Du 6 au 8 septembre se déroule à Arles la dernière fête taurine de l’année 2013.
Jeux de bouvine, expositions, corridas ou novilladas vont rassembler le monde des aficionados mais aussi attiser la vindicte des « anti » qui ont prévu de se faire entendre samedi dans la ville.
Côté sécurité, un dispositif rôdé depuis 5 ans et qui a fait ses preuves. De vendredi à dimanche soir, il sera de nouveau impossible de quitter la ville, après 23 heures, sans subir un contrôle d’alcoolémie. Bien rodé, le schéma reste identique : les policiers seront en faction à l’intérieur de la ville, les gendarmes se postant à l’extérieur, sur les routes des Saintes-Maries de La Mer, de Port-Saint-Louis du Rhône et de Fontvieille. (La Provence)
Fidèle à ses engagements régionaux, France 3 Provence-Alpes a le plaisir de soutenir un événement qui met à l’honneur une tradition locale, celle de la bouvine et un art incontesté, celui de la tauromachie.
Les cartels présentés aux arènes d’Arles lors de cette édition de septembre, viennent clôturer de façon magistrale, une saison de programmations haut-de-gamme qui ont eu lieu tout au long de cette année 2013 , capitale culturelle oblige.
Nous avons tendu notre micro à l’un de ses directeurs dont la tâche est de satisfaire un public connu pour son intransigeance.
Luc et Marc Jalabert, deux frères pour une co-direction des arènes d’Arles
Diriger une place aussi importante dans le monde taurin que celle d’Arles, ne s’improvise pas. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur la façon de s’y prendre, les choix qui guident ses directeurs, l’expérience aidant. Luc Jalabert s’est volontiers prêté au jeu et nous l’en remercions et lui souhaitons une belle temporada.
PZ : Mr Jalabert, voici plusieurs années maintenant que vous avez, vous et votre frère, la direction des arènes d’Arles.
Après les soirées équestres exceptionnelles programmées cet l’été, s’annonce la féria des prémices du riz.
Pourriez-vous nous parler du travail de l’organisateur que vous êtes, par exemple, est ce que le choix des élevages prévaut sur celui des toreros ou l’inverse ? Recherchez-vous un équilibre entre des corridas dites « artistes » et des courses plus dures, plus techniques de manière satisfaire le plus grand nombre ?
LJ : Arles est une arène de première catégorie une arène de forte capacité, une arène qui touche toutes les sensibilités d’aficion, donc bien sûr ! Equilibre avant tout, équilibre entre les formes et les passions de tauromachie avec une volonté affichée de notre part d’ouvrir à toutes les formes de tauromachies.La corrida goyesque, unique au monde. Et puis il y a des élevages fameux comme la Quinta – cette année, un des élevages triomphateur de Bilbao qui a eu ses taureaux graciés par Juan Bautista il y a quelque temps et face à eux des toreros en forme comme Manuel Escribano, grande révélation à Séville en avril dernier. Mais encore le championnat d’Europe des Recortadores qui représente la tauromachie première et enfin la tradition portugaise de corrida à cheval avec les forcados qui arrêtent les taureaux à mains nues. Voilà cette énumération pour dire qu’il n’y pas des tauromachies, il y a une tauromachie qui réunit des gens animés par la même passion du mythe.
PZ : L’organisation de tels événements doit générer une part de risque évidente : les animaux, les maestros, les intempéries. Il doit falloir toute l’expérience des années à la tête d’une structure telle que les Arènes, pour faire face aux imprévus, non ?
Comment gérez-vous ces risques-là?
LJ : On les gère comme on gère une entreprise. Il faut bien voir que la tauromachie en France est un peu à 2 vitesses. Il y a d’un côté, les entreprises privées comme les arènes de Nîmes, de Béziers ou d’Arles et de l’autre, tous les systèmes associatifs qui bénéficient de dérogations fiscales etc. Il y a une véritable distorsion de concurrence entre les organisations. Le débat serait trop long mais globalement on paie les effets de la crise qui sévit depuis 2007comme toute entreprise privée d’aujourd’hui.
Mais malgré cela, lorsque je m’amuse à entendre les entrées que font certains grands festivals ou autres grandes opérations, les arènes d’Arles du 1er juillet, date de la première course à la cocarde jusqu’au 13 octobre date de la finale du trophée des As qui couronne la saison cocardière, c’est plus de spectateurs qui toutes les manifestations à Arles réunies pendant tout l’été. Et le mérite en revient à notre public et la billetterie qu’il génère.
PZ : Alors maintenant, s’il vous plait 2 mots sur la Goyesque. Depuis quelques années, elle apporte une dimension culturelle supplémentaire en associant tradition par le port de costumes d’époque et modernité par les personnalités, artistiques ou non, qui viennent décorer les arènes.
Cette année c’est à Rudy Ricciotti, enfant du pays, qu’incombe cette mission. On a d’ailleurs hâte de voir quelles sera le résultat de son travail.
Pouvez vous nous en dire un peu plus sur ce qui a présidé au choix de cet architecte si talentueux et prisé qu’il soit en cette année 2013 ?
LJ : L’idée d’inviter Rudy Ricciotti est partie de notre ami Christian Lacroix en 2006 si ma mémoire est bonne. Mais, revenons au début. Il y la corrida goyesque dans laquelle les costumes sont très particuliers y compris ceux portés par le personnel des arènes. L’idée a germé d’inviter, chaque année, un créateur qui prenne possession de l’espace. Ce qui nous intéressait, c’était le sable des arènes, que cela donne lieu à une création éphémère qui serait, dès l’entrée en piste du toro, effacé par la première faena. Dans la corrida goyesque, il ne faut pas manquer le paseo parce qu’après le paseo, l’oeuvre a commencé à disparaître. Donc on a eu la chance d’avoir des gens comme Christian Lacroix, Lucien Clergue, Claude Viallat ou Jean-Paul Chambas et, cette année, Rudy qui est un grand aficionado en plus nous fait l’honneur de sa présence. Son architecture est très carrée et sa déclaration sera, elle aussi, très carrée avec des symboles forts du rouge, beaucoup de rouge dont un parterre de pétales de roses rouges. Mais dans la Goyesque il y a aussi des chœurs et un orchestre et des chanteurs d’opéra que nous avons invités et dont le chef, en accord avec la présidence, donnera le départ de la musique.
C’est un spectacle véritablement unique au monde qui a l’ambition d’allier art contemporain et art taurin.
PZ : Pour terminer, quelques mots du directeur sur le public.
D’une temporada à l’autre, les publics semblent différents. Septembre serait plus puriste que Pâques ?
Est-ce une idée farfelue selon vous? Si non est ce que cela influence les choix de l’organisateur que vous êtes?
LJ : Je crois que c’est un peu farfelu. Il y a des publics qui se mélangent. La corrida est un merveilleux lieu de mélange de générations et de classes sociales. Je crois que tout le monde s’y retrouve, chacun vivant l’événement à sa manière mais toujours avec passion.
propos recueillis par Pernette Zumthor
Année Capitale MP2013
En cette année « Capitale », une des figures les plus convoitées du moment, Rudy Ricciotti, se prêtera à la décoration des arènes antiques à la demande des frères Jalabert, directeurs de la place.
Du 6 au 8 septembre prochains, gageons que c’est le meilleur cette tradition qui va se rassembler à Arles.
Encierro, Bandido, Abrivado, novillada et corridas sans oublier les bodegas feront le bonheur de ce qu’il est convenu de considérer comme la dernière fête de l’été.
Rudy Ricciotti signe les décors de la corrida goyesque
L’enfant du pays, « poussé » sur les terres lointaines de Port Saint-Louis du Rhône, a gardé de ses pérégrinations d’ados aux férias d’Arles, l’aficion d’un gars du sud, de ce sud-là.
Comment cela se traduira-t-il dans les arènes pour la Goyesque de samedi ? Nul ne peut le dire à l’heure qu’il est, la réflexion étant à l’oeuvre mais on peut gager d’une surprise à la mesure du talent rebelle d’un artiste qui s’est taillé un beau succès en cette année 2013.
photo: Vincent Pfrunner
Dans les arènes, le sommet artistique de la saison
Les vedettes Enrique Ponce, Juli et Juan Bautista se mesureront, au cours de la corrida Goyesque de samedi, aux toros de l’élevage Domingo Hernandez.
En favorisant l’osmose au plus haut niveau entre l’élite du toreo, des beaux-arts et du chant lyrique, la Corrida Goyesque d’Arles est devenue un événement unique à dimension mondiale. Ponce revient dans une arène où il a souvent triomphé, le Juli, auréolé de son succès à Bilbao, y fera son retour, tandis que Juan Bautista aura à cœur de combler son public auquel il a toujours su tout donner.
Torisme de luxe
Face au premier choix de la ganaderia de La Quinta, trois toreros aux destins différents. Le Cid, qui retrouve un encaste auquel il doit en grande partie sa carrière, Manuel Escribano, révélation de la temporada après avoir triomphé face aux Miuras à Séville, et Diego Silveti numéro Uno mexicain. Deux jeunes ambitieux et un magnifique vétéran.
Retrouvez tout le programme de la féria d’Arles 2013
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