Paysage franc-comtois avec affleurements rocheux. Photo : Noël Jeannot
Le 10 novembre dernier, plus de 250 personnes participaient à la conférence « « Quand nos paysages disparaissent… Murs, murgers, affleurements rocheux… ». Un succès tant par la qualité des interventions que par l’affluence du public. Deux mois plus tard, un collectif d’associations et de personnes pour la défense et la préservation de ce patrimoine paysager doit être officiellement créé ce jeudi 18 janvier à la mairie d’Orchamps-Vennes. La réunion est prévue à 20 heures. Une initiative des associations à l’origine de la conférence du mois de novembre : Murs et Murgers, les Gazouillis du plateau, France Nature Environnement Doubs, le Conservatoire d’espaces naturels Franche-Comté, L’Association de Protection du Val du Drugeon.
L’objectif de ce nouveau collectif est d’agir. Les membres prévoient de réaliser un inventaire des évolutions des paysages dans le massif Jurassien, de réfléchir à l’évolution de la réglementation, d’informer, d’oeuvrer à une meilleure protection de ces paysages si caractéristiques de notre région. Sous « l’effet de l’urbanisation et d’une forme d’agriculture », les affleurements rocheux et autres éléments karstiques pourraient disparaître progressivement du massif jurassien. La récente polémique autour de l’usage du casse cailloux a été le catalyseur de cette mobilisation.
Pour ceux qui n’ont pas pu assister à cette conférence, les associations ont mis en ligne les videos des interventions toutes aussi intéressantes les unes que les autres. « Beaucoup ont dit leur souci de préservation du patrimoine, leur inquiétude par rapport à la perte de biodiversité, quand les agriculteurs, de leur côté, indiquaient les contraintes (perte de terres agricoles, mécanisation,…) qui pèsent sur leur activité » résume les assocations organisatrices.
Conférence débat à Orchamps Vennes
Une des premières actions de ce collectif pourrait être de demander à la préfete de région et à la présidente du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté de préciser où en est la concertation qui devrait s’engagée sous l’égide de la préfecture.
Cette nouvelle forme d’action pour protéger les paysages karstiques du massif jurassien prouve l’intérêt que les habitants de ce territoire ont pour défendre leur patrimoine paysager. A l’instar du collectif Loue et rivières comtoises, ce sont, une fois de plus, des citoyens, des associations qui se mobilisent face à une certaine inertie des corps constitués.
En juin 2016, Eric Vindimian rendait ses conclusions pour sauver les rivières comtoises, vulnérables justement en raison de la nature karstique des sols. Eric Vindimian est l’expert mandaté par le ministère de l’Environnement pour apporter son appui aux services de l’Etat. A l’occasion de cette 4e conférence Loue et rivières comtoises, il remettait son rapport et donnait des pistes pour agir : 22 recommandations détaillées pour faire de notre territoire de rivières karstiques, un « territoire d’excellence ».
Depuis, la date de la 5e conférence est régulièrement reportée mais le diagnostic du scientifique est toujours d’actualité. La préservation du patrimoine paysager n’est pas mentionnée en tant que telle mais lorsque la continuité écologique est préconisée, il s’agit bien de travailler dans le même sens. Idem pour la 11e recommandation : » Construire avec le CIGC, un label d’excellence environnementale qui tienne compte des mesures de préservation des eaux et de la biodiversité » autrement dit faire de la préservation de l’environnement un des piliers du futur cahier des charges du Comté. Là aussi, il peut y avoir convergence avec les objectifs du nouveau collectif.
Le Pôle Karst pourrait aussi être intéressé par la démarche du collectif. C’est un des outils mis en place à l’issue des conférences Loue et rivières comtoises, il est piloté par l’EPTB Saône Doubs. Vincent Fister, coordonnateur scientifique du Projet Pôle Karst à l’EPTB, vient tout juste de mettre en ligne un document pour faire le point sur le rôle de ce pôle. Une action résumée en trois mots : connaître, partager, accompagner.
Cerise sur le gateau : le ministère de la Transition écologique et solidaire lance en ce moment un appel à candidature pour participer au Grand Prix national du paysage. L’objectif est de « valoriser une démarche paysagère innovante à l’échelle d’un territoire ». Je n’ai pas trop bien compris ce que les lauréats gagnaient mais, en tout cas, c’est bien le signe, là aussi, de l’importance du paysage.
Dans le massif jurassien, ces « nouvelles façons de penser le territoire à partir du paysage » sont bel et bien un des enjeux des années à venir.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr
