C’est le week-end ! Prenez le temps de regarder cette video de 1973. Sophie Guillin, directrice de France 3 Franche-Comté l’a dénichée sur le site de l’INA. Elle est éloquente.
Tout est dit en 20 minutes. En 1973, des pêcheurs dont le célèbre peintre Jean Messagier crééent l’ association APEDI (association pour la protection des eaux et des ressources naturelles du bassin inférieur du Doubs) et lance une pétition contre la pollution du Doubs réunissant 3 000 signatures. A cette époque, le Doubs est à l’agonie, victime essentiellement de pollutions industrielles et de non traitement des eaux usées.
Un plan de sauvegarde du Doubs est mise en place : 180 millions de francs sur 12 ans. Des « subventions à guichet ouvert » sont proposées aux pollueurs pour qu’ils aménagent leurs installations. Et cela semble avoir porté ses fruits.
Dans ce magazine de « La France défigurée », les papeteries de Novillars et Peugeot sont présentés comme de sérieux pollueurs. De « pollueur conscient », les papeteries (elles employaient à l’époque 400 ouvriers…) sont devenues un exemple de développement durable ( malheureusement l’entreprise aujourd’hui a été récemment mise en liquidation judiciaire). Depuis 2005, des rhizosphères traitent les eaux usées, cette végétation est même devenu un refuge agréé par la Ligue de Protection des Oiseaux. Et en plein centre ville de Besançon, je vois régulièrement des pêcheurs taquiner le brochet. Enfin, le réalisateur Jean-Philippe Macchioni m’a dernièrement assuré que le Doubs avait retrouvé une bonne santé dans sa partie basse : « C’est un bonheur! »
C’est intéressant de regarder ce magazine avec le recul des années car on se prend à rêver. A se dire que l’enterrement de la Loue n’a pas encore sonné. En tout cas, la conclusion de Pierre Leherle, l’auteur de ce documentaire, est claire : sans la « pression de l’opinion publique » légitimée par les travaux des hydrobiologistes ( le fameux professeur Jean Verneaux est d’ailleurs interviewé), sans des services de l’Etat « sur la brèche », sans la prise de conscience des pollueurs, le Doubs aurait pu continuer d’agonir…
Isabelle Brunnarius