environs d’Arbois. Le guide professionnel Yves Faillenet a fait découvrir ce petit paradis à l’un de ses clients venu de la Marne. Un pêcheur qui découvre avec satisfaction la Franche-Comté. Notre région n’a tout de même plus la même côte chez les pêcheurs qu’il y a quelques années. Yves Faillenet reconnaît moins travailler qu’avant.

Les lacs aussi sont fréquentés. Mais la aussi, il faut nuancer. Le fond du lac de Chalain n’a plus d’oxigène, plus de poisson…

Et la Loue ? Le cheptel d’ombres et de truites s’est effondré. Personne ne remet en cause ce constat même si d’après le moniteur et guide Yves Faillenet, de belles truites ont été vues en ce début de saison. La solution pour lui, c’est le no-kill pour préserver les poissons.

Alors faut-il succomber aux sirènes publicitaires et aller pêcher dans le Jura ? Oui, à certaines conditions : privilégier le no-kill et savoir où aller.
Pour trouver la « fougue et la générosité » des rivières jurassiennes, les touristes doivent bien étudier leur séjour avant de poser leurs gaules !

Isabelle Brunnarius