30 Avr

En mai, la mouche d’Ornans fait ce qu’il lui plaît !

La mouche d'Ornans (JP Herold)

Dès le premier mai, les pêcheurs à la mouche peuvent entrer avec leurs bottes dans l’eau de la Loue. La date est fixée par un arrêté prefectoral. Avant , c’est interdit pour protéger la reproduction de l’ Ombre.

Cette année, il faudra encore patienter pour sortir ses mouches d’Ornans car la rivière est trop haute pour pouvoir y pénétrer facilement. Cela donne un répit aux ombres qui finissent tout juste de frayer. Décidément, cette saison, tout est en retard !

Mais connaissez-vous l’histoire de la mouche d’Ornans ? Je dirais même plus la fameuse mouche d’Ornans. celle que tout pêcheur se doit d’avoir dans sa besace.   » Cette mouche, m’explique le pêcheur Jean-Pierre Herold, est lancée avec une canne légère et un bas de ligne fin représente sur l’eau un subimago de petite éphémère ( Ephemerella ignita) le stade qui précède le stade adulte. » Gérard Piquard est le spécialiste de cette mouche pour laquelle les truites et les ombres succombent. Sur son blog, cet ancien garde pêche sur la Loue nous raconte toute son histoire. Et c’est passionnant !

« Cette imitation, écrit Gérard Piquard, a sans doute été créée dans les années 1920 par un pêcheur jurassien, Amédée Gros qui exerçait la profession d’instituteur à Marigny, à quelques kilomètres de Champagnole. A cette époque la pêche à la mouche était souvent pratiquée par des personnes très aisées, Amédée Gros était cependant reconnu comme un pêcheur au fouet renommé, tant par ses talents de pêcheur, que celle de ses qualités d’entomologiste.
Il inspira  Léonce de Boisset dans l’édition  Les mouches du pêcheur de truites publié a la Librairie des Champs-Elysée en 1939, et dans l’édition de son second ouvrage Les Éphémères publié chez les Editions Stock en 1942,  Amédée Gros donna à Gérard de Chamberet une de ses créations à ailes en plumes de pigeon d’inspiration anglaise, celle-ci fut fabriquée à Charette, petite localité de Saône et Loire au bord du bas Doubs dans l’atelier de Gérard de Chamberet. Après le décès de celui ci en 1941, son épouse Me Germaine de Chamberet continua les activités halieutiques de son mari. Elle désira inclure ce modèle dans la série La Loue, car cette mouche avait eu un certain succès sur la pêche appartenant au Comte De Montrichard à Cléron. Cependant cette série ne comportait aucune mouche à ailes, elle jugea bon de ne pas l’inclure dans la collection La Loue et de la nommer Mouche d’Ornans, pour le succès que celle ci avait remporté sous le grand barrage du Moulin de la Cude en aval d’Ornans. »

Mais l’histoire de la mouche d’Ornans ne s’arrête pas là ! En 1989, Gérard Piquard qui ne sort jamais sans elle tellement elle est efficace, l’a perfectionnée. A cette époque, le Franc-comtois était garde au Lodge de la Piquette. Pour que le fil de pêche ne vrille plus, Gérard Piquard a procédé a plusieurs ajustements qu’il vous dévoile sur son blog. En prime, vous avez également un mode d’emploi en video !

Seul ombre au tableau, si j’ose dire, l’état de la Loue. Jean-Pierre Herold va encore sur le parcours spécifique à Chenecey mais rares sont les truites à venir gober la mouche d’Ornans…
L’Ephemerella ignita que cherche à imiter la mouche d’Ornans, était « une espèce très abondante lors d’éclosions massives sur la Loue, rappelle Jean-Pierre Hérold.  C’était avant les pollutions chroniques qui ont  provoquées des pertes catastrophiques dans la biodiversité des invertébrés aquatiques et les mortalités de truites et d’ombres en 2010, puis 2011 et 2012. »
Gérard Piquard, lui, ne pêche plus dans sa rivière fétiche. Il utilise la mouche d’Ornans partout dans le monde mais plus dans sa vallée.

Isabelle Brunnarius

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