Oser la photographie 50 ans d’une collection d’avant-garde. Du 4 juillet au 3 janvier 2016 Musée Réattu, Arles
France 3 Provence-Alpes met en jeu ici des billets pour l’exposition
Cet été, c’est à une collection très audacieuse que Pascale Picard, conservatrice du Musée, va rendre hommage : celle de Jean-MauriceRouquette et LucienClergue, constituée dans les années 60. Le conservateur et l’artiste vont marquer l’histoire du musée Réattu, consacré jusqu’alors à la grande peinture d’histoire.
Aujourd’hui, plus que jamais, cette distinction de capitale de la photo lui garantit de très beaux lendemains. Mais plus durable encore, ils vont contribuer à offrir à la photographie en France, un statut d’art majeur, le 8ème du nom.
Et l’on se prend à rêver : Arles, les années ’60, les premières corridas, Picasso,.. le charme de la ville, son histoire artistique et son patrimoine, sa charge poétique aussi, ont sans doute joué pour ces deux pionniers. Dès la première année, Lucien Clergue reçut de ses pairs plus de 400 tirages, choisis par des photographes et des collectionneurs que motivait un projet de musée pour Arles.
Ce formidable élan de générosité permit la constitution d’un fonds que célèbre l’exposition de l’été 2015 sous la forme d’un « flash-back ». Le 28 mai 1965, le musée offre ses cimaises à la jeune photographie et Arles découvre Ansel Adams, Richard Avedon, Cecil Beaton, Peter Beard, Denis Brihat Jean Dieuzaide, Etienne Carjat, Robert Doisneau, Lucien Hervé ou encore Izis. Les décennies suivantes verront entrer rien moins que Brassaï, Edouard Boubat, Henri Cartier-Bresson, Denise Colomb, André Kertész, William Klein, Sarah Moon, Bernard Plossu, Willy Ronis ou Jeanloup Sieff.
Depuis, le fonds n’a cessé de s’étoffer et ce développement exponentiel qui « dévore » l’identité du musée invite à se poser la question d’un bilan. Oser la photographie propose une sélection de 250 photographies qui exprimera l’état d’un art mutant au gré d’un parcours animé par un questionnement fondamental : qu’est-ce-que la photographie apporte à l’art ?
Oser la Photographie Du 4 juillet au 3 janvier 2016 Musée Réattu, Arles
Un film d’Elisabeth Aubert Schlumberger
diffusé samedi 22 novembre à 15h20 sur France 3 Provence-Alpes et Côte d’Azur
Une coproduction France 3 Provence-Alpes / Pyramide Production
En hommage au photographe arlésien disparu samedi 15 novembre, France 3 rediffuse le documentaire Lucien Clergue, à la mort, à la vie qu’ Elisabeth Aubert Schlumberger avait réalisé en 2009.
Le film
Tourné principalement à Arles et en Camargue, le documentaire suggère la genèse des photographies de Lucien Clergue, marqué par la guerre et le décès de sa mère lorsqu’il a dix- huit ans. Ses premières images enthousiasment Cocteau et Picasso et cette rencontre sera déterminante.
Académicien et co- fondateur des Rencontres Internationales de la Photographie, Lucien Clergue nous livre les éléments marquants de son enfance et quelques clés sur sa quête artistique. La réalisatrice s’exprime sur un projet qui lui tenait à coeur depuis de nombreuses années :
Il y a de nombreuses années, à travers les photographies de Lucien Clergue prises sur le tournage du film « Le Testament d’Orphée », j’ai compris toute la signification de l’onirisme exprimé par Jean Cocteau. Par la suite, je m’en suis inspirée pour un film et je suis souvent retournée à Arles. J’aimais être dans l’atelier de Lucien dont les murs sont recouverts de livres, d’essais, de recueils de poésie, tous ces écrits qui l’ont inspiré sa vie durant. J’ai progressivement découvert la richesse de ses images, notamment les plus secrètes, comme son langage des sables. J’avais envie de faire ce film depuis longtemps, et j’ai pu le réaliser lorsqu’il est entré à l’académie des Beaux-Arts.
Témoignages
Patrick de Carolis, ex PDG de France 3, arlésien et académicien comme Lucien Clergue réagissait à la disparition de l’artiste : On perd un des maîtres français de la photographie.
On lui doit les Rencontres (Rencontres internationales de la Photographie d’Arles), on lui doit l’Ecole de la photographie, on lui doit aussi d’avoir fait entrer la photographie à l’Académie des Beaux-arts. L’eau, la femme, les taureaux ont été ses sources d’inspiration et de poésie… du sable des plages d’Arles à celui des plazas taurines.Son espace de travail a démarré sur les bords du Rhône et en Camargue. Il était pour moi un ami très cher, attentif, affectueux et précautionneux. Avec Christian Lacroix, nous avions édité un livre commun, cela nous avait rapprochés. Lucien aurait aimé qu’un troisième enfant d’Arles entre à l’Académie. La signature de Clergue était connue dans le monde entier, sa voix aussi : chargée et forte. Il aimait l’image, il aimait le verbe et le mot… en cela il était très Arlésien.
François Hébel, directeur des RIP* pendant de nombreuses années, témoigne de l’affection qu’il a toujours eu pour l’artiste : Lucien Clergue a été le premier à croire en Europe que les photographes pouvaient vivre de la vente des tirages. Avant lui, des galeries essayaient mais fermaient aussitôt. Peu ont pris conscience de tout cela. On l’a trop regardé seulement comme un personnage truculent. Il était au-delà et les conséquences de son travail sont mondiales. Il a porté sa vision à bout de bras avec Jean-Maurice Rouquette (cofondateur des Rencontres, Ndlr). Il n’était pas un emmerdeur. Ils ont été des visionnaires pour l’art du XXIe siècle. Lucien était photographe, il était aussi bâteleur de talent. Se propulser là où il a été, c’était très gonflé !
Ces témoignages sont rapportés par Julie Zaoui dans La Provence
Lucien Clergue fondateur des RIP* à Arles
Rencontre avec l’artiste pour l’expo « Picasso intime »
Une galerie
Retrouvez quelques-uns des plus beaux clichés de Lucien Clergue sur ce site
* Rencontres Internationales de la photo
Lucien Clergue est entré sous la Coupole en octobre 2007.
Il est également à l’origine de la création de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 1982
A partir du 20 septembre 2013, les Arlésiens pourront se plonger dans l’oeuvre étrange d’un peintre originaire de Martigues, dont le père, lui-même artiste, avait installé son chevalet dans le quartier de Montparnasse à Paris.
Le service culturel de la Mairie d’Arles confie les clés de la chapelle Sainte-Anne, place de la République à Arles, à Claudine Martin pour y organiser une rétrospective de l’oeuvre d’Olivier O Olivier, son mari disparu en avril 2011.
Cette exposition est organisée dans le cadre de Marseille Provence 2013.
Mais pourquoi exposer Olivier O Olivier en Arles ?
Cela n’a rien du hasard… Son père, Ferdinand Olivier, lui-même peintre, était originaire de Martigues et aimait en peindre les environs. C’est la filiation qui parle dans l’attachement de l’artiste à cette région. Comme beaucoup, il multiplie les séjours en Provence, de Martigues au Paradou ou de la Camargue sauvage aux Alpilles et bien avant de peindre ses corridas dans la neige, tout dans la ville d’Arles l’émeut : les arènes, les églises innombrables, les cloîtres, les ruelles, la richesse architecturale de ses hôtels particuliers, la place du Forum, le Rhône, tout. Il connait bien la corrida. Plus encore, la proximité de la Chapelle Sainte-Anne (où seront exposées les oeuvres d’Olivier) du Musée Arlaten n’est pas sans résonance avec des souvenirs d’enfance d’un atelier chargé d’objets et de meubles provençaux.
Une oeuvre prolixe
Dans les années 80, c’est une promenade dans les Alpes suisses et la vision qu’il en conçoit qui lui intiment la nécessité de se lancer dans la série des Arènes Gelées :
Homère plaçait les Héros dans un passé lointain. Nietzsche situe le Surhomme dans l’avenir. Le matador est actuel : il existe. Mais je ne veux pas le peindre. Je veux plutôt le simuler parodiquement; par des bonshommes de neige, êtres de l’hiver, qui sont lourds de forme, froids, clownesques, et sans âme. Ma parodie est un hommage à tous les matadors, grands et petits, espadas et peones. De nombreux peintres ont représenté de façon réaliste la corrida. Je ne veux par le faire. Par superstition. Je ne veux pas, par un acte qui ne demande aucun courage physique, essayer de simuler la bravoure des toreros. Je ne peux le faire – comme les clowns parodient la vie – que dans un hommage burlesque.
Olivier O Olivier
Du 6 au 8 septembre se déroule à Arles la dernière fête taurine de l’année 2013.
Jeux de bouvine, expositions, corridas ou novilladas vont rassembler le monde des aficionados mais aussi attiser la vindicte des « anti » qui ont prévu de se faire entendre samedi dans la ville.
Côté sécurité, un dispositif rôdé depuis 5 ans et qui a fait ses preuves. De vendredi à dimanche soir, il sera de nouveau impossible de quitter la ville, après 23 heures, sans subir un contrôle d’alcoolémie. Bien rodé, le schéma reste identique : les policiers seront en faction à l’intérieur de la ville, les gendarmes se postant à l’extérieur, sur les routes des Saintes-Maries de La Mer, de Port-Saint-Louis du Rhône et de Fontvieille. (La Provence)
Fidèle à ses engagements régionaux, France 3 Provence-Alpes a le plaisir de soutenir un événement qui met à l’honneur une tradition locale, celle de la bouvine et un art incontesté, celui de la tauromachie.
Les cartels présentés aux arènes d’Arles lors de cette édition de septembre, viennent clôturer de façon magistrale, une saison de programmations haut-de-gamme qui ont eu lieu tout au long de cette année 2013 , capitale culturelle oblige.
Nous avons tendu notre micro à l’un de ses directeurs dont la tâche est de satisfaire un public connu pour son intransigeance.
Luc et Marc Jalabert, deux frères pour une co-direction des arènes d’Arles
Diriger une place aussi importante dans le monde taurin que celle d’Arles, ne s’improvise pas. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur la façon de s’y prendre, les choix qui guident ses directeurs, l’expérience aidant. Luc Jalabert s’est volontiers prêté au jeu et nous l’en remercions et lui souhaitons une belle temporada.
PZ : Mr Jalabert, voici plusieurs années maintenant que vous avez, vous et votre frère, la direction des arènes d’Arles.
Après les soirées équestres exceptionnelles programmées cet l’été, s’annonce la féria des prémices du riz.
Pourriez-vous nous parler du travail de l’organisateur que vous êtes, par exemple, est ce que le choix des élevages prévaut sur celui des toreros ou l’inverse ? Recherchez-vous un équilibre entre des corridas dites « artistes » et des courses plus dures, plus techniques de manière satisfaire le plus grand nombre ?
LJ : Arles est une arène de première catégorie une arène de forte capacité, une arène qui touche toutes les sensibilités d’aficion, donc bien sûr ! Equilibre avant tout, équilibre entre les formes et les passions de tauromachie avec une volonté affichée de notre part d’ouvrir à toutes les formes de tauromachies.La corrida goyesque, unique au monde. Et puis il y a des élevages fameux comme la Quinta – cette année, un des élevages triomphateur de Bilbao qui a eu ses taureaux graciés par Juan Bautista il y a quelque temps et face à eux des toreros en forme comme Manuel Escribano, grande révélation à Séville en avril dernier. Mais encore le championnat d’Europe des Recortadores qui représente la tauromachie première et enfin la tradition portugaise de corrida à cheval avec les forcados qui arrêtent les taureaux à mains nues. Voilà cette énumération pour dire qu’il n’y pas des tauromachies, il y a une tauromachie qui réunit des gens animés par la même passion du mythe.
PZ : L’organisation de tels événements doit générer une part de risque évidente : les animaux, les maestros, les intempéries. Il doit falloir toute l’expérience des années à la tête d’une structure telle que les Arènes, pour faire face aux imprévus, non ?
Comment gérez-vous ces risques-là?
LJ : On les gère comme on gère une entreprise. Il faut bien voir que la tauromachie en France est un peu à 2 vitesses. Il y a d’un côté, les entreprises privées comme les arènes de Nîmes, de Béziers ou d’Arles et de l’autre, tous les systèmes associatifs qui bénéficient de dérogations fiscales etc. Il y a une véritable distorsion de concurrence entre les organisations. Le débat serait trop long mais globalement on paie les effets de la crise qui sévit depuis 2007comme toute entreprise privée d’aujourd’hui.
Mais malgré cela, lorsque je m’amuse à entendre les entrées que font certains grands festivals ou autres grandes opérations, les arènes d’Arles du 1er juillet, date de la première course à la cocarde jusqu’au 13 octobre date de la finale du trophée des As qui couronne la saison cocardière, c’est plus de spectateurs qui toutes les manifestations à Arles réunies pendant tout l’été. Et le mérite en revient à notre public et la billetterie qu’il génère.
PZ : Alors maintenant, s’il vous plait 2 mots sur la Goyesque. Depuis quelques années, elle apporte une dimension culturelle supplémentaire en associant tradition par le port de costumes d’époque et modernité par les personnalités, artistiques ou non, qui viennent décorer les arènes.
Cette année c’est à Rudy Ricciotti, enfant du pays, qu’incombe cette mission. On a d’ailleurs hâte de voir quelles sera le résultat de son travail.
Pouvez vous nous en dire un peu plus sur ce qui a présidé au choix de cet architecte si talentueux et prisé qu’il soit en cette année 2013 ?
LJ : L’idée d’inviter Rudy Ricciotti est partie de notre ami Christian Lacroix en 2006 si ma mémoire est bonne. Mais, revenons au début. Il y la corrida goyesque dans laquelle les costumes sont très particuliers y compris ceux portés par le personnel des arènes. L’idée a germé d’inviter, chaque année, un créateur qui prenne possession de l’espace. Ce qui nous intéressait, c’était le sable des arènes, que cela donne lieu à une création éphémère qui serait, dès l’entrée en piste du toro, effacé par la première faena. Dans la corrida goyesque, il ne faut pas manquer le paseo parce qu’après le paseo, l’oeuvre a commencé à disparaître. Donc on a eu la chance d’avoir des gens comme Christian Lacroix, Lucien Clergue, Claude Viallat ou Jean-Paul Chambas et, cette année, Rudy qui est un grand aficionado en plus nous fait l’honneur de sa présence. Son architecture est très carrée et sa déclaration sera, elle aussi, très carrée avec des symboles forts du rouge, beaucoup de rouge dont un parterre de pétales de roses rouges. Mais dans la Goyesque il y a aussi des chœurs et un orchestre et des chanteurs d’opéra que nous avons invités et dont le chef, en accord avec la présidence, donnera le départ de la musique.
C’est un spectacle véritablement unique au monde qui a l’ambition d’allier art contemporain et art taurin.
PZ : Pour terminer, quelques mots du directeur sur le public.
D’une temporada à l’autre, les publics semblent différents. Septembre serait plus puriste que Pâques ?
Est-ce une idée farfelue selon vous? Si non est ce que cela influence les choix de l’organisateur que vous êtes?
LJ : Je crois que c’est un peu farfelu. Il y a des publics qui se mélangent. La corrida est un merveilleux lieu de mélange de générations et de classes sociales. Je crois que tout le monde s’y retrouve, chacun vivant l’événement à sa manière mais toujours avec passion.
propos recueillis par Pernette Zumthor
Année Capitale MP2013
En cette année « Capitale », une des figures les plus convoitées du moment, Rudy Ricciotti, se prêtera à la décoration des arènes antiques à la demande des frères Jalabert, directeurs de la place.
Du 6 au 8 septembre prochains, gageons que c’est le meilleur cette tradition qui va se rassembler à Arles.
Encierro, Bandido, Abrivado, novillada et corridas sans oublier les bodegas feront le bonheur de ce qu’il est convenu de considérer comme la dernière fête de l’été.
Rudy Ricciotti signe les décors de la corrida goyesque
L’enfant du pays, « poussé » sur les terres lointaines de Port Saint-Louis du Rhône, a gardé de ses pérégrinations d’ados aux férias d’Arles, l’aficion d’un gars du sud, de ce sud-là.
Comment cela se traduira-t-il dans les arènes pour la Goyesque de samedi ? Nul ne peut le dire à l’heure qu’il est, la réflexion étant à l’oeuvre mais on peut gager d’une surprise à la mesure du talent rebelle d’un artiste qui s’est taillé un beau succès en cette année 2013.
photo: Vincent Pfrunner
Dans les arènes, le sommet artistique de la saison
Les vedettes Enrique Ponce, Juli et Juan Bautistase mesureront, au cours de la corrida Goyesque de samedi, aux toros de l’élevageDomingo Hernandez.
En favorisant l’osmose au plus haut niveau entre l’élite du toreo, des beaux-arts et du chant lyrique, la Corrida Goyesque d’Arles est devenue un événement unique à dimension mondiale. Ponce revient dans une arène où il a souvent triomphé, le Juli, auréolé de son succès à Bilbao, y fera son retour, tandis que Juan Bautista aura à cœur de combler son public auquel il a toujours su tout donner.
Torisme de luxe
Face au premier choix de la ganaderia de La Quinta, trois toreros aux destins différents. Le Cid, qui retrouve un encaste auquel il doit en grande partie sa carrière, Manuel Escribano, révélation de la temporada après avoir triomphé face aux Miuras à Séville, et Diego Silveti numéro Uno mexicain. Deux jeunes ambitieux et un magnifique vétéran.
Du 26 juillet au 24 août Arles s’apprête à fêter l’art équestre dans le somptueux écrin des arènes d’Arles.
Les quatre plus grandes écoles d’art équestre du monde vont s’y succéder :
Le Cadre noir de Saumur
L’Ecole Royale Andalouse de Jerez
L’Ecole Portugaise de Lisbonne
L’Ecole Espagnole de Vienne
Pour l’occasion, les arènes retrouveront Christian Lacroix, qui fut déjà une fois leur scénographe et décorateur.
Arlésien de coeur, Christian Lacroix convoque ses souvenirs d’enfance, impressions distillées par un bain culturel empreint de classicisme et d’élégance.
« Mon père dessinait des chevaux à la craie ou au fusain, ma mère les aimaient en photo ou sur carré de soie dont un qui m’intriguait beaucoup, « Caroussel à Versailles », ou montures et cavaliers était harnachés de plumes, de passementeries et de rubans au milieu de courtisans aux tenues extravagantes … »
Le sable décorée par Christian Lacroix en 2009 pour une corrida goyesque
Dans la ruche bourdonnante du 66 rue du 4 Septembre à Arles, Marie-José Justamond a bien voulu se prêter au jeu des questions-réponses, à quelques jours de la 18ème édition des Suds à Arles, festival dont elle est l’âme pensante et la fondatrice.
PZ : A l’évidence, l’exposition de la diversité culturelle que vous proposez à travers les musiques du monde constitue en soi une fenêtre grande ouverte sur le monde et sa richesse. Alors, cet aspect patrimonial que vous évoquez, est-ce qu’il ne prend pas une dimension particulière à Arles dont on connaît la richesse architecturale, témoignage de son histoire à travers le temps et les civilisations ?
MJ.J : C’est certain, il est amplifié, il est valorisé parce que ce sont des lieux magnifiques. On est dans le patrimoine mondial de l’Unesco, donc effectivement ce sont des lieux qui inspirent énormément les artistes. Cela ne m’arrive pas souvent mais il y a huit ans j’avais accompagné le chanteur éthiopien Mahmoud Ahmed jusqu’au théâtre antique où il allait se produire et là… 2000 ans d’histoire tout de même ! il était sous le charme… et c’était très fort. Par ailleurs, je dirais que dans la structure du festival, certains des concepts ont été inspirés par ce patrimoine bâti. Les moments précieux par exemple nous ont été inspirés directement par la Cour de l’Archevêché et cela fonctionne très bien. C’est un concept qui a trouvé son public donc c’est une chance inouïe de pouvoir profiter d’ une aussi belle ville que la ville d’Arles, dont le cœur est petit et facilite la flânerie d’un lieu à l’autre, d’un concert à l’autre. Les apéros-découvertes, les siestes musicales, les salons de musique et toutes les autres occasions de rencontres.
PZ : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce nouvel opus qu’est « La Nuit » initié avec le soutien de MP2013, qui va encore enrichir cette semaine de découvertes musicales ?
MJ.J : Tout d’abord je dois vous dire que ce projet sur lequel nous travaillons depuis 2 ans est et restera un événement exceptionnel lié à MP2013. Il serait impensable de le réitérer chaque année car tant sur le plan financier que sur celui de l’organisation, c’est extrêmement lourd. Mais revenons un peu en arrière. Dès 2008, avant même que la candidature de Marseille ne soit entérinée, nous leur avions proposé, un projet de recherche sur le thème Nomadisme et deltas qui a été très bien accueilli et dès l’année suivante, nous avons démarré le projet. Donc chaque année c’était un delta différent qui était mis à l’honneur à travers sa richesse musicale et patrimoniale d’une manière générale. Nous avons donc exploré le Guadalquivir, le Danube, le Pô, le Nil et bien sûr en filigrane, le Rhône.
Mais pour revenir à 2013 et La Nuit, à un moment donné, j’ai ressenti le besoin de créer un événement plus « grand public », plus facilement compréhensible par le plus grand nombre. Il faut dire qu’il devient de plus en plus difficile de réunir tous les publics, ils sont morcelés, sectorisés : on a un public spécifique pour le Théâtre antique, un autre pour les Moments précieux, un autre encore pour l’Atelier des forges et enfin celui des scènes en ville. Donc l’envie, voyez-vous, était de réunir à nouveau tout le monde et cette idée de nuit blanche a émergé et c’est réellement passionnant à construire et, évidemment, je l’espère, passionnant à vivre.
C’est une trentaine de concerts dans seize lieux différents du cœur de la ville. Chacun pourra prendre l’expérience comme il le souhaite, soit par le temps, soit par l’espace en s’aidant des plans que l’on va proposer, soit d’un point vue artistique musical ou patrimonial. Créer sa propre déambulation et rencontrer de très belles musiques, du festif, de l’électrique, oui, mais aussi de l’intimiste, du sacré et chaque fois en harmonie avec les lieux. Cette nuit-là on n’utilisera pas le Théâtre antique, très peu la cour de l’Archevêché mais des lieux moins habituels comme : la commanderie de Sainte Luce, le Musée Réattu, les Cryptoportiques, les Thermes de Constantin. Le jardin de l’église Saint-Honorat des Alyscamps, le toit du cloître Saint-Trophime. Autant de lieux qui nous ont été « prêtés » pour l’occasion grâce au concours du service du patrimoine de la ville d’Arles.
Voilà, le concept de la nuit c’est cela. Maintenant on espère qu’il va faire beau et chaud !
PZ : Il y a 18 ans, que’est-ce qui vous amène à monter la première édition du festival ?
Est-ce que c’était inscrit en vous depuis longtemps ?
MJ.J : J’ai toujours travaillé dans le domaine de la culture; de très nombreuses années aux Rencontres internationales de la photographie puis dans la musique et dans l’édition, aussi bien en production qu’en communication. Donc tout cela m’était assez naturel.
Enfin, nous étions en 95. Michel Vauzelle, l’actuel président de la région, venait d’être élu maire d’Arles. Nous étions en juin. A l’occasion d’une discussion que nous avons eue, il m’a parlé de la Méditerranée, avec beaucoup d’intensité, de la conférence de Barcelone et il a conclu en me disant : « eh bien vous qui êtes une professionnelle de la culture, plutôt typée
« Suds », c’est peut-être le moment de faire une proposition». Il ne m’a pas parlé de projet à proprement parler, il ne m’a pas passé une commande. II m’a parlé de politique, en homme politique.
C’est quand même assez rare et exemplaire C’est pour cette raison que j’aime raconter ce point de départ.
Voilà, ça s’est passé comme ça. Ensuite, des amis que j’avais à mes côtés, qui sont toujours là aujourd’hui, d’ailleurs, ont créé une association et tout s’est structuré, organisé, avec les difficultés que vous pouvez imaginer, mais progressivement. Et j’aime bien la façon dont cela s’est épanoui et continue de s’épanouir. Ce que l’on souhaite avec l’équipe, ce n’est pas tant devenir gros que faire un Beau festival qui sache aussi rester à la mesure de la ville.
A la fin de notre entretien, j’ai demandé à Marie-José Justamond si le label les Suds faisait des émules à travers le monde – après tout, un tel concept ne peut que susciter l’envie de le dupliquer. Et bien oui ! Il y a déjà Ville des Musiques du Monde en Seine-Saint-Denis, dont le contexte n’a rien à voir avec Arles, l’antique, mais où l’on revendique une vraie filiation avec les Suds. Et puis en Asie, un festival qui fonctionne encore sur les mêmes ressorts. Sans compter les demandes nombreuses de passerelles, parrainages ou collaborations qui ne font qu’asseoir un peu plus la réputation professionnelle internationale du festival des Suds.
Propos recueillis par Pernette Zumthor
Les Suds à Arles se déroulent du 8 au 14 juillet 2013 Le site officiel
Rencontre de Manon avec la directrice des Suds, pour le lire
Bonjour à tous !
Ici Manon, la stagiaire com’ de France 3 Provence-Alpes aux côtés de Pernette !
Je suis étudiante en Info/Com à Avignon.
Quoi de mieux qu’une interview pour entrer dans le bain ? Alors pour satisfaire la curiosité de tous à propos du festival des SUDS à Arles qui se déroule du 8 au 14 juillet prochains, je suis allée à la rencontre de Marie-José Justamond qui a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à mes questions… En espérant que mes premières armes sauront vous satisfaire.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Marie-José Justamond, je suis la directrice et fondatrice du festival des SUDS à Arles.
Pourquoi avoir choisi la ville d’Arles pour les SUDS ?
C’est la cité d’Arles qui a inspiré les SUDS, carrément. J’ai fait le choix de vivre dans cette ville car j’y ai trouvé exactement ma dimension, un environnement esthétique et patrimonial qui me convient parfaitement. J’ai fait en sorte, pendant plusieurs années, de travailler dans le secteur de la culture tout en vivant dans la ville d’Arles. Et à un moment donné, les circonstances ont fait que c’était le moment de créer ce festival.
Il est souvent écrit « les SUDS à Arles », pourquoi préciser ? En existe-t-il dans d’autres villes ?
Pour l’instant il n’en existe pas à proprement parler dans d’autres villes, mais il est vrai que nous avons des collaborations qui sont des formes de partenariats. C’est aussi une façon d’identifier. Dire « les SUDS à Arles » c’est comme dire le festival de Cannes, c’est-à-dire en même temps donner une ville et une atmosphère.
Où « dénichez-vous » les artistes dits « en découverte » qui sont programmés en premières parties des concerts ?
Nos métiers sont très structurés. Nous nous fréquentons énormément d’un point de vue international. Donc je vois souvent mes collègues producteurs et autres directeurs du festival, et les artistes. Nous sommes vraiment au cœur de tout ce qu’il se passe dans les musiques du monde. Il est donc normal que j’entende parler très rapidement de beaux artistes, et à partir de là je choisis d’en faire venir certains pour les donner à découvrir au plus grand nombre au festival des SUDS. Mais ce n’est pas tellement « dénicher », ce sont vraiment des réseaux professionnels qui fonctionnent bien.
Est-ce plus souvent vous qui allez voir les artistes ou bien c’est eux qui viennent vous voir ?
Nous recevons énormément de propositions bien sûr. Et si cela ne leur est pas venu à l’idée avant, quand c’est nous qui allons les voir, nous sommes très bien reçus puisque le festival a une belle image. Il met en valeur les artistes par les lieux, par le suivi des médias, par la fréquentation professionnelle. Le plus souvent c’est eux qui nous font des propositions, nous en recevons des milliers puisque nous en recevons du monde entier. Mais il est vrai que cela m’arrive de contacter moi-même un producteur ou un artiste directement, ce qui est plus rare puisque je préfère qu’il soit déjà accompagné professionnellement, ce qui est souvent plus simple.
Comment sont ces artistes dans l’intimité ?
C’est vraiment comme dans la vie, il y a des artistes qui sont aussi différents que n’importe qui. Il y en a des supers, il y en a des merveilleux, il y en a des moins drôles. Dans l’ensemble, dans les musiques du monde il est vrai que c’est plutôt un milieu chaleureux, ouvert, curieux et généreux. On ne peut pas généraliser, je pense que c’est vraiment comme dans la vie car on a des individus très différents même si nous avons tous souvent des valeurs communes.
Quelle organisation cela demande de faire déplacer autant d’artistes ? Comment réussissez-vous à tout gérer à la fois ?
La spécificité des SUDS c’est que nous recevons beaucoup d’artistes certes, mais que nous proposons au public. Car le cœur du festival et du projet c’est le public avant d’être les artistes, c’est être médiateur entre ce public et les artistes. Et comme nous proposons beaucoup de choses au public aussi dans la journée, il y a donc une énorme logistique, et particulièrement cette année avec le projet MP13 qui est très lourd aussi. C’est un gros travail pour toute l’équipe qui grossit au fil des mois. Nous sommes cinq permanents dans l’hiver, dès le mois de Février les stagiaires commencent à arriver, ensuite ce sont les intermittents qui viennent régulièrement dans l’année et de plus en plus souvent, et pendant la semaine du festival nous sommes plus de 200. C’est compliqué à gérer, il faut accueillir du public, accueillir des artistes aussi, toute la technique, les voyages, etc. C’est très lourd.
Comment réussissez-vous à faire privatiser des grands lieux de la ville d’Arles, comme le Théâtre antique, pour pouvoir y faire des concerts ?
Ce sont des lieux municipaux gérés par la ville qui les met à notre disposition à ce moment-là, et nous avons une convention. Il y a une difficulté pour le Théâtre antique qui est quand même grand, il fait 2500 places, c’est que dans notre secteur il n’y a pas assez de têtes d’affiche susceptibles de le remplir à notre goût. Donc, chaque année c’est un challenge pour trouver ces noms-là susceptibles de remplir ces 2500 places, ou alors ce sont des associations d’artistes. Ce n’est pas simple.
Comment se remarque l’évolution du festival depuis sa création en 1996 ?
Il y a quelques années nous pouvions nous permettre de remplir le Théâtre antique sans têtes d’affiche. Le public était curieux et même avec des inconnus nous pouvions le remplir. C’est plus dur en ce moment parce que c’est la crise, parce que les gens ont moins de moyens, ils investissent plutôt dans des spectacles où il y a des artistes qu’ils connaissent déjà. Cela fait partie des choses que j’ai vu se transformer au fil des années. Il y a moins de curiosité, c’est pour cela que nous proposons aussi beaucoup de possibilités de concerts gratuits dans la journée et même en soirée, à l’occasion de la fameuse « Nuit » cette année.
Un dernier mot sur l’ambiance à Arles pendant les SUDS ?
C’est très chaleureux. Mais bon, c’est normal que je le vive comme ça, ce sont des artistes que j’aime et tous mes collègues professionnels que j’aime également, que je retrouve à ce moment-là. C’est aussi l’avis des arlésiens qui disent que la ville se transforme, qu’elle devient très sympathique, très chaleureuse à ce moment-là. On peut déambuler de place en place, de rues en rues et découvrir, au gré du cheminement, ces superbes musiques.
Les arlésiens sont donc en accord avec toute cette musique ?
Je n’ai jamais eu de plaintes à ce niveau-là, c’est plutôt de la musique harmonieuse, ce n’est pas violent du tout.
La plus grande commune de France repousse un peu plus ses frontières pour nous faire découvrir le foisonnement des Cultures des « Suds ».
Du 8 au 14 Juillet vous pourrez vous aventurer dans la cité arlésienne en vous laissant guider par les membres de l’association organisatrice du festival.
Pour la 18ème année consécutive, l’association va mettre en valeur les diversités culturelles et musicales, en vous faisant revisiter le rythme de vos journées.
Les SUDS, « experte du milieu musical », vous fera danser de jour comme de nuit…
Apéritifs découvertes, documentaires musicaux, stages sur réservations…
Côté concerts, des têtes d’affiches pour remplir les 2500 places du Théâtre antique mais des « découvertes » en première partie.
Pour les amateurs de musiques plus actuelles, les marseillais de Moussu T ainsi que des DJ’S animeront la Nuit des Forges au Parc des Ateliers.
Quinze scènes, 30 concerts, 200 musiciens, la ville classée au patrimoine mondial par l’Unesco n’a pas fini de vous faire danser !
Parmi eux, citons Rokia Traoré, Goran Bregovic, Melody Gardot, Sylvia Perez Cruz, Miguel Poveda etc.
Et si vous ne faites pas encore partie des 2500 spectateurs, pas de panique, le blog des suds propose des logements et des co-voiturages pour rendre votre excursion en Arles plus facile !