C’est un retour au sources. Dans les années 60, Petra Ten-Doesschate Chu est venue à Paris. La jeune historienne de l’art, originaire des Pays-Bas, travailla quelques mois d’été à la fondation Custodia. Cette institution est située à deux pas du musée d’Orsay à Paris. En 1947, Frits Lugt et son épouse Jacoba Klever, eux aussi néerlandais, ont créé cette Fondation dans le splendide hôtel particulier du XVIIIe, l’hôtel Turgot. La Fondation Custodia collectionne les oeuvres sur papier et les lettres d’artistes. Sa mission est de « servir l’histoire de l’art au sens le plus large du terme » en complétant sans cesse sa collection qui, aujourd’hui, comportent 100 000 pièces. L’une de ses spécialités sont les lettres d’artistes. La Fondation détient plusieurs lettres de Gustave Courbet et elle continue à en acquérir. « Chaque année, il y en a qui sont mises en vente. Aujourd’hui, elles valent entre 4 à 5000 euros.Au début, c’était plutôt 500 francs (76 euros) » . précise Rhéa Blok, conservateur à la fondation Custodia.
Ce travail de jeunesse de Petra Chu a suscité son intérêt pour les lettres d’artistes. Les correspondances d’artistes sont des sources inépuisables de recherches pour les historiens d’art. Celle de Gustave Courbet est particulièrement riche et c’est grâce à la persévérance et au talent de Petra Chu que les spécialistes du peintre ont accès aux quelques cinq cents lettres du maître d’Ornans. Dans les années 90, l’historienne qui s’était installée aux Etats-Unis, a patiemment collecté, analysé, classé et surtout décrypté les missives de Gustave Courbet. Six années de travail intense pour un résultat extraordinaire.
Lire les lettres de Gustave Courbet, c’est lire le roman de sa vie, une existence dédiée à l’art vivant. Le style de Courbet est savoureux, ses tournures de phrases n’appartiennent qu’à lui. Au fil des pages, sa personnalité se révèle.
En janvier dernier, un colloque à l’auditorium d’Orsay a rendu hommage à cet exceptionnel travail de recherches. « J’ai écrit ma vie en un mot », La Correspondance de Courbet, 20 ans après a été organisé par les spécialistes du peintre Yves Sarfati, Thomas Schlesser et Bertrand Tillier. Pendant deux jours, historiens de l’art, philosophe, ethnologue, médecins ont donné des conférences pour « montrer en quoi ses inépuisables ressources permettent de poursuivre et d’élargir la reconsidération du « maître d’Ornans » au plus près de son incarnation ».Dans un précédent article, j’ai tenté de comprendre comment la correspondance de Courbet pouvait nous aider à mieux appréhender ses relations avec le philosophe franc-comtois Proudhon.
Un colloque dont la conférence inaugurale a été confiée à Petra Chu. La professeure d’histoire de l’art à Setton Hall University dans le New Jersey (USA) vient jsutement de publier en France 24 lettres inédites de Gustave Courbet aux éditions Les presses du réel. Avant sa participation au colloque, nous lui avions demandé de la retrouver à la Fondation Custodia. Voici son interview :
Et, voici le reportage, tourné avec Laurent Brocard, lors de ce colloque.
isabelle brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr