29 Juin

Thierry Mariani : un député utile ?

A l’est, à l’ouest, au sud, où qu’il aille, Thierry Mariani ne perd jamais le nord. A peine élu député UMP de la plus vaste des circonscriptions des Français ce l’étranger, 49 pays, 37 % de la surface du globe (Russie, Asie, Océanie), le fondateur de la « Droite Populaire » envisage sereinement sa candidature aux municipales …d’Avignon !

Un grand écart aussitôt « salué »par les plus vigilants des twittos parmi les Français de l’étranger les plus concernés. De la colère au constat désabusé, les réactions se sont en effet multipliées contre une stratégie politique ressentie par certains comme un manque de respect et une tromperie démocratique…

« So what ? »

Pas de quoi pour autant troubler le futur cumulard. D’abord parce qu’il n’est pas le seul dans ce cas : 438  députés détiennent au moins deux mandats, 131 plus de 2 (!). Et que les engagements socialistes sur cette question semblent bien fragiles. Ensuite, parce qu’en la matière, la stratégie de Thierry Mariani est pensée de longue date…  si l’on en croit le site toutmontpellier.fr qui, dès le mois d’octobre dernier, évoquait l’ambition de Thierry Mariani de se présenter à …Montpellier !


Interrogé sur la compatibilité entre deux mandats aussi éloignés en tout, Thierry Mariani assume donc en citant l’exemple d’un élu de sa région, Guy Penne, qui a cumulé ces dernières années un mandat local et celui de sénateur des français de l’étranger. Extrait de l’ITW accordé à La Provence, mardi dernier



On pourrait observer qu’être élu au suffrage universel d’un territoire n’est pas tout à fait la même chose que d’être élu au suffrage indirect par de grands électeurs*. Mais pas sûr que cela gênerait beaucoup cet acrobate de la démocratie.

Schizophrénie démocratique

On pourrait aussi faire remarquer au nouvel élu qu’avoir des difficultés à partager une interprétation du réel avec les autres peut être posé comme un diagnostic. Surtout quand on semble souffrir d’un dédoublement de la personnalité.

En faisant coïncider ses déplacement de candidats avec ses voyages  ministériels, Thierry Mariani avait déjà fait la preuve d’un sens très particulier de la compétition démocratique et d’une plasticité hors du commun : quand le ministre montait dans l’avion, c’était le plus souvent le candidat qui en redescendait. Au grand dam certainement du député Mariani qui le 26 janvier 2010 fustigeait à l’Assemblée Nationale le comportement antirépublicain de ces « élus qui font preuve d’une grande liberté en période électorale en confondant régulièrement moyens de la collectivité et compte de campagne ».

Un député utile ?

On aurait pu encore pointer les contradictions apparentes entre les obsessions politiques du fondateur de la Droite Populaire sur les questions d’immigration (426 interventions au cours de la précédente législature !) et sa vocation de représentant des Français.. émigrés. Mettre en rapport son opposition au droit de vote des étrangers en France et sa volonté de briguer les suffrages des Français établis hors de France dont une partie non négligeable dispose de ce droit dans leur pays de résidence.

Mais au fil de la campagne, on a découvert un politique moins caricatural qu’il n’y paraît. Fils d’immigrés italiens, marié à une binationale franco russe, Thierry Mariani aura eu au moins ce mérite de contenir les attaques des membres de son courant sur les questions de nationalité.

Interrogé par le site « aujourd’hui la Chine« , au lendemain de son élection, Thierry Mariani (auteur en 2009 d’un projet de loi pour une représentation des Français de l’étranger au parlement européen) affiche une bonne connaissance des problématiques des expatriés et affirme sa volonté d‘être un député utile.

Campagne contestable, stratégie de cumul difficilement défendable, supporter d’une nouvelle droitisation de son camp, jusqu’ici, Thierry Mariani, est plutôt l’emblème du fiasco politique de ces premières élections désertées par les électeurs. Qu’il le veuille ou non, le député de la 11è circonscription sera un des mètre étalons de cette première législature.

* les sénateurs des Français l’étranger sont élus par les conseillers territoriaux de l’Assemblée des Français de l’Étranger, eux mêmes élus au suffrage universel.