Elements de l’affiche de l’exposition 2017 du musée Courbet d’Ornans
L’équipe du musée Courbet est partie de la toute récente rénovation du tableau de Courbet « L’atelier du peintre » exposé au musée d’Orsay à Paris pour proposer une exposition autour des photographies d’ateliers d’artistes signées Vincent Knapp.
Le 10 juin 1819 dans la vallée de la Loue naissait Gustave Courbet. Pour célébrer les deux cents ans de la naissance du maître d’Ornans, le musée Gustave Courbet proposera une exposition exceptionnelle. Le célèbre peintre Yan-Pei Ming en sera l’invité : il est en train de réfléchir à des oeuvres qui dialogueront avec des tableaux de Gustave Courbet.
Des photos servent à la reconstitution de l’atelier d’Ornans
Gustave Courbet n’a jamais oublié Ornans. Parisien depuis ses 20 ans, il revenait régulièrement dans la vallée de la Loue auprès des siens. Il s’est même fait construire un atelier à Ornans.
C’était l’un des clous de la vente aux enchères organisée cet après-midi au château d’Artigny par Philippe et Aymeric Rouillac. Un petit tableau qui a une grande histoire : cette copie de L’Origine du Monde de Gustave Courbet a été longtemps attribué à René Magritte avant que le comité Magritte réfute cette paternité. Le tableau a été adjugé 8000 euros en cinq minutes lors d’une vente qui a été retransmise en direct sur le site des commissaires-priseurs. En lisant l’essai de l’érudit Thierry Savatier, son nouvel acquéreur découvrira une histoire passionnante.
Alexandre Tiercelin, Philosophe et Max Renneisen, artiste devant une de ses oeuvres à la Galerie d’art Charles Pouchon du Manoir de Mouthier Haute-Pierre
Courbet est l’ambassadeur de la vallée de la Loue. D’autres artistes pourraient bientôt eux-aussi faire rayonner ce petit bout de territoire à l’international. A Mouthier Haute-Pierre, un « centre d’art et de villégiature » ouvre samedi 13 mai. L’association Le Manoir présente sa première exposition intitulée « Bonjour Monsieur Courbet ! » autour des oeuvres de Katharina et Max Renneisen. D’autres suivront à l’issue de résidences d’artistes.
L’association « Les amis du Manoir de Mouthier-Haute-Pierre » réunis à Berlin. De droite à gauche : Alexandre Thiercelin, Philippe Perrin, Alexa Graefe, Katharina Renneisen, Max Renneisen.
Côté notoriété auprès du grand public, Gustave Courbet n’est pas spontanément cité dans le top 5 des artistes mondialement connus. Côté coeur et tradition picturale, c’est une autre histoire. Non seulement, le peintre de la vallée de la Loue est une référence pour de nombreux artistes contemporains mais il suscite aussi des vraies passions.
La saison touristique commence bien pour Ornans : la ville natale de Gustave Courbet vient de rejoindre le réseau des « 100 plus beaux détours de France » mis en place depuis 1998 par l’association du même nom avec le soutien des Guides Michelin. Dans la région, Pontarlier, Luxeuil et Saint-Claude sont déjà inscrites dans ce guide papier décliné également sur un site internet.
La Source, tableau de Gustave Courbet, peint vers 1860.
Quand vous vous retrouvez face à un tableau de Gustave Courbet, comment le regarder ? C’est la question que vous pouviez vous poser vendredi après-midi ou samedi matin avant la vente aux enchères d’un tableau du maître d’Ornans prévue à partir de 14h15 à l’hôtel des ventes de Belfort. A la suite d’une succession dans une famille jurassienne, un tableau signé Gustave Courbet a été mis en vente parmi 142 lots d’objets d’art par M°Patrick Gauthier. La peinture représente une source. Il a été adjugé 54 000 euros à un Franc-Comtois qui souhaite rester anonyme.
Difficile de se faire une idée d’un tableau à partir d’une simple photographie. Première impression, le cadrage est connu. Le peintre franc-comtois a peint de nombreuses sources, celle de la Loue et du Lison en particulier. Voici deux magnifiques tableaux : La source de la Loue du Kunsthaus de Zürich et La source du Lison du Staateliche Museum de Berlin, Nationalgalerie.
La source de la Loue de Gustave Courbet. 1863. Kunsthaus de Zürich
Souvent, il n’y a ni ciel, ni humain. Juste l’eau jaillissante de la roche. L’idéal est de pouvoir presque se coller à la toile pour regarder au plus près les touches laissées par le couteau du peintre. D’abstraite en très gros plan, l’eau devient vivante dès que l’on prend du recul. Même démarche pour la roche.
Source du Lison de Gustave Courbet. 1864. Staatliche Museum Berlin.
Gustave Courbet avait appris lui-même à comprendre un paysage karstique grâce à son ami géologue Jules Marcou. La superposition des couches de peinture est très particulière chez Courbet, à la fois profonde et aérienne. Cette composition est complètement intemporelle sans histoire particulière, seule compte la nature dans laquelle a grandi le Franc-Comtois. Voici deux des plus célèbres tableaux de Courbet représentant des sources. Ces cadrages serrés sur l’origine des rivières évoque celui voulu pour L’Origine du Monde.
Voilà pour ce qui relève du pur plaisir. L’observation d’une toile jamais vue puisqu’elle était conservée dans un intérieur d’une demeure jurassienne et ne fait pas partie des toiles issues de collections particulières régulièrement sollicitées pour des expositions. Mais qu’en est-il de sa valeur ? Le tableau, mis en vente ce samedi à Belfort date du début des années 60. Il est estimé entre 30 000 et 50 000 euros. Un prix raisonnable car le tableau a « été réentoilé, d’où quelques soulèvements » précise le commissaire priseur. On voit aussi sur la photo que des petites parties de peinture sont manquantes. Les frais de restauration sont estimés entre 3 et 6 000 euros.
Mais surtout, la question que chaque acheteur se pose est celle de l’authenticité de la toile. Avec Courbet plus qu’avec tout autre peintre puisqu’il a signé des oeuvres réalisées par ses élèves. Autre difficulté, la qualité inégale des oeuvres de notre ami Gustave. Le peintre n’était pas toujours au mieux de sa forme, il était bipolaire d’où, parfois, des tableaux plus mous que d’autres.
D’où la nécessité d’expertiser l’oeuvre. M°Patrick Gauthier s’est adressé à l’experte parisienne Elisabeth Marechaux. L’oeil ne suffit pas, il faut littéralement « tracer » le tableau, retrouver toute son histoire, ce que Courbet a pu en dire dans sa prolixe correspondance, ce que ses contemporains ont pu écrire, les catalogues de vente où il est mentionné. Une vraie enquête !
Souvent il existe un catalogue raisonné pour les oeuvres des peintres. C’est en quelque sorte une « bible » où toutes les oeuvres connues sont recensées avec leur pedigree. Pour Courbet, la référence, c’est le catalogue raisonné établi par Robert Fernier .
Le catalogue raisonné de Gustave Courbet par Robert Fernier
La Source est mentionnée en Italique. Cela veut dire que Robert Fernier l’a reconnu comme un tableau de Gustave Courbet sur photo m’explique Elisabeth Marechaux. Le tableau est donc connu, voici son parcours :
Vente à l’Hôtel Drouot, 14 décembre 1882, n°16, Maître Boulland .
Vente à l’ Hôtel Drouot 20 mai 1905, n°14, Maître Couturier
Collection Gibassier, Marseille
Collection Georges Pelletier, Marseille
Collection particulière
Par précaution, Elisabeth Marechaux a demandé une nouvelle expertise à l’Institut Courbet. Depuis que Jean-Jacques Fernier, le fils de Robert Fernier, a arrêté son activité professionnelle d’expertise, un comité de l’Institut Courbet a pris le relais. Le comité dont la composition reste secrète, s’est déjà réuni deux fois pour expertiser une quinzaine de tableaux dont La source. Cette fois-ci, ce comité a pu examiner le tableau « pour de vrai » et « une attestation d’insertion au catalogue raisonné de Gustave Courbet comme une oeuvre de Courbet » a été délivré en novembre dernier. Il a été remis à l’acheteur de la vente aux enchères de Belfort. Pour rendre son avis, le comité animé par Sébastien Fernier, petit-fils de Robert et fils de Jean-Jacques, dispose des archives de l’Institut Courbet.
Elisabeth Marechaux a été séduite par les « tonalités assez sourdes et lumineuses » de cette oeuvre de Courbet, « on a l’impression de voir la lumière arriver sur la grotte » poursuit l’expert. Ce tableau n’intéresse pas cependant le musée Courbet à Ornans, toujours à la recherche de nouvelles oeuvres pour enrichir sa collection permanente. Les critères des musées n’ont rien à voir avec ceux des particuliers. Pas question de coup de coeur, l’oeuvre doit être en très bon état, bien documentée et particulière dans la production de l’artiste. Si vous voulez voir La Source avant qu’il ne reparte chez un particulier en France ou à l’étranger, il ne vous reste plus qu’à aller à Belfort !
C’est un retour au sources. Dans les années 60, Petra Ten-Doesschate Chu est venue à Paris. La jeune historienne de l’art, originaire des Pays-Bas, travailla quelques mois d’été à la fondation Custodia. Cette institution est située à deux pas du musée d’Orsay à Paris. En 1947, Frits Lugt et son épouse Jacoba Klever, eux aussi néerlandais, ont créé cette Fondation dans le splendide hôtel particulier du XVIIIe, l’hôtel Turgot. La Fondation Custodia collectionne les oeuvres sur papier et les lettres d’artistes. Sa mission est de « servir l’histoire de l’art au sens le plus large du terme » en complétant sans cesse sa collection qui, aujourd’hui, comportent 100 000 pièces. L’une de ses spécialités sont les lettres d’artistes. La Fondation détient plusieurs lettres de Gustave Courbet et elle continue à en acquérir. « Chaque année, il y en a qui sont mises en vente. Aujourd’hui, elles valent entre 4 à 5000 euros.Au début, c’était plutôt 500 francs (76 euros) » . précise Rhéa Blok, conservateur à la fondation Custodia.
Gustave Courbet, Vue du Lac Leman, 1876. Musée d’art et d’histoire de Granville
C’est une belle histoire, une de celles que rêvent de vivre les conservateurs de musée. Une Vue du Lac Léman vient d’être attribuée à Gustave Courbet. Le tableau est signé de son nom et daté de 1876, l’année précédente de sa mort lors de son exil en Suisse.Le tableau était conservé dans les réserves d’un des musées de Granville. Il a été redécouvert par Alexandra Jalaber, conservatrice adjointe des Musées de Granville et ses collègues à l’occasion de l’organisation de l’exposition « Côté coulisses. Les tableaux retrouvent leurs couleurs » au musée d’art moderne Richard Anacréon. Bruno Mottin, conservateur en chef du patrimoine, chef de la filière peinture du C2RMF, l’a authentifié comme étant de la main du maître et non de l’un de ses élèves. Le spécialiste a observé la façon de déposer les empâtements, les similitudes avec des tableaux réalisés à la même époque et d’autres détails propre à Courbet. Un travail d’observation nécessaire car de nombreux faux Courbet existent. C’est d’ailleurs la restauration d’une Cascade signée Courbet mais finalement attribuée à Cherubino Pata qui est à l’origine de cette redécouverte.